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Marion Larat: «La pilule contraceptive n’est pas un produit miracle»

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JOL Press: Racontez-nous comment votre calvaire a débuté ?
 

Marion Larat : Tout a été très rapide. C’était en 2006, j’attendais mes résultats de concours d’école de commerce. J’étais chez moi, dans la salle de bain. Je me suis regardée dans la glace, puis une demi-seconde après j’étais à terre, incapable de bouger ni de sortir un mot. Par chance, mes parents se trouvaient dans la maison. Sans réponse de ma part, ils se sont alertés et m’ont découvert une demi-heure après allongée sur le sol. Ils ont immédiatement appelé les pompiers et, là, le calvaire a commencé…

JOL Press: Quelles sont les séquelles qu’a laissé votre AVC aujourd’hui ?
 

Marion Larat : Huit ans, neuf opérations, et des mois mois de réeducation plus tard, je suis encore hémiplégique: j’ai la main droite et le bras paralysés, et je boîte. Aujourd’hui, je peux à nouveau parler, mais parfois je m’exprime mal. Je souffre également d’aphasie écrite, ce qui signifie que j’éprouve des difficultés à écrire. Je ne peux plus bricoler ou faire d’autres activités manuelles…Je n’ai pas non plus pu faire d’études poussées, en raison de cette aphasie trop forte.

JOL Press: Après votre AVC, les médecins ont-ils immédiatement fait le lien avec la pilule de 3ème génération ?
 

Marion Larat : Non, comme je ne fumais pas, que je ne me droguais pas et que j’étais sportive, les médecins ont affirmé que l’AVC était lié à un problème de cœur. Quatre ans après, mes règles étaient comme des hémorragies à cause des anticoagulants que je prenais. J’ai alors demandé à ma nouvelle gynécologue de me donner la pilule pour réduire les règles. Mais au vu de mon dossier médical, elle a préféré demandé l’avis d’un hématologue qui m’a appelé pour me dire, à mon grand étonnement, que mon AVC était dû à ma pilule, en raison d’une anomalie de la coagulation.

JOL Press : Vous n’aviez jamais été avertie des risques que comportait la pilule contraceptive ?
 

Marion Larat : Non, ma gynécologue de l’époque m’avait prescrit une pilule minidosée en me disant combien elle était formidable car il y avait moins d’effets secondaires et qu’elle allait me faire une belle peau en faisant disparaître les boutons…alors que je venais au départ pour un moyen de contraception, et non directement pour la prescription d’une pilule de troisième génération.

JOL Press : Que pensez-vous de la responsabilité des gynécologues concernant la prescription des pilules de 3e et 4e génération ?
 

Marion Larat : Au début, je voulais porter plainte contre tout le monde ! Mon avocat m’a tout de suite calmée en me disant qu’il fallait commencer doucement. Je pense que les gynécologues médiatiques sont complètement influencés par les laboratoires. J’ose le dire : c’est un système mafieux. Les lobbys pharmaceutiques versent des sommes d’argent astronomiques et sont par conséquent écoutés par tous les gynécologues, tels des gourous. C’est triste à dire, mais je pense que certains gynécologues ont la responsabilité de la mort de patients.

JOL Press : En alertant les médias et l’opinion, vous avez permis de faire éclater ce scandale sanitaire. Des centaines  d’autres femmes ont ensuite partagé leur témoignage de thrombose, de phlébite ou d’embolie pulmonaire liées à la pilule…Vous êtes-vous attirée les foudres des associations féministes ?
 

Marion Larat : Je tiens à dire et redire que je ne suis pas du tout contre la contraception. J’ai un copain, nous avons une vie sexuelle. Pour beaucoup de féministes, la pilule était à l’époque une révolution et considèrent aujourd’hui que la question de la contraception est réglée. Les féministes des années 70 n’ont qu’à partir en vacances ! Je n’ai eu aucun retour d’associations féministes depuis mon accident, ni du planning familial. C’est dur, je me suis sentie seule dans ce combat.

Lors du forum de Marie Claire, un gynécologue, qui est également médecin légiste a dit que la pilule causait la mort de 400 femmes par an… La pilule tue et personne ne le dit ! On associe la contraception à la pilule, alors qu’il y a d’autres options : le stérilet en cuivre coûte par exemple quatre fois moins cher que la pilule. Il faut que les jeunes filles soient conscientes des dangers que comportent les pilules de 3e et 4e génération, et pèsent le pour et le contre de tous les moyens de contraception qui existent. Si elles remarquent des douleurs lors de la prise de pilule.  Malheureusement, je n’ai pas eu de symptômes d’AVC – trouble de la vision, migraines, etc –  je suis tombée comme ça…

JOL Press : Vous avez porté plainte pour « atteinte involontaire à l’intégrité de la personne humaine »  contre le laboratoire allemand Bayer et contre l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM). Où en est la procédure ?
 

Marion Larat : Au niveau du civil, cela semble s’être enclenché. Je pense qu’il y a eu une prise de conscience importante sur ce sujet : beaucoup de gens m’ont suivie en changeant de contraception et ont compris que la pilule n’était pas un produit miracle et qu’il fallait faire preuve de vigilance. Tant pis pour les laboratoires fabricants de pilule, qui ont dû faire face à une baisse des ventes des pilules de 3e et 4e génération, qui ont récolté que ce qu’ils méritaient.

JOL Press: Vous avez reçu le prix de « Femme de l’année » (RTL/Marie-Claire/France 2). Comment comptez-vous poursuivre votre combat ?
 

Marion Larat : Je travaille depuis deux ans sur un projet et cela prend enfin forme, puisque je viens de fonder l’association « Mikado » pour la confection de bas de contention modernes et customisés. Aujourd’hui, j’ai la chance d’être vivante, alors que d’autres non que leurs yeux pour pleurer : je continuerai à me battre tant que les victimes ne seront pas indemnisées et que les responsables qui brassent des millions et qui jouent avec la vie des gens ne seront pas condamnés.

Propos recueillis par Louise Michel D. pour JOL Press

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Marion Larat est l’auteure du livre « La pilule est amère » aux Editions Stock.

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