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Les dossiers chauds sur lesquels sera jugé Manuel Valls

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« Cher Manuel, une nouvelle étape commence », a adressé Jean-Marc Ayrault à Manuel Valls lors de la passation de pouvoir. « Le président de la République a décidé de vous nommer Premier ministre. C’est une tache éprouvante, exigeante, de tous les instants, mais exaltante (…) je vous souhaite bon courage, je souhaite bonne chance à la France ». Et c’est, en effet, une tâche difficile qui attend le nouveau chef du gouvernement. Que devra-t-il affronter de plus difficile ?

 L’hostilité d’une partie de son propre camp

Si Manuel Valls est très contesté au sein de la classe politique, ses principaux adversaires semblent venir de sa propre famille politique. « Le choix de Manuel Valls est assez surprenant, compte tenu de l’analyse que l’on peut faire du scrutin et de l’indéniable besoin de gauche qui s’est exprimé à l’occasion de cette élection », a réagi Emmanuel Maurel, figure de l’aile gauche du PS.

« C’est plus que surprenant de prendre celui qui est le plus à droite au PS, qui n’a fait que 5% dans le débat interne, qui était contre les 35 heures, qui était pour la TVA sociale, comme réponse au fait que le peuple de gauche ait contesté la politique libérale de François Hollande », a estimé Marie-Noëlle Lienemann, sénatrice socialiste appartenant elle aussi à l’aile gauche du PS.

La déclaration de politique générale

Les députés Front de gauche voteront contre la confiance au nouveau gouvernement du fait de la « dérive libérale » de François Hollande, a affirmé leur chef de file André Chassaigne. « Je n’accorde pas une grande importance au choix du premier ministre. L’important n’est pas dans le casting, l’important c’est la déclaration politique du Président » lundi soir, a-t-il déclaré. « L’orientation politique n’est pas franchement nouvelle, c’est la continuité d’une dérive libérale », a-t-il ajouté.

Lundi 31 avril, François Hollande a, en effet, assuré une « constance dans le cap » mais a promis « les inflexions nécessaires pour y arriver ». Il est donc certain que Manuel Valls n’aura pas d’autre choix que de se conformer aux volontés du président.

Le pacte de responsabilité

Toujours selon les propos du chef de l’Etat, Manuel Valls aura pour mission de « redonner de la force aux entreprises ». Il disposera pleinement pour cela du Pacte de responsabilité. « Il est prêt », a-t-il assuré. En « contrepartie d’embauches », il doit permettre de « produire plus, produire mieux, produire en France et produire différemment » à travers la mise en place pleine et entière de la « transition énergétique ».

Mais déjà les voix se font entendre et Manuel Valls peut craindre de ne pas être soutenu par une large majorité à l’Assemblée. Le pacte de responsabilité est « invotable en l’état » et « ne sera pas voté par la majorité », a déclaré lundi Jean-Vincent Placé. « Je dis stop au pacte de responsabilité », a ajouté le chef de file des sénateurs écologistes sur RMC. « Les 50 milliards d’économies, on va faire quoi comme économies ? Sur les prestations sociales ? Sur les politiques culturelles ? Sur les politiques sociales ? Attaquons les vrais sujets », a estimé le sénateur de l’Essonne.

Les élections européennes

Et Manuel Valls ne devra pas tarder puisqu’une nouvelle échéance électorale risque de mettre à l’épreuve son gouvernement fraîchement nommé. Lors de ce scrutin, 24% des Français voteraient pour l’UMP aux élections européennes, 22% pour le FN et 19% pour le PS, selon un sondage Ipsos/Steria réalisé à la veille du second tour des municipales. Derrière, Europe Ecologie-Les Verts est crédité de 10% et le MoDem-UDI de 8%. Si le Parti socialiste devait, à nouveau, subir un violent revers aux allures de 21 avril, la popularité de Manuel Valls pourrait être très sérieusement entachée.

Les lettres de cadrage

Manuel Valls sera aussi attendu à l’occasion de l’envoi des lettres de cadrage budgétaires aux différents membres du gouvernement. En mars 2013, Jean-Marc Ayrault, avait demandé aux ministères d’ « identifier au total 5 milliards d’euros d’économies nouvelles en 2014 ». La contestation de Delphine Batho, à cette occasion, avait entraîné son éviction du gouvernement. L’ancienne ministre de l’Écologie avait par la suite accusé lors d’une conférence de presse le gouvernement d’avoir cédé à « certaines forces économiques », liées notamment au gaz de schiste et au nucléaire, qui « voulaient sa tête ». Ces lettres de cadrage seront, pour Manuel Valls, une occasion d’affirmer son autorité.

Les élections sénatoriales

En septembre, enfin, auront lieu les élections sénatoriales pour renouveler la moitié des sièges, soit 178. Et le risque est grand pour les socialistes de voir le Sénat basculer à droite. « Si on reprend les chiffres du ministère de l’Intérieur, la gauche a perdu 155 villes de plus de 9000 habitants, ce qui fait énormément d’électeurs de droite pour les sénatoriales », expliquait, lundi 31 mars, Jean-Louis Prévost, sur JOL Press. Là encore la défaite sera difficile à assumer…

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