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Coupe du Monde 2022 au Qatar: le revirement de Sepp Blatter

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Nouveau rebondissement autour d’une édition 2022 de la Coupe du Monde déjà très controversée : le président de la FIFA lui-même a remis en cause la décision d’attribuer l’organisation au Qatar. Cette déclaration n’arrange pas les affaires de l’émirat, dont l’image n’a cessé de se détériorer depuis que sa candidature a été retenue.

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Sepp Blatter, ici avec la présidente brésilienne Dilma Rousseff, lors du tirage au sort des phases de poule en décembre 2013. (shutterstock.com)

La  crédibilité de l’organisation qatarie a encore pris un sérieux coup en ce début de matinée. Émaillée par des critiques sur plusieurs plans (traitement des joueurs étrangers, impossibilité de jouer la Coupe du Monde en été…), le pays organisateur du Mondial 2022 voit ses partisans se désolidariser petit à petit.

Sepp Blatter : « On a fait une erreur »

Lors d’un sommet du football asiatique il y a un an à Kuala Lumpur, le Suisse de 78 ans avait défendu le petit émirat en disant que les critiques, émises principalement par les médias européens, tournaient à l’acharnement et qu’il fallait laisser du temps au Qatar. Cependant, il avait déjà préparé une stratégie alternative ; il rappelait aux journalistes qu’il n’avait pas voté pour le Qatar lors du scrutin décisif.

Le président de la FIFA est allé plus loin ce matin aux micros de la RTS. L’attribution de la Coupe du Monde 2022 au Qatar est une « erreur », même si Blatter relativise : « Vous savez, dans la vie on fait beaucoup d’erreurs ». Et comme il y a un an, le Suisse pointe du doigt deux responsables : l’Allemagne et la France, qui selon lui ont mis la pression sur l’organisme international amateur pour appuyer la candidature qatarie.

Cette sortie n’est pour autant pas si étonnante de la part du président de la FIFA: candidat à sa succession en 2015, il surfe sur le courant de sympathie du mouvement anti-Qatar. Il en a profité pour tacler son rival et potentiel successeur Michel Platini, qui a fait part de son soutien à maintes reprises à l’émirat du Moyen-Orient.

Un camouflet qui s’ajoute à une liste déjà longue

La France, sous l’impulsion de Nicolas Sarkozy alors président de la République, aurait joué un rôle déterminant pour départager le Qatar et les États-Unis. France Football relatait dans un dossier paru en 2012 que l’ancien chef d’État avait reçu Michel Platini, président de l’UEFA, et le prince Tamim Al-Thani, sur le point de reprendre le PSG. Ce dernier, avec l’appui de Sarkozy, aurait convaincu Platini de voter pour le Qatar, mettant en avant les intérêts financiers dont la France pourrait bénéficier.

Les critiques se sont également focalisées sur un problème d’ordre pratique : les conditions de jeu au Qatar. L’été émirat est caniculaire, et malgré les moyens quasi illimités mis à disposition, les stades ne pourront pas tous permettre aux joueurs et aux supporters de ne pas souffrir de la chaleur. Le Mondial qatari sera donc probablement disputé en hiver ; en plein milieu des grands championnats européens…

Enfin, les conditions de travail au Qatar relèvent du calvaire : officiellement, plus de 400 ouvriers népalais ont trouvé la mort sur les chantiers. Il ne fait pas bon vivre pour ceux qui travaillent sur le territoire qatari, et ce même pour les mieux lotis : ainsi Zahir Belounis, footballeur franco-algérien arrivé au Qatar en 2007, s’est vu interdire de quitter le territoire pendant près de 18 mois par ses dirigeants. La faute à un système archaïque qui stipule que chaque employé est la propriété de son sponsor ou de son employeur. Le chantage avait pris fin grâce à l’intervention de l’ambassade de France.

La 22e édition de la Coupe du monde aura cependant bien lieu au Qatar. Il reste un peu moins de huit ans à l’émirat pétrolier pour redorer son blason et désamorcer la défiance des médias.

Un article d’Hugo Bruchet pour JOL Press

 

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