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Ali Benflis: un combat pour la transparence

Des scandales. Voilà de quoi est entachée l’ère Bouteflika. L’affaire Sonatrach I et II qui défraie régulièrement la chronique depuis 2010 en est un exemple flamboyant.  Le ministre de l’Énergie, Chakib Khelil et de nombreux hauts cadres de la compagnie pétrolière Sonatrach en touchant des pots-de-vin de compagnies étrangères étaient en effet impliqués dans une vaste affaire de corruption. La justice un peu molle n’a pas encore jugé les vrais responsables. En cette période d’élection présidentielle, c’est le signe de l’urgence d’un renouveau national. Au nom de la renaissance algérienne, Ali Benflis, l’adversaire le plus sérieux de Bouteflika, a fait de la transparence dans la gestion des affaires du pays un enjeu essentiel de son programme.

La corruption, un instrument du pouvoir

La récente étude de Transparency international révèle que l’Algérie n’est pas un modèle d’intégrité politique. En lui attribuant la très mauvaise note de 36 sur 100, elle la place parmi les pays les plus corrompus au monde. « L’index 2013 de Transparency international pour l’Algérie est le résultat non seulement de l’absence de volonté politique à lutter contre la corruption, mais plus grave encore, il confirme que la corruption – petite et grande, dans notre pays- est un instrument du pouvoir, et de pouvoir, pour se maintenir en place quel qu’en soit le prix, tout en favorisant une totale impunité pour les puissants et en écrasant tout contre-pouvoir au sein de la société » a déclaré Djilali Hadjadj, le porte-parole de l’Association de lutte contre la corruption (AACC).

De 2006 à 2009, la justice algérienne a dû traiter 2691 affaires de détournements de fonds, de fausses factures et de commissions occultes. Un douanier qui s’était d’ailleurs engagé dans une lutte contre la corruption en 2013 a été menacé puis limogé. Alors, on peut s’interroger. Quel citoyen algérien le simulacre de l’élection présidentielle trompera-t-il ? La population est offusquée de voir un homme âgé de 77 ans  ne parvenant à faire deux phrases qu’avec la plus grande difficulté, briguer un quatrième mandat. La  mascarade mise en scène par l’entourage de Bouteflika ne feindra personne et Ali Benflis, son principal adversaire à la présidentielle 2014, le dénonce.

Une nécessaire politique de transparence

Ali Benflis a consécutivement été ministre de la Justice, premier ministre, chef du Front de la libération nationale (FLN) et directeur de campagne du président Bouteflika, en homme de loi, il est le candidat le mieux placé pour pointer du doigt les failles du système politique et juridique algérien. 

C’est justement un des propos de son programme pour le renouveau national. Benflis mène un combat de taille pour instituer un État de droit. Le système doit être assaini et cela passe par une nécessaire transparence politique et la création d’une justice indépendante et efficace. L’objectif à terme ? L’établissement d’une cohésion nationale, d’une équité sociale et d’un système libertaire. En restaurant la crédibilité de l’État, il dit vouloir reconstruire la confiance sociale et garantir l’impartialité des institutions. Et si la transparence de ces institutions est essentielle au bon fonctionnement de l’État, il affirme que les citoyens ont le droit fondamental d’avoir accès à une information « transparente, fiable et crédible ». Au nom de la liberté d’expression, le droit à l’information suppose la transparence dans la gouvernance de l’État et la gestion des affaires publiques ainsi que l’égalité de tous les citoyens dans l’accès à l’information.

Alors, pour Benflis « seule l’éradication de la fraude et de la corruption peut redresser définitivement le pays »,  et dans son combat pour la démocratie, il s’interroge «  comment peut-on accepter qu’un peuple, qui a vaincu le colonialisme, soit réduit au statut de mineur et qu’une poignée de personnes usurpe sa souveraineté ?» C’est la citoyenneté algérienne qui sera invitée à répondre à cette question en allant voter le 17 avril prochain. Encore faut-il qu’elle réalise que l’avènement de sa liberté sera concrétisé par le glissement du bulletin de vote dans la fente de l’urne.

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