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Espagne: «Les questions européennes sont totalement invisibles»

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En Espagne, la droite et la gauche sont au coude-à-coude dans les sondages (Photo: Shutterstock.com)

JOL Press : A quel niveau de mobilisation s’attend-on ? Quels sont les thèmes qui occupent les débats ?
 

Juan Pedro Quiñonero : Le taux de participation devrait être historiquement bas pour des élections européennes, entre 40 et 43%, selon une enquête réalisée par Metroscopia publiée le 18 mai. En 2009, le taux de participation en Espagne avait été de 44,9%, supérieur au taux moyen de 43% dans l’ensemble de l’Union européenne.

Les deux principaux partis – le Parti populaire (PP) et le Parti socialiste (PSOE) – font campagne sur des thématiques nationales. Les conservateurs au pouvoir se présentent comme les défenseurs d’une Espagne forte face à ses voisins. Ils font de ce scrutin un référendum sur leur action politique. De leur côté, les socialistes vantent une Europe anti-austérité.

Résultat : les questions européennes sont totalement invisibles dans la campagne. 

JOL Press : La crise a très durement touché l’Espagne. Est-ce un sujet qui intéresse les électeurs ?
 

Juan Pedro Quiñonero : Pas vraiment. La plupart des Espagnols pensent que le pays est en train de sortir de la crise, que le pire est passé. Or, ce sentiment doit être nuancé. Certes, la quatrième économie de la zone euro a enregistré au premier trimestre sa plus forte croissance du PIB depuis 2008 (+0,4%). Mais le taux de chômage reste catastrophique (au-dessus de 25%).

JOL Press : Quelles sont les forces en présence ? A quels résultats s’attend-on ?
 

Juan Pedro Quiñonero : Le paysage politique espagnol est fortement marqué par une logique gauche-droite. Le PP et le Parti socialiste sont au coude-à-coude, avec une très légère avance pour les conservateurs. Toujours selon le sondage Metroscopia, la droite remporterait 32,6% des suffrages, tandis que la gauche est créditée de 31,1% des voix.

On trouve aussi une multitude de petits partis qui ne pèsent pas grand-chose : des écologistes, des membres de l’extrême gauche, des partis régionalistes… Au Pays basque par exemple, les nationalistes plaident pour la création d’un pays qui soit représenté à l’échelle européenne.

JOL Press : Quid des partis eurosceptiques ? Pourraient-ils effectuer une percée lors de ce scrutin ?
 

Juan Pedro Quiñonero : Non. Ils sont très minoritaires. Les membres du Parti socialiste ne sont pas les plus fervents des européistes. Toutefois, l’Espagne a reçu énormément d’argent de l’Union européenne ces dernières décennies. Les électeurs en sont conscients. Tout le monde s’accorde à dire que sans l’UE, l’Espagne serait aujourd’hui dans une situation catastrophique.

L’opinion publique, de droite comme de gauche, est acquise à l’idée européenne. Etre contre l’Europe en Espagne, c’est faire preuve d’un profond archaïsme.

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