Site icon La Revue Internationale

Avant Bygmalion… Ces gros scandales qui ont secoué la République

[image:1, l]

La politique du scandale apparaît comme un sport national en France (shutterstock.com)

La France a-t-elle des leçons à donner en matière de moralité politique ? Pas vraiment. Corruption, rétro-commissions, trafic d’influence, le pouvoir a bien souvent conduit les hommes politiques à se compromettre dans des affaires plus ou moins sulfureuses aux conséquences souvent désastreuses.  En voici quelques exemples.

Le scandale de Panama

C’est l’un des premiers gros scandales de la République naissante. En 1879, Ferdinand de Lesseps, célèbre à l’époque pour avoir fait construire le canal de Suez, lance l’idée de percer l’isthme de Panama, entre l’océan Pacifique et l’océan Atlantique, et de construire un canal. Les travaux doivent coûter 600 millions de francs. Une société, la Compagnie universelle du canal interocéanique de Panama, est alors créé pour récolter des fonds. Mais le chantier est bien plus compliqué que prévu, les banques peinent à suivre et les 20 000 ouvriers meurent au cours des premières années sur le chantier. En 1887, 1400 millions de francs ont déjà été dépensé et seulement la moitié du terrain a été déblayée.

Ferdinand de Lesseps ne baisse pas les bras pour autant et continue de chercher des fonds. Pour cela il n’hésite à subventionner la presse et à corrompre des ministres et des parlementaires pour obtenir le déblocage de fonds publics. Cependant en 1989, le tribunal de la Seine prononce la mise en liquidation judiciaire de Compagnie universelle du canal interocéanique de Panama. 85 000 souscripteurs se retrouvent ruinés. En 1892, Édouard Drumont, journaliste antisémite et antiparlementaire révèle le scandale dans son quotidien La Libre Parole. Le scandale prendra fin en 1893 par l’unique condamnation à cinq ans de prison de l’ancien ministre des travaux publics, Charles Baïhaut.

L’affaire Stavisky

En 1934, un certain Alexandre Stavisky est retrouvé mort dans des circonstances mystérieuses. Une mort d’autant plus mystérieuse que quelques mois auparavant on apprenait que le directeur du Crédit municipal de Bayonne, Gustave Tissier, avait été arrêté pour fraude et mise en circulation de faux bons au porteur pour un montant de 25 millions de francs. Cet homme était l’exécuteur du fondateur du Crédit communal, Alexandre Stavisky, qui avait détourné ainsi plus de 200 millions de francs, avec la duplicité de députés, de journalistes mais aussi d’un procureur. La mort d’ Alexandre Stavisky fut donc très vite interprétée comme un moyen de faire taire celui qui connaissait tous ceux qui avaient participé à ce détournement de fonds.

L’affaire fit d’autant plus de bruits qu’on apprenait quelques jours plus tard qu’un grand nombre de poursuites à l’encontre de d’Alexandre Stavisky avaient été étouffées sur intervention de ministres ou de parlementaires corrompus. Ce scandale conduit à une vague d’antiparlementarisme qui se couronna par la tristement célèbre journée du 6 février 1934.

L’affaire des piastres

Après la Seconde Guerre mondiale, l’affaire des piastres va secouer la fin de la période coloniale en Indochine. Pour s’enrichir, certains ont profité du différentiel entre le taux de change officiel de la piastre – unité monétaire de l’Indochine française, frappée par la Banque d’Indochine – et le taux réel sur les marchés internationaux. Le taux de change pour les transferts Indochine-France était fixé à 17 francs alors que sa valeur sur les marchés asiatiques était de 10 francs ou moins. La différence, payée par le Trésor s’élevait à environ 8,50 francs. Une opération très lucrative pour les banques et les entreprises mais aussi certains ministres que finit par dénoncer en Jacques Despuech, un journaliste royaliste en 1953.

L’affaire Urba

En 1972, la société Urba-Conseil est fondée pour collecter des fonds pour aider les municipalités socialistes dans le besoin mais aussi et surtout pour financer le Parti socialiste : ainsi les différentes sociétés Urba reversaient 60 % de ce qu’elles touchaient au PS soit 40 à 45 millions de francs par an. Or on apprenait en 1990, que 25% de la campagne de François Mitterrand de 1988 avait été financé par Urba-Conseil et que cette société était impliquée dans un trafic de fausses factures. On apprenait par ailleurs que cette entrée d’argent n’apparaissait pas dans les comptes communiqués au Conseil constitutionnel.

Le 22 décembre 1989, l’Assemblée nationale (majorité PS) adopte un texte incluant l’amnistie de « toutes infractions commises avant le 15 juin 1989 en relation avec le financement direct ou indirect de campagnes électorales ou de partis et de groupements politiques ». L’état-major politique du PS, à commencer par les responsables financiers de l’élection de 1988, échapperont donc définitivement aux poursuites.

Quitter la version mobile