Sur une petite place, à quelques pas de la rue Eleftheriou Venizelou, au cœur d’Athènes, quelques militants du parti Syriza – l’équivalent du Front de gauche français – discutent autour d’un stand qui arbore d’immenses affiches des grandes figures du parti. L’agenda électoral est chargé en Grèce au mois de mai : les élections municipales et régionales se tiendront le 18 mai, soit une semaine avant les élections européennes du 25 mai. Kostas Marmatakis, membre du Comité central de Syriza, accepte de répondre à quelques questions.
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Ici en Grèce, le parti de Syriza a le vent en poupe. Dirigé par le charismatique et populaire Alexis Tsipras, Syriza est devenu la deuxième force politique du pays, après la Nouvelle Démocratie, le parti politique conservateur au pouvoir. « Syriza est un phénomène européen ! » s’exclame Kostas Marmatakis. « Les Grecs croient en nous, mais pas seulement. Nous sommes membres du parti de la gauche européenne : les italiens, les Espagnols nous suivent ».
Créer une rupture dans la politique grecque
Depuis deux ans, le parti de la gauche radicale connaît un essor considérable. « Lors des dernières élections législatives de 2012, nous avons obtenu 27% des voix, » continue l’élu au comité central de Syriza.
Le parti espère bien renforcer ses positions aux élections européennes à la fin du mois de mai : « nous espérons créer un tournant, une rupture dans la politique grecque, » explique ce proche d’Alexis Tsipras.
En fonction des résultats, Syriza demandera la tenue d’élections nationales : « la coalition gouvernementale formée par la Nouvelle Démocratie (droite) et les socialistes du Pasok n’aura alors plus aucune légitimité, ni le droit de voter de nouvelles lois ».
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« En Grèce, les gens ont arrêté de rire »
Pour lui, la priorité en Grèce est de sortir de la crise et d’abroger les lois votées dans le cadre du mémorandum de la troïka – FMI, Banque centrale européenne et Commission européenne. « Nous devons sauver les gens de la crise sociale et humanitaire qui les frappe de plein fouet depuis plusieurs années : la pauvreté, le chômage et l’effondrement des systèmes de santé et éducatif…Les gens ont vu leurs vies s’effondrer en l’espace de quelques années. Les Grecs, pourtant de nature joyeuse et optimiste, ont arrêté de rire. Nous sommes de plus en plus dépressifs et inquiets pour notre futur : le taux de suicide a explosé… Mais nous ne devons pas perdre espoir, nous pouvons encore changer les choses » déclare-t-il.
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Les jeunes au cœur du programme de Syriza
En première ligne de ces mesures draconiennes, les jeunes, auxquels le parti Syriza accorde une place primordiale. « La jeunesse grecque est en train de quitter le pays pour aller trouver du travail à l’étranger… Nous assistons à une fuite des cerveaux : tous les scientifiques sont en train de s’exiler et cela a des conséquences dramatiques pour la Grèce ! » déplore-t-il.
Alors que l’abstention reste la grande interrogation de ce scrutin européen, certains craignent que les Grecs boycottent les élections pour exprimer un sentiment de rejet européen. Kostas Marmatakis, lui, espère que les électeurs se mobiliseront pour manifester leur colère contre le gouvernement en place et rappelle l’importance du projet européen: « Nous sommes un parti européen, nous ne sommes pas un parti nationaliste. Nous croyons au projet européen . Nous savons que l’Union européenne peut être bénéfique, mais aussi qu’en aucun cas ces réformes d’austérité imposées par la troïka à la Grèce ne relèveront le pays ».
Par Louise Michel D. pour JOL Press