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Vente des actifs publics en Grèce: «une braderie du pays»

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JOL Press : Comment expliquer l’accélération de la vente des biens publics ?
 

Panagiotis Grigoriou : C’est une nouvelle pression de la troïka. Ce n’est pas un phénomène nouveau, mais ces ventes ou location à durée prolongée s’accélèrent. C’est aussi un processus qui s’inscrit dans le texte signé de l’accord de prêt octroyé à la Grèce depuis 2010. C’est une logique qui fait primer les intérêts des créanciers vis-à-vis des intérêts publics. Les biens concernent cette fois-ci 19 bâtiments qui entourent l’Acropole, dans le centre historique d’Athènes.

JOL Press : Qui sont les investisseurs qui s’intéressent aux actifs grecs ?
 

Panagiotis Grigoriou : Nous sommes très mal informés en Grèce sur l’identité de ces investisseurs. Nous savons par exemple récemment qu’un armateur grec veut acquérir le site de l’ancien aéroport d’Athènes, près de la mer dans les quartiers sud. Ces biens publics sont vendus à bas prix, c’est une braderie du pays ! Mais il est important de préciser qu’il n’y a pas de précipitation pour acquérir tel ou tel bien.  Pour parler du fond du problème, sans positionnement politique ou philosophique, nous savons que la dette grecque depuis la politique actuelle, depuis 2008, sous la pression de la troïka a fait augmenter la dette.

JOL Press : Quel est l’organisme qui organise la vente et la privatisation des biens publics ?
 

Panagiotis Grigoriou : C’est un organisme qui s’appelle TAIPED, pour « Hellenic Republic Asset Development Fund » : il s’agit d’une sorte de caisse qui contrôle la vente et la privatisation des biens publics.  Depuis la troïka, il était question de déplacer le siège de cet organisme en dehors de la Grèce, mais le gouvernement a refusé.

JOL Press : Comment les Grecs réagissent à la vente de leur patrimoine national ?
 

Panagiotis Grigoriou : Ici, nous sommes tellement accablés par notre survie, qu’il n’y a pas de réaction massive face à l’accélération des actifs publics, même si cela provoque une très forte indignation au sein de la population. Aujourd’hui, nous rencontrons des problèmes quotidiens de toute autre nature. Le pays a été transformé de manière violente….La Grèce compte officiellement 30% de chômage, un taux qui atteint les 65% chez les jeunes. J’ai par exemple un ami journaliste qui n’a pas été payé depuis sept mois, et qui n’a plus de quoi manger. Il a poursuivi son journal en justice ; les frais de justice ont été offerts par une partie de ses collègues et son avocat. Un de mes cousins s’est également  suicidé il y a deux mois : il était  commerçant et a perdu 85% de sa clientèle. Tout est devenu sombre…C’est notre quotidien aujourd’hui en Grèce.  Lorsqu’on ne sait pas comment l’on nourrira sa famille le mois prochain, la vente des biens publics, ne passe pas inaperçue, mais devient quelque chose de secondaire.

JOL Press : En 2010, des députés allemands ont invité la Grèce à vendre des îles pour rembourser ses dettes. Qu’en est-il aujourd’hui ?

 

Panagiotis Grigoriou : Il existe des programmes de collaboration entre l’Allemagne et la Grèce au niveau local. Il y a un ministre allemand délégué aux affaires grecques Hans-Joachim Fuchtel, ce qui et leur permet de faire des accords à leur guise, sans référer à personne. Cet accord a été signé en 2010 par entre le Geórgios Andréas Papandréou  et Angela Merkel à l’époque et n’a jamais été ratifié depuis  par le gouvernement.

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