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Du Titanic au Costa Concordia, les capitaines, héros ou lâches

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Le Costa Concordia échoué sur son flanc. Crédit : Shutterstock
 

Le naufrage du Sewol est un véritable drame pour les Sud-Coréens, mais il est loin d’être le plus meurtrier avec ses 200 morts et 100 disparus.

Avant le capitaine de ce ferry, d’autres ont fait des choix lourds de conséquences.
 

Titanic, 1491 morts (1912) : Le plus célèbre naufrage, et un des plus dramatiques. Le capitaine Edward Smith, pour éviter de semer la panique sur le navire, restera discret pendant le naufrage. Il sait que le navire est condamné et que le nombre limité de canots ne pourra même pas sauver la moitié des passagers. Résigné, il meurt isolé dans des circonstances qui prêtent à débat. Selon les différentes versions, il se serait suicidé à l’aide d’un révolver dans sa cabine, il aurait été emporté par une vague ou nagé avec un bébé dans les bras jusqu’à un canot avant de repartir vers le Titanic, l’embarcation de sauvetage étant déjà pleine. Il aurait déclaré en donnant l’ordre d’abandonner le navire : « Be British » (« Conduisez-vous en Britanniques »).
 

Empress of Ireland, 1012 morts (1914) : Un autre transatlantique, et un bilan presque aussi lourd que le Titanic. Il est percuté par un charbonnier norvégien sur la le fleuve Saint-Laurent, au Canada. Le capitaine Henry Kendell avait changé de cap avant de revenir dans sa trajectoire, ce qui a induit en erreur le Norvégien. Il n’a jamais été reconnu clairement comme le responsable du drame.
 

Afrique, 568 morts (1920) : Le paquebot transportait de la marchandise des passagers dans les nombreux ports d’Afrique occidentale française. Son capitaine, Antoine Le Dû, après avoir lutté contre une tempête pendant plusieurs jours, se résigne lorsque qu’une deuxième voie d’eau causée pas une bouée de signalement ne condamne définitivement le navire. Le nombre de canots est insuffisant, et le capitaine, après avoir fait monter les passagers sur le point culminant du navire, aurait attendu sereinement la mort en regardant la mer engloutir son paquebot à une quarantaine de kilomètres des côtes vendéennes. Il a refusé jusqu’au bout de quitter l’embarcation.
 

Herald of Free Enterprise, 193 morts (1987) : Cette fois, le navire n’est pas un habitué des grandes traversées. Il assure la liaison entre Douvres et le port de Bruges-Zeebruges. Le capitaine David Lewry, pressé pour des questions économiques de partir au plus vite, ne vérifie pas personnellement que les portes avant du ferry destinées à faire rentrer les véhicules sont fermées. Or, le préposé à cette opération dort dans sa cabine. En prenant de la vitesse, l’eau envahie le pont principal. Le navire est déséquilibré et chavire à seulement 1500 mètres du port. La profondeur n’est que de 10 mètres à cet endroit, et le bateau couché reste en partie hors de l’eau. Le capitaine a été seulement condamné à une suspension d’un an de ses fonctions.
 

Doña Paz, 1565 morts officiellement, plus de 4000 selon les estimations (1987) : 

Le ferry philippin était initialement prévu pour accueillir 1518 personnes. Au moment de la collision avec un pétrolier, ils sont plus de 4000. Le pétrole prend rapidement feu, et des milliers de personnes vont périr brûlées, noyées ou dévorées par les requins. Les secours n’ont été prévenus que 8h après le drame, et ont mis encore 8 heures pour arriver sur place. Malgré l’enquête qui montrera que l’équipage n’était pas qualifié, la justice philippine blanchira la compagnie maritime et condamnera le constructeur du navire à verser des dommages aux familles des victimes. Le capitaine, qui regardait un film dans sa cabine au moment de la collision, ne sera jamais inquiété.
 

Al-Salam Boccaccio 98, 185 morts (2006) : Sayyed Omar, le capitaine de ce ferry qui assure la liaison entre l’Arabie Saoudite et l’Egypte, peut être considéré comme le seul responsable de ce drame. Alors qu’un petit incendie se déclare peu après le départ d’Arabie Saoudite, le capitaine refuse de faire demi-tour. La fumée devenant de plus en plus épaisse, des passagers le supplient de revenir au port, en vain. Le bateau finira par chavirer, aucun canot n’ayant été mis à l’eau. Des témoins ont raconté avoir vu Sayyed Omar se jeter par dessus bord.
 

Costa Concordia, 32 morts (2012) : L’un des plus récents et des plus aberrants. Le capitaine du bateau de croisière donne l’ordre de naviguer au plus prés de la côte pour que les passagers puissent saluer les habitants. Il heurte un récif et l’eau s’engouffre rapidement. Même s’il parvient à échouer le bateau pour éviter qu’il ne coule, le capitaine Francesco Schettino est accusé d’avoir minimisé l’importance de l’accident auprès de sa compagnie et des passagers, mais surtout d’avoir quitté le navire avant que tout le monde soit évacué. Son procès est toujours en cours.

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