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Hervé Morin: «Notre système est incapable de produire de la richesse»

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Michel Sapin, a présenté, mercredi 23 avril, en conseil des ministres le programme de stabilité pour 2014-2017 (Crédits: shutterstock.com)

« Ce contre-pacte, c’est non seulement une contribution à l’état d’urgence dans lequel se situe le pays, mais c’est aussi un référentiel qui déterminera notre appréciation sur le plan de Manuel Valls », a expliqué le député Hervé Morin, au siège de l’UDI dans le XVe, mardi 22 avril. Il revient pour JOL Press, sur l’ensemble des mesures que propose son parti pour « déverrouiller le système ». Entretien.

JOL Press : Pourquoi avoir lancé un « un contre-pacte » de responsabilité ? Le gouvernement ne va pas assez loin selon vous ?

Hervé Morin : Ce n’est pas exactement ce que nous disons. Nous avons présenté un plan qui n’est pas simplement une réduction des dépenses publiques, nous avons présenté un big-bang en matière économique qui aborde un grand nombre de domaines. Nous abordons la question de la réduction des dépenses publiques, le temps de travail, la flexibilité du marché du travail, l’investissement et la création de richesses.

Nous considérons qu’il faut remettre les choses dans l’ordre, sortir d’un système qui est totalement à bout de souffle. On a tellement plombé l’économie que nous ne sommes plus capables de produire de la croissance alors qu’on a un potentiel absolument considérable. Nos créations de richesses ne pouvant plus financer notre modèle social, la misère et la pauvreté se développent. Le système est arrivé au bout de son chemin et nous essayons donc de donner un nouveau cap à notre économie.

JOL Press : Quelles sont, selon vous, les priorités ?

Hervé Morin : Il y a tout d’abord la réforme de notre système qui, comme je vous le disais, est arrivé à un tel niveau d’absurdité qu’il est incapable de produire de la richesse et d’éviter la progression de la misère. Nous sommes, par ailleurs, dans une période très particulière de l’humanité puisque nous sommes en train de changer de monde. Nous devons changer de logiciel.

Et à partir de là, de quoi avons-nous besoin dans une économie ouverte ? Nous avons besoin de reprendre les quatre ou cinq politiques majeures qui sont, pour nous, au cœur des handicaps de la France. Nous avons un coût du travail trop élevé puisque les statistiques de la zone euro démontrent que nous avons un coût du travail 15% supérieur au coût du travail européen. C’est pour cette raison que nous sommes favorables au rétablissement des 39 heures, qui représente un chèque de compétitivité de 30 milliards. Dans le même temps, nous préconisons une réduction des cotisations sociales salariales qui permettent de donner un treizième mois au salarié, jusqu’à 1500 euros.

Nous souhaitons aussi réduire les cotisations sociales patronales de 30 milliards environ et on augmente le taux normal de la TVA. En parallèle on réduit la TVA sur les produits de première nécessité mais aussi le taux intermédiaire afin de redonner du pouvoir d’achat aux Français. Nous préconisons un contrat de travail unique pour donner de la souplesse au marché du travail et des politiques fiscales qui favorisent l’investissement, c’est pourquoi nous proposons d’installer « un taux plancher » de l’impôt sur les sociétés à 15%.

JOL Press : L’UDI propose un plan de réduction de 80 milliards d’euros. Sur quoi faut-il faire des économies ?

Hervé Morin : Cette réduction est la résultante de l’ensemble des politiques que nous menons avec nos trois axes forts : la réorganisation des collectivités locales, l’accélération du retour à l’équilibre du régime des retraites, avec une retraite universelle et la continuation des réformes concernant l’Etat (suppression du prêt à taux zéro, réduire le patrimoine immobilier de l’Etat, réduire le nombre de parlementaires, ou encore supprimer le Conseil économique et social).

JOL Press : Qu’est ce qui, selon vous, handicape le plus la France aujourd’hui ?

Hervé Morin : C’est un tout : un système éducatif, qui comme un immense gruyère a d’immenses trous, un système de formation qui ne s’adapte pas et qui ne s’adresse pas à ceux qui en ont le plus besoin, un niveau de dépenses publiques excessif, des prélèvements obligatoires excessifs, un temps de travail inférieur à la moyenne européenne et, en un mot, tout ce qui nous a conduit au chômage de masse.

Propos recueillis par Marine Tertrais pour JOL Press

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