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Commémorations du 8 mai: un exercice de mémoire populaire

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Le président de la République, François Hollande, participera à la commémoration de la victoire du 8 mai 1945 à Paris : il déposera une gerbe devant la statue du Général de Gaulle, puis il entreprendra la remontée des Champs-Elysées avec la grande escorte de la Garde Républicaine.

Place de l’Etoile, il sera accueilli par Manuel Valls, Premier ministre, Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense et Kader Arif, secrétaire d’Etat chargé des Anciens combattants et de la Mémoire, afin de présider la traditionnelle revue des troupes ainsi que la cérémonie sur la tombe du Soldat inconnu.

JOL Press : Comment s’organisent les commémorations du 8 mai en mairie ?

Didier Maus : Les commémorations sont des cérémonies très traditionnelles dans toutes les communes de France. Chaque commune s’inscrit dans une commémoration nationale et tient compte de ses habitudes locales. Le déroulement de la cérémonie en tant que tel est assez classique : on se rassemble devant le monument aux morts, en présence des drapeaux et d’un certain nombre d’autorités, on dépose des gerbes de fleurs, on lit le message du secrétaire d’Etat aux Anciens combattants et le maire fait un discours.

On peut aussi, à l’occasion, confier un rôle aux enfants des écoles de la commune ou profiter de la présence d’un détachement militaire dans les villes où il y en a encore. Les cérémonials, à l’échelle d’une commune, se démarquent cependant de la cérémonie qui a lieu à l’Arc de Triomphe avec le président de la République.

JOL Press : Ces cérémonies sont appréciées des Français, comment l’expliquer ?

Didier Maus : Je suis toujours frappé de constater qu’il y a encore du monde lors de ces cérémonies et un vrai recueillement, notamment dans les villages où les noms qui sont inscrits sur les monuments aux morts sont des noms encore présents dans les villages. Ces cérémonies, même si les combattants sont de moins en moins nombreux, évoquent beaucoup de choses pour ceux qui prennent la peine de venir : pour ceux qui sont là depuis longtemps elles permettent de réveiller des souvenirs, pour les autres elles permettent de s’inscrire dans une histoire locale.

Ces cérémonies permettent de réveiller la mémoire des familles mais aussi la mémoire collective de ceux qui sont morts. Symboliquement cet attachement à la mémoire ne disparaît pas avec la mort des derniers anciens combattants. Les porte-drapeaux, présents, peuvent être jeunes.

JOL Press : Pourquoi est-il important de continuer à commémorer ce jour-là ?

Didier Maus : Les morts pour la défense des libertés et de l’identité nationale s’inscrivent dans ce que Michelet appelait le « roman national », c’est-à-dire cette continuité qui fait qu’un pays est un pays. La communauté nationale se construit avec le passé, le présent et, si possible, l’avenir. Une certaine catégorie de Français n’aime pas du tout ces commémorations qu’ils considèrent comme obsolètes mais on verra certainement cette année un extraordinaire succès populaire des commémorations des 100 ans de la Première Guerre mondiale. Ce n’est pas uniquement de la curiosité qui anime les Français, mais la volonté de rester attaché à ce qui a existé et à ceux qui ne sont plus là.

La mémoire de chaque village est différente. La mémoire de la Seconde Guerre n’est seulement une mémoire combattante en uniforme c’est aussi une mémoire de la Résistance ; c’est une souffrance partagée et transmise. Quand on a la chance d’avoir un tambour ou une trompette qui joue aux morts, tout le monde frissonne et c’est bien normal. Cela fait 50 ans que j’assiste à ces cérémonies, ce sera cette année la première fois en tant que maire et je sais d’avance que ce sera émouvant.

Propos recueillis par Marine Tertrais pour JOL Press

Didier Maus est professeur à Aix-Marseille université et président émérite de l’Association française de droit constitutionnel. Il est l’auteur de nombreux ouvrages de droit constitutionnel.

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