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Bicentenaire: les Adieux de Napoléon, un moment crucial de l’Histoire

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JOL Press : Quel est le contexte historique rappelé lors de ces commémorations ?
 

Thierry Lentz : Elles fêtent le bicentenaire des Adieux de Fontainebleau, qui correspondent à une vingtaine de jours passés par Napoléon à Fontainebleau, qui y réfléchissait à une porte de sortie après la défaite de 1814.

Son séjour s’y est déroulé en trois phases, que l’on retrouve dans ces commémorations. La première, d’ordre politique se tenait jusqu’au 6 avril, jour de l’abdication de l’Empereur. La seconde est plus diplomatique, puisqu’elle correspond à la formalisation de cette abdication, par le Traité de Fontainebleau signé le 11 avril 1814 en présence des ministres d’Autriche, de Russie et de Prusse. Enfin, la phase ultime correspond aux Adieux de Fontainebleau, commémorés le 20 avril. Des jours durant, Napoléo hésite à mettre fin à ses jours. Finalement,  juste avant de partir en exile à l’île d’Elbe, il prononce un dernier discours à sa vieille garde impériale, dans la cour du château.

JOL Press : D’où venait l’amour de Napoléon pour Fontainebleau ?
 

Thierry Lentz : Napoléon a eu, au moment où il est devenu empereur, dans sa vie civile et dans ses attributions de chef de l’État, un grand nombre de palais. Au final, 47 demeures lui sont ainsi revenues, ce qui fait de lui le souverain ayant eu le plus de possessions immobilières. Les Tuleries, Saint-Cloud, Compiègne et Fontainebleau étaient les principaux.

Napoléon a invité à plusieurs reprises sa cour à Fontainebleau, en y organisant des événements festifs prestigieux. Il a fait rénover entièrement le château : l’appelait « la maison des siècles » en raison de l’étalonnage de sa construction.

En dépit de son attachement réel pour cette résidence, c’est par pragmatisme qu’il s’y réfugie en avril 1814. Étant non loin du château lorsqu’il apprend la capitulation de Paris le 30 mars 1814, il s’y replie logiquement.

Il y repassera d’ailleurs une ultime fois le matin du 20 mars 1815, soit quelques kilomètres avant la fin de sa remontée vers Paris. Cependant, il n’y reste pas longtemps : une fois arrivé au château, il apprend que Louis XVIII s’est enfui de Paris ! Il décide donc de s’y rendre immédiatement et ne s’éternise pas à Fontainebleau.

JOL Press : Quand Napoléon prononce ses adieux à sa garde et part en exil, sait-il qu’il va revenir et reprendre le pouvoir un an plus tard ?
 

Thierry Lentz : Je pense qu’il n’a pas, à ce moment-là, l’intention de revenir. Il ne sait pas encore quelle sera la durée de son exil. Il est épuisé, démoralisé, (il a essayé de se suicider dans la nuit du 12 au 13 avril)… Pour lui, ce départ en exil sonne les glas de son Empire. D’autant plus qu’au moment où il traverse la Provence, il est agressé par des partisans royalistes et échappe de peu à un véritable lynchage.

Ce n’est qu’à l’île d’Elbe, et face aux menaces qui pesaient sur sa femme et son fils (alors aux mains des Autrichiens), qu’il reprend petit à petit le dessus.

JOL Press : On ressent parfois une sorte de fascination pour cette tranche de l’Histoire de France. Est-elle « grand public » ou s’adresse-t-elle plutôt à un public d’historiophiles avertis ?
 

Thierry Lentz : C’est évidemment une histoire populaire, qui s’adresse à tous types de publics. Les commémorations organisées à Fontainebleau – au même titre que d’autres – en sont une preuve tangible.  

Propos recueillis par Romain de Lacoste pour JOL Press

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Thierry Lentz est un historien spécialiste du Premier Empire, et directeur  de la Fondation Napoléon. Il a écrit de nombreux ouvrages, dont 100 questions sur Napoléon (La Boétie, 2013) et Les Vingt jours de Fontainebleau (Perrin, 2014)

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