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SONDAGE Municipales – Guillaume Garot et le PS perdraient Laval

[image:1,l]Une bataille à couteaux tirés à Laval en Mayenne. 

Au 1er tour, la liste PS conduite par Jean-Christophe Boyer, et sur laquelle figure Guillaume Garot, est devancée de 5 points (40%) par la liste de la droite réunie autour de François Zocchetto (45%). AU 2nd tour, l’UMP conserve un léger avantage avec 51% contre 49% pour le candidat PS.

L’issue de ce scrutin demeure, plus que jamais, incertaine.

Les résultats du sondage CSA pour JOL Press

Décryptage de ces résultats avec Yves-Marie Cann, directeur en charge de l’opinion à l’institut CSA

JOL Press : Quels sont les principaux enseignements de ce sondage ?

Yves-Marie Cann : Concernant les enjeux du scrutin, ce qui est très intéressant dans les résultats du sondage c’est que le thème de la fiscalité locale, plus que dans les autres communes dans lesquelles nous avons mené des enquêtes au cours des dernières semaines, domine très nettement les sujets de préoccupation des habitants et écrase les autres thématiques. 50% des personnes interrogées désignent le montant des impôts locaux comme le principal sujet de préoccupation, ce qui est plus du double du score dont bénéficient les trois items suivants que sont la lutte contre la délinquance (24%), le stationnement et la circulation (24%) et le développement économique (24%).

A Laval, la fiscalité est un vrai sujet de crispation qui peut expliquer ce que l’on observe ensuite dans le rapport de force politique et dans la possibilité d’une bascule à droite de la ville à l’issue des élections municipales.

JOL Press : Jusqu’alors la victoire du PS semblait acquise à Laval. La victoire de François Zocchetto vous surprend-elle ?

Yves-Marie Cann : Lorsqu’on regarde l’historique électoral à Laval, on constate que la liste conduite par Guillaume Garot en 2008 l’avait emporté dès le 1er tour, avec un peu plus de 50% des suffrages. Ceci étant dit, la gauche était réunie – ce qui n’est pas le cas cette année – et il faut garder en mémoire que si l’on totalise, sur cette élection, les voix du centre et de la droite, on arrive à près de 47% des suffrages exprimés au 1er tour. Dans un contexte très favorable à la gauche en 2008, la droite avait réalisé un très bon score.

Dans le contexte actuel, où la gauche est en difficulté à l’échelle nationale, et avec un débat qui se cristallise autour de la question de la fiscalité, on voit bien que toute une série d’indicateurs laissent présager un scrutin à l’issue très incertaine, à l’occasion de ces élections municipales. Au 1er tour, la liste de l’union de la droite et du centre est créditée de 45% des intentions de vote et est suivie de la liste de gauche qui est créditée de 40% des intentions de vote. Cette liste conduite par Jean-Christophe Boyer pâtit en fait de la division de la gauche qui n’existait pas lors des précédentes élections municipales. La liste de Jean-Marc Bédue (Parti de Gauche – Parti ouvrier indépendant) est, en effet, crédité de 8% des intentions de vote. On peut malgré tout y voir une certaine résistance de la gauche qui ne s’effondre pas à Laval.

JOL Press : Comment s’organise le report des voix au niveau du 2nd tour ?

Yves-Marie Cann : Une fois que le Front national a été éliminé, on voit que, à ce stade de la campagne électorale, on observe un léger avantage en faveur de la liste conduite par François Zocchetto qui est créditée de 51% des intentions de vote. Je préciserais quand même, que nous sommes ici dans la marge d’erreur : ce léger avantage pour la liste de droite peut être remis en cause par une certaine partie de l’électorat qui pourrait changer d’avis le jour de l’élection. En termes de report, finalement, la droite bénéficie de sa capacité à attirer à elle une partie de l’électorat frontiste et puis, dans une moindre mesure, quelques électeurs du Parti de gauche qui apparaissent plutôt en opposition à la liste du Parti socialiste.

Au-delà des reports de voix, qui sont bien entendu déterminants, l’électorat de droite apparaît nettement plus mobilisé que l’électorat de gauche. Et ce différentiel de mobilisation donne à la liste de François Zocchetto un avantage concurrentiel certain qui peut lui permettre de faire la différence à l’occasion du 2nd tour.

JOL Press : Un FN à 6% derrière la liste du Parti de gauche, cela vous a-t-il surpris ?

Yves-Marie Cann : Quand on regarde le score du FN dans toute une série de villes, on voit qu’il apparaît en mesure de réaliser des scores importants et de franchir la barre des 10%. Mais pour une ville comme Laval, qui se situe dans les anciennes terres de la démocratie chrétienne, on n’est pas étonné de constater que le Front national n’y réalise pas ses meilleurs scores. Pour mémoire, lors de la dernière élection présidentielle, Marine Le Pen était à 10,9% à Laval au 1er tour, lorsqu’elle était à 17% à l’échelle nationale. On retrouve cette logique historique à l’occasion des prochaines municipales où, effectivement, le Front national ne paraît pas en mesure de réaliser un bon score. Par ailleurs, je pense que le candidat frontiste, Jean-Christophe Gruau, souffre d’un déficit de notoriété et d’un manque d’implantation sur le territoire.

JOL Press : Quelle est l’importance des enjeux nationaux dans cette campagne ? Guillaume Garot, ancien maire de Laval et ministre délégué à l’Agroalimentaire, est numéro 3 sur la liste socialiste…

Yves-Marie Cann : Les élections municipales restent des élections locales avant tout dans l’esprit des Français. Cependant, cela ne veut pas dire pour autant que le contexte national n’a pas d’effet sur l’élection. Je pense que le contexte national peut avoir un effet sur le niveau de mobilisation des différentes familles politiques. Une partie de l’électorat de gauche, qui est déçue ou mécontente de la politique menée par le gouvernement, pourrait décider de ne pas se déplacer dans les bureaux de vote dimanche, ce qui pénaliserait mécaniquement les listes de gauche.

Et l’effet inverse peut se produire dans l’électorat de droite qui peut voir dans ces élections municipales les premières élections depuis la présidentielle et les législatives de 2012 et une occasion d’avoir sa revanche sur la gauche suite aux précédentes défaites. Un sursaut de mobilisation de l’électorat de droite peut, en effet, être attendu.

Propos recueillis par Marine Tertrais pour JOL Press

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Carte d’identité : Laval

Chef-lieu du département de la Mayenne dans la région des Pays de la Loire, Laval, ville moyenne de 50 000 habitants, alterne entre droite et gauche depuis de nombreuses années. Le maire sortant et président de Laval Agglomération, Jean-Christophe Boyer se présente pour la première fois, il a, en effet, succédé à Guillaume Garot en juillet 2012, après que ce dernier a été nommé ministre délégué à l’Agroalimentaire. Maire de Laval de 2008 à 2012 avant d’entrer au gouvernement, Guillaume Garot est cependant numéro 3 sur la liste socialiste. Face au maire sortant, François Zocchetto (tête de liste regroupant l’UDI, l’UMP, le MoDem, le MPF et DLR), Jean-Marc Bédue (Parti de Gauche – Parti ouvrier indépendant), Martine Amelin (Lutte ouvrière) et Jean-Christophe Gruau (Front national).

Selon l’Insee, le taux de chômage serait de 12,20% et le taux de criminalité de 4,22%. Laval est endetté à hauteur de 1512 euros par habitants ce qui fait de la fiscalité locale un véritable enjeu de campagne. 

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