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«Noé», dans la longue et triomphante lignée des films bibliques?

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Impatients ou méfiants, les cinéphiles sont partagés à quelques jours de la sortie en France du blockbuster biblique de l’année. Réalisé par l’Américain Darren Aronofsky, il a divisé nombre de communautés chrétiennes aux États-Unis, ne leur arrachant ni leur soutien ni leur veto. Spectaculaire, inégal, trop éloigné du récit biblique… Les commentaires entendus jusqu’ici ne permettent guère de s’en faire une idée.

Déjà, avant lui, d’autres essuyèrent critiques et louanges avant de se faire une place dans le cœur des cinéphiles, et surtout de l’exigeant public chrétien.

> Samson et Dalila (1949) – Cecil B. DeMille

Avec Victor Mature et Hedy Lamarr

L’histoire : Samson, doté d’une force titanesque, se bat pour l’indépendance de la Tribu de Dan. L’un des douze clans d’Israël est alors sous la domination des Philistins. Le héros tient son pouvoir de Dieu, qui lui a octroyé ce don caché sous la longueur de ses cheveux. Dalila, sollicitée par les Philistins, s’emploie à séduire Samson et profite de son sommeil pour lui couper les cheveux, annihilant sa force divine.

L’avis : Cecil B. DeMille lance la mode du cinéma biblique, qui connait son heure de gloire entre 1950 et 1960. Auréolée de deux Oscars (meilleurs décors et meilleurs costumes), l’œuvre a bénéficié d’un large succès populaire en son temps.

>La Tunique (1953) – Henry Koster

Avec Richard Burton, Jean Simmons et Victor Mature

L’histoire : Adaptée d’un roman, elle gravite autour de la mort de Jésus-Christ. Un tribun romain, Marcellus, gagne aux dés la tunique que portait le Christ durant son chemin de croix. Cette acquisition le tourmente et le pousse à s’interroger sur le bien-fondé de l’exécution de Jésus.

L’avis : Sans surprise, la performance impressionnante du tumultueux Richard Burton donne une épaisseur poignante au film. Six fois nommé aux Oscars du cinéma, le long métrage en glane trois (direction artistique, meilleurs décors, meilleurs costumes) et remporte le Golden Globe du meilleur film. Seul bémol, il se démarque un peu trop de l’Histoire romaine. Des erreurs trop légères toutefois pour dénaturer le récit.

>Les Dix Commandements (1956) – Cecil B. DeMille

Avec Charlton Heston, Yul Brynner, Anne Baxter, Edward G. Robinson et Yvonne De Carlo

L’histoire : Moïse est un enfant sauvé des eaux, survivant de l’infanticide géant ordonné par le Pharaon d’Égypte à l’encontre des nouveaux nés juifs. Élevé à la cour de Sethi 1er, il enjoint ensuite Ramsès II à laisser partir le peuple juif, réduit en esclavage. Après les innombrables refus de celui-ci sanctionnés des dix « plaies », Moïse finit par guider son peuple vers la Terre promise et recevoir des mains de Dieu les Tables de la loi.

L’avis : Un monument du cinéma. Porté par un Charlton Heston romanesque, au charisme héroïque, il contient l’une des scènes les plus inoubliables du cinéma avec le passage de la Mer Rouge. Yul Brynner, en Pharaon entêté et orgueilleux, impose son regard de fer pour livrer une des prestations les plus brillantes de sa carrière.

Sept fois nommé aux Oscars, la fresque biblique ne décroche « que » celui des meilleurs effets spéciaux.

>Salomon et la Reine de Saba (1959) – King Vidor

Avec Yul Brynner, Gina Lollobrigida et George Sanders

L’histoire : Fils du puissant roi David, Salomon devient monarque à son tour. Sage et pacifique, il règne avec justice sur un territoire prospère. Jaloux, l’ambitieux Pharaon Siamon cherche à l’anéantir. Salomon doit aussi faire face à son frère, éconduit du trône, qui cherche à l’évincer pour récupérer ce qu’il pense être son dû légitime.

Complice des Égyptiens, la très belle reine de Saba est alors missionnée pour séduire Salomon et le fragiliser

L’avis : Remplaçant au pied levé Tyrone Power, victime d’une crise cardiaque, Yul Brynner incarne parfaitement la figure légendaire du Roi aux jugements limpides. Gina Lollobrigida complète à merveille cette distribution, où elle campe une reine de Saba tour à tour séductrice, manipulatrice, imposante souveraine ou amoureuse assagie. Un film que le temps ne parvient pas à démoder.

>Ben-Hur (1959) – William Wyler

Avec Charlton Heston, Jack Hawkins, Stephen Boyd et Haya Harareet

L’histoire : Prince de Judée, Judas Ben-Hur est envoyé dans les galères, trahi par son ami d’enfance Messala, qui fait aussi emprisonner sa famille. Doté d’une indestructible soif de liberté, Ben-Hur parvient à revenir se venger.

L’avis : Tout simplement l’un des plus beaux films de l’Histoire. Record du nombre d’Oscars remportés (11 prix, rejoint plus tard par Titanic et Le Seigneur des anneaux : Le Retour du Roi), il est une consécration pour l’acteur américain Charlton Heston. Contenant de vrais trésors cinématographiques, le souffle épique qui l’anime se traduit par des scènes d’une grande intensité, comme celle de la course de chars.

S’il n’est pas une œuvre biblique à proprement parler, il renferme de nombreuses références et allégories aux récits de l’Ancien et du Nouveau Testaments, à commencer par un chemin de croix de quelques minutes et une émouvante scène de compassion. Une fiction à voir absolument.

>La Passion du Christ (2004) – Mel Gibson

Avec Jim Caviezel, Maia Morgenstern et Monica Bellucci

L’histoire : Les douze dernières heures de la vie de Jésus-Christ, de ses prières au Jardin des Oliviers jusqu’à la Résurrection.

L’avis : Un film poignant et éprouvant psychologiquement. D’une violence très crue, la réalisation est néanmoins brillante par ses paradoxes et les leviers d’émotion qu’elle tend aux spectateurs. Porté par un Jim Caviezel transcendantal, l’incroyable Maïa Morgenstern et une Monica Bellucci vibrante et dramatique, le récit ne s’essouffle jamais et livre une œuvre à double tranchant : une catharsis superbement menée, mais qui heurte un peu trop les sens.

Les controverses autour de la violence et de l’antisémitisme supposé du film ne sont pas étrangères à la personnalité de Mel Gibson lui-même. Il peut cependant s’appuyer sur un large succès populaire et même critique, et compter sur un soutien de taille, à savoir celui du Vatican et des catholiques.

>Le Fils de Dieu (2014) – Christopher Spencer

Avec Diogo Morgado, Roma Downey et Amber Rose Revah

L’histoire : Un homme qui se fait appeler le fils de Dieu prêche dans le désert, multipliant les miracles, et irritant au plus haut point les dirigeants de Jérusalem. Par ses mots et ses actions, Jésus suscite l’admiration de ses apôtres et de fidèles. Son enseignement de la parole de Dieu ne fait pas que des heureux et de peur de perdre leur influence, les Pharisiens demandent au gouverneur romain de Judée, Ponce Pilate, de le crucifier. Ce dernier offre plutôt le choix au peuple de décider du sort de Jésus.

L’avis : Correspondant aux derniers épisodes de la série à succès La Bible, il surfe sur le succès de celle-ci et réalise un démarrage intéressant aux États-Unis. D’une simplicité reposante, il s’appuie également sur une bande originale magnifique.

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