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Le Japon interdit de chasse à la baleine dans l’Antarctique

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Bien que la chasse commerciale à la baleine soit interdite officiellement depuis 1986 par la Commission Baleinière Internationale (CBI), le Japon est depuis longtemps suspecté par plusieurs pays, notamment l’Australie, de continuer en déguisant ses activités par des recherches scientifiques.

Le projet japonais JARPA II permettait notamment de délivrer des permis de chasse, officiellement afin de pouvoir mieux étudier les habitudes des cétacés. Saisie en 2010, la CIJ a rendu un jugement sans appel : « Le Japon doit révoquer tout permis, autorisation ou licence déjà délivrés dans le cadre de JARPA II et s’abstenir d’accorder tout nouveau permis au titre de ce programme. »

Permis de tuer au nom de la science

Pour l’Australie et plusieurs associations, comme le Fonds international pour la protection des animaux (IFAW), c’est une grande victoire au bout d’une longue bataille. Interrogé par Le Monde, Patrick Ramage, directeur du programme Baleine du IFAW, explique que « c’est la première fois que le sujet de la chasse à la baleine […] est amené devant cette cour. Et cette procédure inédite se solde par une victoire pour la biodiversité ».

Pour mieux comprendre la question, il faut revenir en 1946. A l’époque, une convention internationale est signée afin de réglementer la chasse à la baleine. 11 articles la composent, mais c’est le numéro VIII qui est intéressant. Il permet au Japon, mais aussi à la Norvège et l’Islande, de continuer à chasser la baleine presque en toute impunité.

Et ce grâce à une dérogation qui autorise chaque gouvernement signataire de la convention à « accorder à l’un de ses nationaux un permis spécial l’autorisant à tuer, capturer et traiter des baleines en vue de recherches scientifiques, sous réserve de telles restrictions, quant au nombre, et de telles autres conditions que le Gouvernement contractant jugera utile de prescrire […] ».

Seulement interdit dans l’Antarctique

En somme, le gouvernement nippon peut délivrer à loisir et sans contrôle des permis de chasse à la baleine aux citoyens japonais, et il est le seul à faire autorité en matière de restrictions sur les espèces chassées. En 1986, lorsque le moratoire sur l’interdiction de la chasse à la baleine entre en vigueur, seul l’article VIII de la convention de 1946 est conservé. Dès lors, le Japon a pu continuer son activité de chasse commerciale en prétextant étudier les baleines.

Ce qui agace Patrick Ramage, toujours dans Le Monde, c’est l’aberration de cette exploitation commerciale : « Après la Seconde Guerre mondiale, le Japon avait besoin de la chasse à la baleine pour nourrir sa population. Mais ce n’est plus le cas aujourd’hui. A tel point que, depuis quelques années, l’essentiel des stocks de viande de baleine ne trouvent plus preneurs. » Selon l’Institut nippon de recherche sur les cétacés, 75 % des stocks de chair de cétacés n’ont pas été vendus en 2011.

Cette décision de la CIJ fera date pour ceux qui luttent contre cette chasse, comme pour ceux qui la pratiquent. L’Australie estime que le Japon a tué environ 10 000 baleines entre 1987 et 2009, et une grande partie l’ont été dans l’océan Antarctique. Néanmoins, le gouvernement nippon a d’autres programmes comme JARPA II. Et ils l’autorisent toujours à délivrer des permis de chasse dans le Pacifique Nord sans aucun contrôle extérieur. 

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