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À Sofia avec Ivaylo Dinev, leader des manifestations étudiantes

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« Nous sommes les enfants de la transition post-communisme, mais nous sommes contre cette transition là ! », m’explique Ivaylo Dinev, étudiant en anthropologie à l’Université de Sofia, à la table d’un café dans le centre de la capitale. Egalement Rédacteur en chef, à JAM Balkan Magazine, le jeune homme de 25 ans s’est fait connaître l’automne dernier, en devenant l’une des figures de proue de la contestation étudiante en Bulgarie.

« L’université de Sofia, notre capitale étudiante de la République ! »

Opposés au gouvernement de Plamen Orecharski, mais également à toute la classe politique bulgare, les étudiants ont rejoint, en octobre 2013, le mouvement de protestation entamé quelques mois plutôt, au moment de la nomination de l’oligarque Delyan Peevski, à la tête de la DANS, l’Agence de sécurité nationale. Leur objectif: « imposer la morale dans la politique bulgare ».

« Nous avons été la vague la plus démocratique de protestation » estime Ivaylo Dinev. « Les étudiants avaient un endroit où dormir, manger, avec une sécurité étudiante, des groupes de travail et de discussion: l’université de Sofia était devenue notre capitale étudiante de la République ! ».

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Un changement culturel en Bulgarie grâce aux manifestations

Grâce aux manifestations, chaque Bulgare a commencé à s’intéresser et à parler de politique, ce qui n’était pas le cas auparavant. Vingt ans après la chute du communisme, et une décennie après l’entrée de la Bulgarie dans l’Union européenne, c’est « un changement culturel qui s’est produit dans la société Bulgare . Les gens ont pris le temps de s’asseoir et de réfléchir à ce qu’ils voulaient pour eux et pour leur pays », explique-t-il,  avant d’ajouter : « la deuxième étape est d’arriver à un changement politique ».

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Le mouvement étudiant s’est éteint

Depuis le mois de janvier dernier, le mouvement étudiant s’est éteint. Plus aucune barricade en vue autour de l’université, plus d’occupation étudiante dans les bâtiments… « Aujourd’hui, nous pensons surtout à nos examens », m’explique une étudiante rencontrée dans l’enceinte de l’université.  L’essoufflement du mouvement est aussi dû à l’émergence de certains leaders, qui n’a pas été au goût de tous les manifestants.

Pour Ivaylo Dinev, c’est parce que les manifestations étudiantes n’ont pas rempli leurs missions, n’ont pas réussi à apporter un réel changement – « nous avons le même gouvernement, les mêmes figures politiques, le même système,  les mêmes salaires… » explique-t-il  – que beaucoup de Bulgares veulent partir à l’étranger en quête de travail et d’avenir au lieu d’essayer de « changer la Bulgarie ». «  La plupart de mes amis ont émigré à l’étranger : en France, en Allemagne… » constate l’étudiant qui prévoit une nouvelle vague d’émigration dans les mois à venir.

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A une semaine des élections européennes

Dans le cadre des élections européennes, Ivaylo Dinev a aussi créer un site dans lequel il écrit des articles, notamment sur l’eurosepticisme en Bulgarie. A une semaine du scrutin, il craint que les jeunes ne se déplacent pas en grand nombre aux bureaux de vote : « Pour beaucoup de Bulgares, il n’y a plus aucun moyen de changer les choses ici ».

Mais selon le jeune homme, c’est aux leaders du mouvement étudiant de trouver une façon d’insuffler un vrai changement dans la société bulgare : «  j’ai cette responsabilité » explique l’étudiant qui se penchera dans les mois à venir sur les manifestations, en réfléchissant à une nouvelle stratégie, avant de publier ses analyses dans un livre. Il a également l’intention de créer un « centre étudiant » avec des évènements, des espaces de discussions, des expositions.  « Je suis optimiste », dit-il avec un large sourire, tout en saisissant de la main son livre, la Psychologie des foules de Gustave Le Bon.

Par Louise Michel D. pour JOL Press

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