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Remaniement : Les trois conditions qui peuvent rendre Pascal Lamy incontournable

Les rumeurs circulent sur l’entrée possible de Pascal Lamy au gouvernement, mais Pascal Lamy dément à chaque fois, affirmant qu’il n’est candidat à rien… sauf qu’il n’arrête pas d’y penser. Certains de ses amis disent qu’il s’y prépare. Il mobilise ses réseaux…et s’organise pour mener ce qui ressemble fort à une campagne de candidature.

 

Depuis le mois de janvier, Pascal Lamy, l’ancien directeur de L’OMC, l’Organisation mondiale du commerce, a accepté toutes les invitations à intervenir en public, il a répondu a toutes les sollicitations des journalistes, certains de ses amis se  chargent même  de les organiser. Pourquoi ? Et bien tout simplement parce que lui et ses amis estiment qu’il serait bien placé pour conduire la politique économique du Président Hollande et de gérer le virage de la modernité annoncé au début de l’année.

Le mieux placé ?

Comme quelques autres, Pascal Lamy aurait sans doute l’expertise et l’expérience pour permettre aux entreprises françaises   de retrouver de la compétitivité, de l’innovation et donc de se réinscrire dans la concurrence mondiale. La mondialisation, il connait, l’Europe et l’euro aussi, quant à l’économie de marché, il considère que c’est aujourd’hui le seul moyen de créer de la richesse et cela dans le monde entier. Donc pas question de tourner le dos à l’économie de marché, à la concurrence mondiale, mais Pascal Lamy  démontre en long et en large que l’efficacité du capitalisme est compatible avec des idées de gauche. Ce qui prouve bien qu’il est en campagne.

Et tout ce que dit Pascal Lamy depuis quinze jours dans les nombreuses interviews qu’il accorde correspond à la réalité. Sur le diagnostic, sur les réformes à engager (compétitivité à renforcer et dépenses publiques à réduire), une grande majorité des décideurs politique et économique, une majorité de l’opinion publique, sont d’accord. Il dispose donc d’une certaine crédibilité à vouloir participer à la gestion du gouvernement.

Son problème est qu’il n’a aucune légitimité politique. Il n’est pas un élu du Parti socialiste, et, jamais, les cadres du Parti le soutiendront. Plus grave encore, Pascal Lamy n’est pas homme à faire des compromis qui viendraient handicaper sa performance. Il vise les résultats et pour obtenir des résultats, il explique que François Hollande devrait aller plus vite, qu’ il devrait s’affranchir du faux soutien de l’extrême gauche et des écologistes. Ajoutons qu’il ne se prive pas pour dire que la faiblesse de ce gouvernement vient au manque de professionnalisme des cabinets et du jeu personnel de certains des ministres qui sont à contrecourant de l’évolution moderne. Arnaud Montebourg en défendant l’État colbertiste ne participe guère à consolider la France dans la mondialisation. En revanche, il sait que les Français sont frileux, inquiets. Il passe donc son temps non pas à redresser l’appareil industriel mais à rassurer les Français sachant que ça lui profitera le jour venu.

Officiellement François Hollande n’accorde donc aucun intérêt à Pascal Lamy…Quand il s’est agi de le nommer a l’Agence du développement, il a bien vu que Jean-Marc Ayrault n’était pas très chaud et que surtout Laurent Fabius était contre. Donc pas question d’agacer le cœur du parti socialiste pour remettre en selle un homme qui potentiellement pourrait faire de l’ombre aux autres. François Hollande a donc refermé le dossier. Jusqu’au jour où il pourra l’ouvrir à nouveau.

Une double campagne

A Pascal Lamy donc de se rendre intéressant et utile.  A Pascal Lamy de se rendre incontournable. D’où sa campagne de communication doublée d’une campagne de lobbying. Il fréquente donc autant les plateaux de télévision que les grands patrons d’entreprise, les hauts fonctionnaires.

Objectivement, il existe une situation et surtout une évolution de cette situation qui peuvent rendre un homme comme Pascal Lamy utile et même incontournable. François Hollande qui va remanier son gouvernement très rapidement peut avoir besoin de Pascal Lamy pour répondre à la conjugaison de trois conditions.

1ère condition, s’il estime qu’un gouvernement très politique est incapable d’appliquer le pacte de responsabilité, il peut pour un temps jouer la carte d’une équipe de techniciens managerun peu à l’image de ce qu’ avait fait Mario Monti  en Italie. Devant l’urgence, le président de la République peut utiliser des fortes personnalités de la société civile type Louis Gallois, Jean-Pierre Jouyet ou Pascal Lamy.

2ème condition, une pression intenable des marchés qui pourraient considérer que les risques sur la France sont trop importants. D’ où des taux d’intérêt insupportables. Pour calmer le jeu, François Hollande pourrait avoir besoin de personnalités crédibles auprès de la communauté financière et de nos partenaires européens.

3ème condition, une classe politique complètement dévaluée par les affaires et en risque d’être emportée par l’extrême droite et la démagogie … François Hollande n’aurait pas d’autres solutions que de répondre à une telle situation de crise par un gouvernement d’union nationale ou de professionnels de la gestion.

François hollande n’est pas protégé contre ce type d’évolution. Actuellement un homme de la trempe de Pascal Lamy ne lui est pas utile. Dans un mois, il peut lui être nécessaire. L’ancien directeur de l’Organisation mondiale du commerce a raison de penser qu’il a encore un avenir…

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