Le 21 avril 1944, le droit de vote était finalement accordé aux Françaises, par le Comité français de la Libération nationale. Ce mercredi 16 avril, une cérémonie commémorera le 70e anniversaire de cet événement à l’Hôtel de Ville de Paris, en présence de François Hollande. L’occasion de revenir sur le combat mené par les suffragettes depuis le milieu du XIXe siècle.
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Le premier pays à avoir accordé, de façon complète et définitive, le droit de vote aux femmes est la Nouvelle-Zélande, en 1893, neuf ans avant l’Australie. Il faut attendre le début du XXe siècle pour voir cette mesure s’étendre peu à peu dans le monde, notamment dans le nord de l’Europe : Finlande (1906), Norvège (1913), Danemark et Islande (1915). La Russie soviétique l’autorise en 1918, tout comme l’Allemagne, l’Autriche, l’Estonie, la Hongrie, la Lettonie, la Pologne…
Au Royaume-Uni, à partir de 1866, un mouvement réclame le droit de vote des femmes à travers des pétitions. En 1903, les militantes se radicalisent avec la création de la Women’s Social and Political Union. Les suffragettes optent alors pour des formes d’action parfois violentes et illégales (incendies volontaires, bris de vitres…). En 1918, le Parlement autorise les femmes de plus de 30 ans à voter. En 1928, elles peuvent se rendre aux urnes à 21 ans, comme les hommes.
Conductrices de tramways
Aux Etats-Unis, en 1919, le Sénat approuve le 19e amendement, qui donne le droit de vote aux femmes (il entre en vigueur un an plus tard). Cette décision est le résultat d’un combat féministe entamé, comme au Royaume-Uni, au milieu du XIXe siècle. A l’aube du XXe siècle, plusieurs Etats américains acceptent le suffrage des femmes, de façon plus ou moins restreinte : le Wyoming en 1969, le Colorado en 1893, l’Utah en 1896…
Soutenu par le président Woodrow Wilson, le projet est rejeté deux fois par le Congrès avant d’être adopté. Elément important, au Royaume-Uni et aux Etats-Unis, le véritable élan est donné par la Première Guerre mondiale, durant laquelle les femmes obtiennent de nouvelles responsabilités (chef de famille) et exercent de nouveaux métiers (conductrices de tramways, munitionnettes…).
En France, sous la Révolution, les femmes sont classées (comme les enfants, les étrangers et ceux qui ne peuvent pas payer le cens électoral) dans la catégorie des citoyens « passifs ». Malgré une brève légalisation du vote des femmes pendant la Commune de Paris, il faut attendre le 21 avril 1944 pour que ce droit leur soit accordé de manière durable par le Comité français de la Libération nationale.
Qatar, Bahreïn, Oman
La faute à un chassé-croisé stérile au Parlement : entre 1919 et 1944, l’Assemblée nationale propose d’autoriser le droit de votes des femmes à plusieurs reprises, mais la mesure est constamment bloquée par le Sénat. Le parti radical, qui domine la Chambre haute, rechigne à appuyer le projet. Anti-catholiques et très attachés à la laïcité, les radicaux sont persuadés que le vote des femmes sera influencé par l’Eglise et favorisera des candidats de droite.
En Afrique du Sud, le droit de vote des femmes n’est effectif qu’en 1994, lorsqu’il est étendu aux Noires (il concernait les Blanches depuis 1930, et les métisses depuis 1983). Au Moyen-Orient, le Qatar, le Bahreïn, Oman, le Koweït et les Emirats arabes unis franchissent le cap dans les années 2000. En Arabie saoudite, les femmes pourront se rendre aux urnes et se présenter aux élections municipales de 2015 – le seul scrutin qui existe dans ce royaume ultraconservateur.
A noter que « vote des femmes » ne rime pas forcément avec « éligibilité des femmes » : la Nouvelle-Zélande, pionnière en matière de vote, n’autorise ses citoyennes à être candidates qu’en 1919. Aux Pays-Bas, elles sont éligibles depuis 1917 mais ne peuvent voter que depuis 1919.