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Xi Jinping en France: une visite sous le signe de la coopération économique

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Après s’être rendu aux Pays-Bas où il a notamment assisté au sommet sur la sécurité nucléaire à La Haye, le chef du gouvernement chinois Xi Jinping, à la tête de la République populaire de Chine depuis tout juste un an, est en France pour une visite d’État de trois jours.

Un déplacement qui signe le cinquantenaire de l’établissement des relations diplomatiques entre les deux pays, mais qui est surtout l’occasion de renforcer la coopération économique avec l’Hexagone.

50 ans de relations diplomatiques

Accompagné de son ministre du Commerce Gao Hucheng et de 200 hommes d’affaires, le président chinois s’est d’abord rendu à Lyon mardi 25 mars, ville qui développe depuis un siècle des relations importantes avec la Chine, notamment dans le milieu universitaire.

Il est attendu ce mercredi à Paris où il doit rencontrer le chef de l’État français avec qui il tiendra une conférence de presse commune à l’Élysée, après avoir été reçu en grande pompe aux Invalides et s’être entretenu en privé avec François Hollande.

Jeudi, les deux pays commémoreront le cinquantenaire des relations franco-chinoises, établies en 1964 par le Général de Gaulle qui, après avoir déclaré qu’« avant d’être communiste, la Chine est la Chine », avait ouvert la voie aux relations diplomatiques entre les deux pays. Si la visite du président chinois est en effet l’occasion de célébrer cet évènement, elle permet avant tout à la France et à la Chine de conclure un certain nombre de juteux contrats et de raviver leurs relations économiques.

La Chine entre dans le capital de Peugeot Citroën

L’un des temps forts de cette rencontre est en effet la signature solennelle, mercredi, du partenariat stratégique bilatéral qui valide l’entrée du constructeur automobile chinois Dongfeng au capital de PSA Peugeot Citröen, le numéro un français de l’automobile.

« Dongfeng entre au capital de PSA dans un contexte de baisse des ventes en Europe mais aussi de stratégie de développement sur le marché chinois », analysait pour JOL Press Alice Ekman, chercheur en charge de la Chine à l’Institut français des relations internationales (Ifri), lors de l’annonce de cette nouvelle entrée dans le capital de PSA.

« En investissant dans des marques étrangères, certains groupes chinois espèrent renforcer leur position sur le marché national. Les groupes français ont quant à eux besoin de capitaux et de partenaires locaux pour leur développement en Chine », expliquait-elle.

Réussir à s’exporter dans la deuxième économie mondiale

Deuxième moment-clé de la visite de Xi Jinping : le Forum économique franco-chinois organisé jeudi par le ministère de l’Economie et le Medef, qui doit réunir 400 entreprises des deux pays sur le thème : « Célébrons nos réussites, construisons l’avenir ». Technologies, aéronautique, énergie… Une cinquantaine de contrats doivent être signés à cette occasion.

« C’est un rendez-vous très important. Nous voulons rééquilibrer notre relation commerciale avec la Chine après une baisse de 2 % de nos échanges en 2013 pour la première fois depuis cinq ans », a déclaré Nicole Bricq, ministre du Commerce extérieur. Si aujourd’hui la Chine est le deuxième fournisseur de la France, cette dernière n’arrive qu’à la dix-neuvième place dans la liste des fournisseurs de la Chine.

Il s’agit donc pour la France de parvenir à attirer la Chine tout en réussissant à s’exporter dans la deuxième économie mondiale: « le problème qui se pose dans l’asymétrie des relations entre la France et la Chine n’est pas tellement que la France importe trop en provenance de la Chine, mais n’exporte pas assez vers la Chine », explique à JOL Press l’économiste spécialiste de la Chine Françoise Nicolas.

Attirer les investisseurs

Pour cela, la France doit redorer son image, notamment en termes de bureaucratie et de règlementations sociales. Mais aussi prendre peut-être plus de risques : « la France a fait plusieurs erreurs dans ses relations avec la Chine, qui ne sont pas uniquement d’ordre politique mais également commerciales : les entreprises françaises ont toujours été assez frileuses pour aller en Chine, elles connaissent peu le marché chinois, et le problème de la langue se pose toujours », expliquait Jacques Van Minden, président du Cercle Franco-Chinois, à JOL Press. « Aujourd’hui, ce n’est pas la France mais bien les Allemands et les Italiens qui ont pris la tête de l’Europe sur le marché chinois ».

« Il faudrait que la France fasse comprendre qu’elle possède quand même des atouts technologiques et des domaines d’excellence. De ce point de vue-là, la visite de Xi Jinping dans la région Rhône-Alpes est bien vue, c’est une région dynamique, où l’industrie est bien développée, avec des secteurs d’excellence, notamment la chimie », explique encore léconomiste Françoise Nicolas, qui insiste par ailleurs sur la nécéssité, pour la France, de mieux connaître le marché chinois. 

« Pour être en mesure de mieux appréhender le marché chinois, ce qui peut faciliter les choses, ce sont justement des accords entre entreprises et des rapprochements », estime-t-elle. « Il est beaucoup plus facile pour une entreprise française de pénétrer le marché chinois s’il y a un accord ou un partenariat avec une entreprise chinoise ».

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