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La sonde Cassini découvre un océan dans l’espace

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JOLPress: Comment se sont déroulées les recherches ?
 

Nicolas Altobelli En 2005, nous avons fait la découverte de sortes de geysers et d’éruptions cryovolcaniques dans le sud d’Encelade. Cela a motivé une redéfinition de la trajectoire de la mission, de sorte à pouvoir passer au plus près pour pouvoir observer. Après deux passages à 100 km au pôle sud et nord, l’expérience de radioscience a permis de mesurer précisément la gravité de la lune, et donner des contraintes sur la distribution de masse à l’intérieur de celle-ci.

Nous avons mesuré l’effet Doppler, et les variations minuscules de l’ordre de quelques millimètres par secondes de la vitesse de la sonde ont traduit une hétérogénéité de la distribution de masse à l’intérieur de la Lune.

JOLPress: Qu’est-ce que cela signifie concrètement ?
 

Nicolas Altobelli : Nous avions découvert que la plupart des modèles de cryovolcans nécessitaient de l’eau liquide. Grâce à un instrument qui permet de mesurer la composition chimique des microparticules émises par ces geysers de glace, nous avons détecté de la poussière de glace qui contenait du sel. C’était un indice important qui indiquait qu’il y avait une phase liquide avec des minéraux.

Plus simplement, nous savions par la densité globale de cette lune qu’elle était faite de glace d’eau, avec très probablement un noyau rocheux. Mais nous nous sommes  aperçu, grâce aux données de l’expérience de radioscience, qu’il devait y avoir une étendue de masse plus dense au pôle sud. A partir des modèles de composition, nous avons conclu qu’il n’y avait que de l’eau sous forme liquide pour pouvoir expédier ces données.

JOLPress: Comment expliquer la formation d’un océan sur Encelade ?
 

Nicolas Altobelli : L’orbite d’Encelade est très légèrement excentrique. Tout comme la Lune entraîne des marées sur Terre, il y a des marées solides sur la croûte glacée autour d’Encelade. Les frictions de la glace dues à celles-ci génèrent de la chaleur suffisante pour la faire fondre à l’intérieur de la lune.

JOLPress: Cela veut dire que cet océan peut abriter une forme de vie ?
 

Nicolas Altobelli : Personne n’en sait rien à ce stade. Mais ce qui est intéressant, c’est de trouver de l’eau liquide dans le système solaire à un endroit où nous ne nous y attendions pas.Saturne est 10 fois plus éloigné du Soleil que la Terre. Ce qui signifie qu’elle reçoit 100 fois moins de lumière, donc il ne peut pas y avoir d’eau liquide à sa surface.Dans la mesure où la vie telle qu’on la connaît a besoin d’eau comme solvant et d’une source d’énergie, Encelade remplie ces conditions.

JOLPress: Quelles vont être les prochaines étapes des recherches ?
 

Nicolas Altobelli : Cassini va rester dans le système saturnien jusqu’en 2017. D’autres passages d’Encelade sont prévus. Nous allons passer à nouveau dans les geysers du pôle sud, pour étudier plus précisément la composition du gaz et des particules de glace.

Cassini va aussi s’intéresser aux anneaux, à l’atmosphère et à la magnétosphère de Saturne. Sans oublier Titan bien sûr.

En 2021 ou 2022, l’ESA va lancer la mission JUICE (JUpiter ICe moons Explorer), qui va étudier les lunes de glace de Jupiter. Parce que comme vous le voyez, malgré le fait que ces planètes sont trop loin du soleil, leurs lunes de glace ont le potentiel de pouvoir héberger de l’eau liquide.

Propos recueillis par Benjamin Morette

 

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