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Coup d’État en Thaïlande: l’armée, fusible contre le court-circuit?

22.05.2014 par La Rédaction
Coup d’État en Thaïlande: l’armée, fusible contre le court-circuit?

Entretien avec David Camroux, spécialiste de l’Asie du Sud-Est et maître de conférences à Sciences Po Paris.

Deux jours après l’imposition de la loi martiale par l’armée thaïlandaise, et après plus de six mois d’instabilité politique, le chef de l’armée, le général Prayut Chan-O-Cha, a annoncé jeudi 22 mai à la télévision un coup d’État. David Camroux, spécialiste de l’Asie du Sud-Est, revient sur les tenants et aboutissants de cet événement qui n’est pas si exceptionnel en Thaïlande.

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Après avoir annoncé dans un premier temps qu’elle n’opérait pas de coup d’État, l’armée thaïlandaise a fini par trancher. Jeudi 22 mai, après des heures de négociations inachevées entre « chemises rouges » qui soutiennent le gouvernement de Yingluck Shinawatra et « chemises jaunes » opposées au gouvernement, le général Prayut Chan-O-Cha a annoncé un coup d’État et l’instauration d’un couvre-feu. Depuis la fin de la monarchie absolue en 1932, c’est le 12ème coup d’État (le 19ème en comptant les tentatives).

JOL Press : Qu’est-ce qui a poussé l’armée thaïlandaise à opérer ce coup d’État ?
 

David Camroux : Il y a beaucoup de faux-semblants dans cette affaire. Je continue de penser que l’armée ne souhaite pas prendre le pouvoir pour y rester. Elle souhaite un peu être comme le fusible dans un court-circuit, c’est-à-dire mettre fin à l’instabilité. Il y a eu plusieurs réunions avec les membres des deux forces qui s’opposent, les « chemises jaunes » et les « chemises rouges », ainsi que des membres du Sénat et de la Commission électorale.

Jeudi, après une deuxième réunion, l’armée a amené les représentants des deux forces politiques dans des camions militaires dans une caserne, et la réunion a continué avec le Sénat et la Commission électorale.

Le coup d’État va très rapidement être habillé d’un « costume » démocratique ou au moins constitutionnel, afin que l’armée puisse revenir dans ses casernes. Le général Prayut Chan-O-Cha, qui prend sa retraite à la fin de cette année, ne voulait pas faire de coup d’État au départ. C’est pour cela qu’il a parlé, dans un premier temps, de prendre des « mesures exceptionnelles ». Finalement, comme les deux opposants ne trouvaient pas de compromis, l’armée a opéré ce coup de force.

JOL Press : Selon vous, l’armée ne va donc pas s’installer au pouvoir, mais plutôt ouvrir une période de transition ?
 

David Camroux : L’armée n’est jamais restée longtemps au pouvoir depuis les années 80. Elle intervient plutôt comme un joker pour changer le jeu et ensuite pour protéger ses propres intérêts, surtout du côté des monarchistes, des forces conservatrices et de l’establishment de Bangkok. Mais elle n’a plus vocation à gouverner le pays. Elle prétend plutôt être le garant de l’unité nationale et cherche à limiter un peu le pouvoir des gouvernements.

Le Bangkok Post a fait un sondage – même s’il faut s’en méfier en Thaïlande, qui ne sont pas forcément représentatifs de toute la population, et notamment des plus pauvres qui vivent dans les villages – et 75% des personnes sondées (sur un échantillon de 2000) approuvent la déclaration de la loi martiale imposée mardi par l’armée. Je me demande si le général Prayut ne voulait pas en fait « tester » les choses et voir les réactions, à la fois des chemises jaunes et des chemises rouges, avant d’aller plus loin.

JOL Press : Concrètement, qui gouverne désormais la Thaïlande ?
 

David Camroux : Dans les prochains jours, c’est le général Prayut. Le Parti de Yingluck Shinawatra a été vidé de sa substance depuis plusieurs semaines et le gouvernement par intérim était un gouvernement fantoche. Rapidement, le Sénat, qui est grosso modo contrôlé par la force antigouvernementale, devrait nommer un Premier ministre par intérim.

Le problème, c’est qu’il n’existe plus de Premier ministre neutre en Thaïlande depuis longtemps. Toutes les institutions dites « neutres » (la Cour constitutionnelle, la Commission électorale, le Sénat et la Commission nationale anti-corruption) sont maintenant considérées comme politisées, de même que les hauts fonctionnaires, qui ont pris position contre le gouvernement.

Donc trouver un Premier ministre neutre me semble plus difficile aujourd’hui que ce n’était le cas dans les années 90. On a eu le « Berlusconi » thaïlandais, Thaksin Shinawatra, mais on aura du mal à trouver un Mario Monti [ancien Premier ministre italien, successeur de Berlusconi, ndlr].

JOL Press : Doit-on maintenant s’attendre à l’organisation de nouvelles élections ?
 

David Camroux : Le Sénat devrait, dans les prochains jours, être appelé à nommer un gouvernement par intérim, et sans doute à réformer la Constitution. La Commission électorale devrait annoncer le report des élections qui devaient se tenir en juillet ou août. Si on a une répétition du scénario de 2006 [dernier coup d’État en Thaïlande, ndlr], cela risque de prendre plus de temps et les élections devraient ainsi avoir lieu dans six mois ou un an.

Propos recueillis par Anaïs Lefébure pour JOL Press

————-

David Camroux est maître de conférences à Sciences Po, spécialiste de l’Asie du Sud-Est et de l’Australie. Conseiller scientifique et évaluateur de programmes soutenus par la Commission européenne, au Vietnam (2001-2004), en Chine (2004-2008), il est maintenant au conseil scientifique du réseau EsiA (European studies in Asia) de la Fondation Asie-Europe de Singapour. Il a également été correspondant européen et fondateur de la Pacific Review de 1994 à 2008, et rédacteur en chef adjoint du Journal of Current Southeast Asian Affairs depuis 2009.

La Rédaction


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