Alors que la population urbaine ne cesse d’augmenter d’année en année, les enjeux énergétiques qui nous entourent ont changé. Aujourd’hui, plus de la moitié de la population mondiale vit en ville. En France, c’est près de 70 % de la population qui est citadine. Après des années d’évolutions afin de parvenir à produire assez d’énergie pour supporter la consommation, l’heure est désormais à l’équilibrage entre l’offre et la demande.
La croissance démographique des villes et l’industrialisation croissante de ce début de siècle ont en effet complètement modifié les normes de consommations de notre société et les pics de consommation et pannes se multiplient.
La nécessité d’équilibrer production et consommation
L’effacement de consommation s’adresse principalement aux industriels et leur donne la possibilité de moduler leur consommation électrique afin de soulager le réseau et de lui permettre d’être en permanence équilibré entre production et consommation. Pour Maxime Dauby, directeur général de la société Smart Grid Energy, candidat à un appel d’offres en Bretagne, l’effacement de consommation est clairement un des leviers de la transition énergétique.
Avec l’aide d’un agrégateur, une entreprise peut décider de ne pas consommer d’électricité pendant une certaine durée, ou de reporter cette consommation afin de l’optimiser. Cela permet de mieux maîtriser la consommation pour les gestionnaires de réseaux en période de pics de consommation, mais également de réduire les émissions de dioxyde de carbone. Dans la pratique, l’agrégateur propose à l’industriel une période d’effacement de consommation propice aussi bien pour l’entreprise que pour le gestionnaire de réseau. Si l’industriel l’accepte, le gestionnaire pourra soulager son réseau et l’industriel se verra rétribuer. La Bretagne est sans doute la région de France la plus emblématique de ce déséquilibre entre la production et la consommation.
En hiver, celle-ci ne produit que 10 % de ce qu’elle consomme. Une forme de déficit alarmant qui se généralise petit à petit au reste de la France. Les pouvoirs publics l’ont compris et ont décidé de prendre en main cette nouvelle problématique en commençant par la région la plus touchée. En 2010, un pacte électrique breton a été mis en place et des solutions innovantes sont en ce moment à l’étude par le biais d’appels d’offres. La réponse la plus adéquate a été trouvée : l’effacement de consommation électrique.
La Bretagne : fer de lance de l’effacement énergétique en France ?
Depuis l’hiver 2012/2013, RTE, filiale d’EDF qui gère le réseau public de transport d’électricité français, mène plusieurs expériences d’effacement énergétique en Bretagne. Les particuliers, les collectivités locales et plus particulièrement les entreprises sont au centre de ces essais. En pratique, ces derniers se traduisent par une sorte de signal d’alarme émis par RTE lors de période de forte consommation à destination des différentes cibles de l’expérience. Celles-ci décident ensuite, ou non, de tenter un effacement de consommation électrique afin de soulager le réseau.
Pour les particuliers, il suffit d’éteindre la totalité ou une partie de ses appareils électriques. Du côté des entreprises, les choses sont plus compliquées et des agrégateurs sont nécessaires afin de les aider à prendre en compte les différentes problématiques qui les caractérisent. Cinq agrégateurs ont été sélectionnés par l’appel d’offres de RTE : Smart Grid Energy, E.ON France, Energy Pool, Dalkia et Actility. Ils doivent tous être capables, n’importe quand durant l’hiver, d’effacer environ 70 MW de puissance dès que RTE le juge nécessaire.
Un des objectifs principaux de ces expérimentations est le test de nouveaux modes opératoires qui pourraient ensuite être généralisés à l’ensemble de la France. Les essais mis en place durant l’hiver 2012/2013 ont bien fonctionné et permettent de penser à l’instauration d’un système d’effacement de consommation électrique efficace à l’échelle nationale. Un deuxième volet d’une expérience qui pourrait bien faire l’économie de demain en matière d’énergie. Une révolution que nous devons selon Maxime Dauby aux nouvelles technologies. Les technologies d’aujourd’hui nous permettent d’envisager un développement assez fort de l’effacement de consommation, précise-t-il avant d’évoquer le principal allié de sa société : le smart grid, ou réseau électrique intelligent.
Capables notamment d’analyser les habitudes de consommation de tout un chacun et de transmettre ses conclusions en temps réel aux agrégateurs ou aux gestionnaires de réseaux, les smart grids permettent aujourd’hui de percevoir des perspectives incroyables pour le secteur. Dans quelques années, le compteur intelligent Linky sera dans des millions de foyers et il sera alors possible d’imaginer des solutions d’effacement de consommation efficace à l’échelle de millions de particuliers.
Déséquilibre entre offre et demande, évolution du mix énergétique, pics de consommation, pannes de réseaux… Le marché électrique français doit aujourd’hui répondre aux nouvelles problématiques qui s’imposent à lui et les nouvelles technologies ne seront pas étrangères à cette révolution énergétique.