Le rachat de la petite start-up Oculus par le groupe Facebook pour 2 milliards de dollars est la nouvelle qui aura fait grand bruit cette semaine dans le milieu des gamers et de ses premiers investisseurs. Entre opposants et partisans, la polémique est lancée.
Oculus VR, c’est la petite entreprise à l’origine de l’Oculus Rift, un casque de réalité virtuelle déjà bien connu et attendu des gamers. Le projet a vu le jour grâce à Palmer Luckey, 21 ans, dirigeant de la société, mais aussi grâce au financement participatif de Kickstarter. Plus de 9 500 personnes ont investi dans la petite entreprise pour un montant total de 2,4 millions de dollars, et ce sont eux qui les premiers protestent contre ce rachat. Markus Persson, fondateur de Minecraft et investisseur dans la start-up s’en explique : « Je n’ai pas mis 10 000 dollars lors d’un premier tour de table pour créer de la valeur en faveur de Facebook ». Les propos de l’un des nombreux investisseurs dans le projet sur Kickstarter ont été également repris par The Guardian pour illustrer la colère qui gronde: « Votre vente à Facebook est une honte, cela ternit non seulement votre réputation, mais aussi l’ensemble du financement participatif. Je n’ai pas de mot pour dire à quel point je me sens trahi. »
Si ce rachat rencontre une telle levée de boucliers, c’est avant tout parce que les partisans et les fans de l’Oculus Rift étaient très attachés à l’indépendance du projet. Ce dernier a grandi grâce à de nombreux développeurs indépendants et contributifs, et dans un bel esprit de financement participatif. C’est cet esprit d’entreprise là que les opposants au rachat ont peur de voir disparaitre avec l’achat de Facebook. Pourtant, Mark Zuckerberg a assuré que l’entreprise resterait indépendante dans un premier temps, et que le développement du casque de réalité virtuelle pour les jeux vidéo resterait la priorité. Pas sûr que cet argument parvienne à convaincre les fans du projet de la première heure pour autant.
Cette vente ne rencontre cependant pas que de farouches opposants. Le site Gizmodo voit en effet des points positifs dans cette opération : « S’il y a bien une chose qui peut catapulter Oculus en termes d’adoption par les utilisateurs lambda, c’est probablement Facebook. Malgré le côté hors norme de cette acquisition, cette alliance pourrait se révéler prometteuse. Facebook détient à la fois une gigantesque base d’utilisateurs et beaucoup, beaucoup d’argent, les deux pouvaient être fort utiles pour Oculus, qui se bat pour créer un nouveau type de média, une évolution très difficile, quelle que soit la qualité du produit de départ ».
L’acquisition de la start-up pourrait en effet permettre de commercialiser l’Oculus Rift à un prix abordable et de lui trouver un large public, mais le développement du projet pour les jeux vidéo n’est clairement pas l’objectif à long terme du groupe. Mark Zuckerberg l’a d’ailleurs laissé entendre en déclarant à l’occasion du rachat que « L’entreprise se concentrera d’abord sur la distribution à grande échelle [du casque] et ensuite sur la création d’un réseau où les gens communiquent et achètent des biens virtuels. Il y aura de la publicité [(dedans] ».
Avec de tels propos, on comprend l’inquiétude des gamers, car l’Oculus Rift des gamers devrait laisser rapidement la place à un Oculus Rift en forme de réseau social, au service du géant Facebook.