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JOL Press : Que pensez vous de ces révélations sur l’espionnage israélien aux Etats-Unis par Newsweek ?
Yvonnick Denoël : Je ne suis pas du tout surpris. Selon cet article de Newsweek, un certain nombre de membres du Congrès américain ont été briefés par le FBI et d’autres services sur la persistance d’un espionnage très agressif de la part des Israéliens.
C’est ce que je décris dans mon ouvrage, c’est un schéma constant où les Etats-Unis et Israël sont des pays amis et ont une coopération très resserrée en matière de renseignement, mais pour autant il y a toujours eu un espionnage intense des services alliés.
C’est particulièrement vrai pour les Etats-Unis sur les aspects technologiques et économiques.
On espionne là où il y a des choses intéressantes. Israël est complètement dépendant des Etats-Unis sur le plan international, que ça soit pour l’aide financière très importante qu’ils reçoivent mais également sur un plan géopolitique. Donc connaître à tout moment les intensions et la pensée des dirigeants américains est une nécessité.
Ensuite, l’industrie – notamment militaire – de pointe israélienne s’est développée en symbiose avec ce qui se fait aux Etats-Unis. Il y a toujours eu des transferts de technologie plus ou moins volontaires entre les deux pays.
JOL Press : Les services de renseignement comme la DGSE en France sont-ils aussi actifs ?
Yvonnick Denoël : Par définition, il est difficile de savoir quelles sont les opérations en cours. Ce qui est certain, c’est que même entre amis on s’espionne. Donc les Américains espionnent en France et réciproquement. Simplement dans le cadre de l’espionnage entre alliés, il doit y avoir des règles et des limites. Lorsqu’une affaire tourne mal on essaye de la gérer plutôt derrière des portes closes que publiquement.
JOL Press : D’autres pays se sont-ils plaints de l’attitude des Israéliens ?
Yvonnick Denoël : La plupart des alliés d’Israël se plaignent régulièrement. Il y a eu plusieurs affaires, notamment à Londres, dans lesquelles des agents du Mossad se sont fait prendre la main dans le sac. Je dévoile dans mon livre une histoire assez édifiante où on a découvert des micros dans les salles de traduction d’une instance européenne. Ils étaient là dés la construction de ces salles. Cela permettait donc au service qui les avait placés de connaître en temps réel la teneur des débats.
JOL Press : Les Etats-Unis ont-ils le droit de se plaindre après les révélations de Snowden sur les pratiques de la NSA notamment ?
Yvonnick Denoël : Je ne sais pas s’ils se plaignent réellement. Ce qui est ressorti c’est qu’il y avait un durcissement du gouvernement, des parlementaires et des services américains vis-à-vis de l’agressivité des services israéliens sur le territoire des Etats-Unis. C’est donc plus un message envoyé aux Israéliens qui dit « baissez l’intensité de vos opérations chez nous sinon il va y avoir des rétorsions ».
Ce type d’article est plutôt utilisé pour envoyer des messages parce ça ne fait pas vraiment réagir l’opinion publique américaine. Un certain nombre des parlementaires qui ont été briefés sont pro-israéliens. Simplement, on les informe sur l’intensité exceptionnelle de certaines opérations des services israéliens. Ça ne va pas bouleverser les grands équilibres, c’est juste un coup de semonce. La solidarité des Etats-Unis avec Israël est un axe fort de la vie politique américaine qui ne changera pas.
[image:2,s] « Les Guerres Secrètes du Mossad » de Yvonnick Denoël, Nouveau Monde Éditions.