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Belgique: «Même les séparatistes sont pro-européens»

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Dans l’opinion publique belge, l’UE est un acquis (Crédit: Shutterstock.com).

JOL Press : Quel est le poids politique des séparatistes en Belgique ?
 

Vincent Laborderie : Il existe deux partis indépendantistes en Flandre : le Vlaams Belang (Intérêt flamand) qui est d’extrême droite, et la N-VA (Alliance néo-flamande) qui est de centre-droit. Le Vlaams Belang rassemble environ 10% des voix, tandis que la N-VA tourne autour de 30% – mais uniquement en Flandre, c’est-à-dire sur 60% de la population belge. Ces chiffres valent pour les scrutins nationaux et pour les élections européennes.

Toutefois, on peut hésiter à qualifier la N-VA de séparatiste : les membres du parti de Bart De Wever ont bien conscience qu’une sécession n’est pas réalisable dans les conditions actuelles.

JOL Press : Quelle est la vision de l’Europe de ces deux partis ?
 

Vincent Laborderie : En Belgique, à peu près tout le monde est pro-européen, y compris le Vlaams Belang. Ce parti milite pour une «Europe forteresse» empêchant les étrangers d’entrer sur le territoire européen. Quant à la N-VA, sa position est assez différente de celle des autres partis populistes européens. Ses membres ne sont pas anti-Europe. Leur objectif est une Flandre indépendante à l’intérieure d’une Union européenne fédérale. L’idée étant de supprimer le niveau étatique belge et ses compétences.

JOL Press : On ne peut donc pas parler d’euroscepticisme en Belgique ?
 

Vincent Laborderie : En soi, non. Même si le Vlaams Belang fait partie du groupe Europe libertés démocratie (ELD) auquel appartient le Front national de Marine Le Pen. Ils ne se retrouvent pas sur des thématiques comme la sortie de l’euro. En revanche, ils s’accordent par exemple sur les questions d’immigration, à cette différence près que le Vlaams Belang assume beaucoup plus son aspect raciste et d’extrême droite.

JOL Press : Plus largement, les Belges s’intéressent-ils à ce scrutin ?
 

Vincent Laborderie : En Belgique, le vote est obligatoire. Le taux de participation devrait donc être très élevé. De plus, les élections du 25 mai seront triples pour les Belges : européennes, fédérales et régionales. Le débat européen est largement occulté, ce sont les enjeux nationaux qui priment. Et dans l’opinion publique, l’UE est un acquis qui ne se discute pas. Pour les européennes, les programmes des partis se rejoignent à 80% et prônent une Europe fédérale.

Historiquement, la Belgique est au centre de la construction européenne. Dans ce pays, le débat «pour ou contre l’Europe» n’a aucun sens. Le concept d’Etat-nation n’existe pas : les gens sont à la fois Flamands/Wallons et Belges. Ca ne leur pose aucun problème d’être aussi Européens.

Propos recueillis par Marie Slavicek pour JOL Press

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