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Sida: «Il faut encore accentuer la prévention»

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JOL Press: Selon une étude de l’Institut national de veille sanitaire (InVS) les « découvertes de séropositivité » en 2012 sont en « forte augmentation » chez les homosexuels. Comment expliquer cette augmentation ?
 

Marc Dixneuf : Cette augmentation s’explique par un fort recours au dépistage chez les homosexuels et par les dispositifs beaucoup plus proactifs de dépistage mis en œuvre en 2010/2011, les TROD, les tests rapides. Ces offres de dépistage permettent à des acteurs de prévention formé au dépistage de se déplacer vers les groupes exposés. Ainsi, en plus du fort recours au dépistage chez les gays, ces offres permettent d’expliquer l’augmentation des découvertes d’infection au VIH. On peut mesurer si l’infection au VIH est plus ou moins récente : on constate que chez les gays, ce sont eux qui se dépistent le plus tôt par rapport au moment où ils ont été contaminés.

JOL Press : Les données de l’InVS apportent-elles un éclairage sur les comportements individuels des homosexuels ?
 

Marc Dixneuf : Non, ces données ne nous permettent pas de donner des éléments sur les comportements individuels. En revanche, d’autres enquêtes montrent que les relations sexuellement non protégées chez les gays sont assez fréquentes. Chez les plus jeunes, il y a une moindre crainte de l’infection au VIh du fait de la disposition des traitements très efficaces. La crainte qui existait autrefois est moins présente aujourd’hui. Il existe également un autre facteur : l’utilisation du préservatif tout au long de sa vie sexuelle n’est pas si facile, il y a donc des moments de relâchement. Il y a ensuite une plus ou moins grande proximité avec les stratégies de prévention, comme l’a récemment soulignée une enquête européenne sur les comportements sexuels des gays. Plus vous êtes dans un environnement où l’homosexualité est condamnée, moins vous vous protégez. Il existe donc un lien direct entre le bien être au quotidien et la capacité à se protéger. Cette violence sociale contre les gays est donc opposée à la prévention…

JOL Press : Quelles sont les pistes les plus encourageantes qui existent aujourd’hui pour endiguer le Sida ?
 

Marc Dixneuf : Il faut encore accentuer la prévention, avec un socle préventif avec des messages clairs qui concernent toute la population, c’est ce que rappelle le rapport d’expert de septembre 2013. Deuxième marche : le dépistage. Il faut offrir le dépistage sous ses formes les plus diverses au plus près des personnes les plus exposées. Deux groupes sont particulièrement concernés par l’infection au VIH : les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH) et les migrants d’Afrique sub-saharienne. Nous devons renforcer les politiques déjà en œuvre vers ces populations. La troisième étape concerne l’utilisation du traitement pour permettre aux personnes infectées de vivre avec le VIH et qui qui permet de diminuer la présence du virus dans l’organisme : cela a donc un effet préventif.

JOL Press : L’association « Sidaction » célèbre ses 20 ans cette année. Un acteur décisif dans la lutte contre le VIH/SIDA aujourd’hui ?
 

Marc Dixneuf : Sidaction est donneur de fonds sur les trois fronts : en France et à l’international, en matière de prévention, dépistage, et prise en charge des personnes malades, et puis dans la recherche. Ainsi, nous finançons des programmes de chercheurs qui vont évaluer la pertinence de notre stratégie de dépistage et qui vont nous permettent ensuite de définir le type de programme qu’on souhaite que des associations mettent en œuvre sur la base des données de la recherche. Cette combinaison historique d’alliance entre des chercheurs, des médecins et des acteurs de terrain est efficace.

Propos recueillis par Louise Michel D. pour JOL Press

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