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Pilule contraceptive: «J’ai le sentiment d’avoir été trahie»

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Dans son livre La pilule est amère, Marion Larat, victime d’un AVC massif suite à la prise de la pilule contraceptive Méliane, livre son témoignage/ Photo DR Shutterstock 

En juin 2006, Marion Larat, une jeune fille vive et brillante, s’effondre chez ses parents, victime d’un AVC massif dont elle réchappe. S’ensuivent neuf opérations et des mois de rééducation pour récupérer la marche et l’usage de la parole. Elle apprend à vivre avec son handicap, mais ne peut reprendre une scolarité normale ; dès lors, s’engage une lutte pour s’insérer dans le monde du travail.

Quatre ans plus tard, elle découvre que la pilule est responsable de son AVC. Pourquoi aucun médecin n’a-t-il identifié plus tôt le lien finalement avéré entre cette tragédie et la prise de la pilule ? Pourquoi sa gynécologue ne l’a pas informée des risques d’accidents graves causés par la pilule, deux fois plus fréquents avec celles de troisième et quatrième générations ?

Décidée à lancer l’alerte, elle dépose plainte pour atteinte involontaire à l’intégrité de la personne humaine. Immédiatement, les témoignages et les accusations affluent, incitant la ministre de la Santé à prendre des décisions. 

Avec ce livre, auquel collabore sa sœur Pauline, Marion Larat veut que désormais toutes les femmes soient informées des risques inhérents à la pilule du quotidien. Elle nous offre une formidable leçon de vie, de courage et de dignité.

Extraits de La pilule est amère de Marion Larat (Editions Stock)

Je suis abasourdie. En février 2006, j’ai consulté une gynécologue pour prendre un moyen de contraception. Je n’ai pas spécifiquement demandé la pilule. Elle m’a prescrit une pilule de troisième génération, c’est- à- dire une des plus dangereuses. Je n’y connaissais rien, je lui ai fait confiance.

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Je suis en colère. Contre mon ancienne gynécologue, qui n’a pas pris de mes nouvelles une seule fois en quatre ans et qui, quand papa l’informe que la pilule est responsable de mon AVC, rétorque qu’elle a suivi le protocole. Contre mon ex- petit ami : pourquoi est- ce toujours à la fille de se protéger des risques de grossesse ? Contre maman, qui ne me dit que maintenant que, pendant le peu de temps durant lequel elle a pris la pilule, elle ne se sentait pas bien. Bien évidemment, elle n’a toutefois jamais soupçonné les conséquences potentiellement dramatiques de ce genre de produits.

À force de recherches, nous découvrons les effets dévastateurs de ces pilules de troisième et quatrième générations. Le constat est sans appel : d’après les statistiques, elles entraînent plus de complications que les pilules de première et deuxième générations, sans aucun bénéfice en contrepartie. Depuis 1995, elles sont signalées comme plus dangereuses, en particulier au Royaume- Uni, où les femmes ont été largement informées. Mais tout est une question de marketing.

J’ai le sentiment d’avoir été trahie. Trahie par le système français, qui préconise la prise de la pilule dès l’âge de 12 ans, en plus du préservatif. On ne nous donne aucune information sur les autres moyens de contraception. Contraception = pilule. Et moi, comme une gentille petite fille, j’ai suivi leur conseil, leur ordre, même.

Dès lors, papa passe son temps sur internet à dénicher des informations sur la pilule. Il découvre ainsi l’AVEP (avep- asso.org), une association que Pierre Markarian, papa d’une jeune fille décédée d’une embolie pulmonaire à cause de la pilule, a créée. C’est un choc. La pilule a vraiment tué. Sa fille s’est rendue dans un planning familial sans en informer ses parents pour prendre la pilule. Elle a commencé à ressentir des essoufflements, sans que personne ne réalise vraiment ce qu’elle avait. Théodora, c’est son nom, s’est écroulée un matin, à la sortie d’un bus scolaire. Contrairement à moi, qui ai subi un AVC massif, Théodora aurait pu, aurait dû être sauvée si, au moment où on lui a prescrit la pilule, elle avait été informée des risques graves et des signes avant- coureurs, quand il y en a, d’une embolie pulmonaire. Papa et maman témoignent sur le site et s’engagent auprès de l’association.

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Victime d’un AVC en 2006, dû à la pilule de 3e génération Méliane, Marion Larat est l’auteure du livre La pilule est amère aux Editions Stock. C’est grâce à son combat que le scandale sanitaire des pilules de 3e et 4e génération a éclaté en 2012.

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