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Chine: arrestations en série avant l’anniversaire de Tiananmen

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Chaque année, à cette période, les dissidents sont l’objet de restrictions préventives
 (Photo: Shutterstock.com)

A l’approche des 25 ans du «printemps de Pékin», qui se déroula entre le 15 avril 1989 et le 4 juin 1989, le gouvernement chinois semble donner un exceptionnel tour de vis. Parler de cet épisode, qualifié de «rébellion contre-révolutionnaire», est tabou en Chine, où le Parti communiste cherche à orchestrer une sorte d’amnésie collective sur le sujet. 

Preuve de l’inquiétude paranoïaque du gouvernement : lundi 12 mai, la police chinoise a lancé de nouvelles unités de la police armée, dotées de 150 véhicules anti-émeutes, qui ont commencé à patrouiller dans les rues de la capitale. En postant ces unités à des endroits-clés, les autorités espèrent ainsi tuer dans l’œuf toute tentative de rassemblement.

Le régime a aussi resserré son étau sur les dissidents en procédant à des interpellations préventives. Pu Zhiqiang, l’un des plus célèbres avocats chinois défenseurs des droits de l’homme, a été arrêté début mai, accusé d’avoir «provoqué des troubles» et incarcéré à la prison N°1 de Pékin, selon son défenseur, Si Weijiang.

L’avocat participait à un séminaire sur les événements de Tiananmen, rapporte Le Parisien. D’autres participants, dont le dissident Hu Shigen – qui a passé 16 ans en prison pour avoir voulu commémorer la répression du mouvement – ont été arrêtés peu après, selon des groupes de défenseurs des droits de l’homme.

Autre exemple : celui de Gao Yu, une célèbre journaliste, lauréate en 1997 du Prix mondial de la liberté de la presse de l’Unesco. La septuagénaire a été arrêtée alors qu’elle devait se rendre à une réunion clandestine sur les événements de Tiananmen, indique Libération. Les autres participants ont disparu, ont été détenus ou bien placés en résidence surveillée. 

Jeudi 8 mai, Gao Yu a été montrée à la télévision d’Etat se livrant à une «confession publique» : «Ce que j’ai fait (…) a porté atteinte aux intérêts du pays. J’ai commis une grosse erreur. J’admets ma culpabilité et je tire les leçons de cette expérience, de façon honnête et sincère».

La journaliste est «soupçonnée d’avoir transmis de secrets d’Etat à des sources en dehors de la Chine», a précisé sur son compte de microblogs la police de Pékin. Le même chef d’inculpation lui avait déjà valu une condamnation en 1993 à six ans de prison. Elle en était sortie en février 1999 pour raisons médicales.

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