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Dans mes oreilles… Philippe Katerine et ses grosses couilles

C’est avec des mots d’amour et de désir que l’on a envie de parler de ce nouvel album de Philippe Katerine, Magnum. Car on en est convaincus : Katerine est bien plus qu’un amuseur public, un bouffon coloré et rigolo. Prédicateur de joie, le chanteur de « La Banane » nous invite en douze titres à embarquer sur une croisière enchantée dont il est le magnifique capitaine de bord.

 A Télérama, qui qualifiait violemment l’artiste d’« usurpateur », ou pire d’« entubeur à vide », on aimerait répondre un sourire narquois. Oui, Philippe Katerine chante le vide de nos existences, mais il le sublime, et le comble de sa semence multicolore. Il fredonne ses paroles comme l’on éjacule (« Le Trouvère de Verdi »), sans brutalité et avec un plaisir liquide dans lequel on plonge volontiers. Magnum est en fait l’histoire assez banale d’un homme insolemment épanoui, qui se complaît dans l’autosatisfaction mais nous en fait profiter aussi. Katerine nous dit que le sexe est solaire, et le soleil sexuel – et même si la chose n’est pas très intelligible, on a envie de le croire.

Alors oui, on s’enfonce avec lui dans des deltas ensoleillés, sur les berges desquels on imagine des naïades endormies. L’album s’ouvre d’ailleurs avec le son du clapotis des vagues (« Delta ») – et on rêverait de pouvoir passer des grains de sable au tamis de nos doigts. Le panorama idyllique que nous dresse Katerine est seulement assombri lorsque surgit de sa voix un prophétisme morbide : sur le titre « Stripteaseuses », il répète ainsi plusieurs fois « Il est trop tard pour avoir peur »… Interrogation grave qui rappelle celles que l’artiste a pu formulées dans le passé (comme sur « Où je vais la nuit », sublime composition présente sur l’album Huitième Ciel).

Mais la fête reprend rapidement, une communion vibrante orchestrée par les productions géniales de SebastiAn, et emplie d’une brillance disco-funk beaucoup trop agréable. C’est un appel au jouir-ensemble et une ode à l’infini du désir. Et que les fans ne s’inquiètent pas : Katerine n’a décidément rien perdu de son humour grinçant. Sur « Les Dictateurs », il nous dit que ceux-ci « étaient tous de très beaux bébés » (après vérification, la chose n’est pas si évidente ; jugez par vous-mêmes). « Efféminé » lui permet de flatter exagérément ses « grosses couilles », comme un pied-de-nez à ceux qui s’inquiètent d’une « féminisation de la société française » (bonjour Zemmour).

« Surtout ne soyez pas vous-mêmes », nous conseille le maître de la dérision. Il ne reste plus qu’a danser, car la saison du sexy cool a déjà commencé.

  LHT.

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