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Finale de la Ligue des Champions: la bataille pour Madrid

L’Estadio de la Luz de Lisbonne accueillera la 59e finale de la Ligue des Champions samedi soir (20h45). Une finale inédite qui mettra aux prises deux clubs de la même ville avec pour enjeu la suprématie européenne. A quelques heures du coup d’envoi, JOL Press se plonge dans la rivalité historique du Real Madrid et de son voisin ambitieux, l’Atlético.

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Cristiano Ronaldo, buteur et vainqueur en 2008 avec Manchester United, sera l’atout majeur du Real dans sa quête de la « decima ». (shutterstock.com)

Pour la deuxième fois en 15 ans, deux clubs espagnols se disputeront la Coupe aux grandes oreilles. C’était en 2000 ; le Real Madrid avait à l’époque étrillé le FC Valence 3 à 0 au Stade de France. Un scénario qui ne risque pas de se reproduire, puisque les Merengues se frotteront à la meilleure défense de Liga.

Une « decima » pour rentrer dans l’histoire 

Il est grand temps pour le club merengue de dépoussierer la vitrine européenne. Le Real Madrid a remporté neuf fois la C1 depuis sa création en 1956, dont les 5 premières éditions. 12 finales disputées, 31 buts inscrits, 45 participations: la Maison Blanche madrilène est le plus grand club européen de l’histoire. Et c’est cette réputation qui avait convaincu Karim Benzema de quitter le cocon lyonnais en 2009: « Lyon c’est ma ville, c’est ma famille. Mais il faut que je prenne des décisions en tant que joueur avant tout; et Madrid c’est un rêve de gosse ». Cette année là, l’attaquant des Bleus avait emboîté le pas à un certain Cristiano Ronaldo. 

Le portugais disputera ce soir le match de club le plus important de sa carrière. Arrivé à Madrid avec la ferme intention de dominer l’Europe, Ronaldo a dû patienter quatre ans pour hisser son équipe en finale de Champions League pour la première fois en douze ans. Une éternité pour les joueurs, les socios et les investisseurs; Zinédine Zidane avait scellé la victoire du Real grâce à une demi-volée d’anthologie… Depuis les dirigeants madrilènes ont abasourdi le marché mondial en recrutant des joueurs pour des sommes ahurissantes. Par deux fois le chèque dépassait les 90 millions d’euros: Ronaldo en 2009 (94 millions d’euros) et Bale en 2013 (91 millions d’euros). 

Les socios madrilènes ne sont pas patients, considérant que leur club de coeur doit gagner « au moins trois C1 par décennie » selon son président Florentino Pérèz. Ainsi, depuis le départ de Vicente del Bosque en 2003, qui a décroché deux Ligue des Champions pendant son passage sur le banc madrilène (2000 et 2002), pas moins de onze entraîneurs ont tenté de l’imiter et ont échoué. Et parmi eux, seul José Mourinho était parvenu à rester plus d’une saison. Il a démissionné l’été dernier, mécontent de l’état d’esprit d’un vestiaire « rempli de starlettes qui passent leur temps devant la glace ». Du classique Special One. Carlo Ancelotti et son groupe seront donc sous une pression étouffante, d’autant plus que leur adversaire du soir, le « petit voisin » de l’Atlético, arrivera à Lisbonne en pleine confiance.

Une apothéose européenne pour l’Atlético de Simeone?

Impossible de parler des Colchoneros sans mentionner leur entraîneur Diego Simeone. L’ancien international argentin (106 sélections), en poste depuis la saison 2011-2012, a insuflé une philosophie de jeu à son image. En trois ans à la tête des Rojiblancos, il a fait progresser ses joueurs et a instauré un schéma de jeu très défensif, à son image. Sous ses ordres, L’Atlético Madrid a remporté au moins un trophée par saison; l’Europa League et la Supercoupe d’Europe en 2012, la Coupe d’Espagne en 2013 et la Liga cette année. Les supporters attendaient cette consécration depuis 1996; Diego Simeone était alors titulaire indiscutable de sa formation, un vrai symbole.

L’Atlético a forcé le respect toute la saison et, en remportant le championnat, interrompu l’hégémonie du voisin madrilène et du FC Barcelone, longue de dix 10 ans. Les dirigeants indios et Simeone ont bâti un effectif homogène: des joueurs du centre de formation, des anciens et quelques joueurs stars. En effet, les Colchoneros se permettent peu de folies sur le marché des transferts: ils accusent une dette de 500 millions, qui équivaut au quadruple de son budget (120 millions d’euros), et qui égale les cagnottes du FC Barcelone (508)… et du Real Madrid. L’effectif rojiblanco est donc à l’image de son entraîneur et de son club: volontaire, acharné, et transfiguré.

Des joueurs transfigurés et galvanisés par Diego Simeone; le technicien argentin est adulé par ses joueurs qui semblent prêts à mourir sur le pré pour lui. Le milieu de terrain portugais Tiago incarne idéalement le miracle Simeone. Interrogé hier soir en conférence de presse sur les accomplissements de son club puis de son coach, l’ancien Lyonnais était dithyrambique: »Pour nous il est comme un dieu. Il est arrivé et il a tout changé. Ce qu’il nous a dit s’est réalisé. On le suit et s’il nous dit de sauter du pont, on le fait. Il connait parfaitement le football ». Le Real Madrid et ses stars s’attendent, à juste titre, à une guerre de Madrid pour la suprématie européenne.

L’incertitude Diego Costa: Auteur de 36 buts en 60 rencontres, l’attaquant hispano-brésilien se remet encore d’une blessure à la cuisse droite. Lancé dans une course contre la montre, il pourrait être titulaire ce soir à Lisbonne. Mais il est plus probable que Diego Simeone le mette sur le banc pour endosser un rôle de joker de luxe. 

Les duels clés: Le derby madrilène mettra aux prises un duel de haut vol entre les deux gardiens: d’un côté Iker Casillas, légende vivante du football espagnol, est revenu en grande forme et a récuperé sa place de titulaire au détriment de Diego Lopez. De l’autre Thibault Courtois, élément essentiel du sacre de l’Atlético et patron de la défense malgré son jeune âge (22 ans).

La bataille du milieu sera l’autre clé de la rencontre: ce sera l’impact physique de l’Atlético contre l’aisance technique du Real. L’enjeu pour les Colchoneros sera de museler Luka Modric, dépositaire du jeu du des merengues version Ancelotti. Le croate risque de surnager dans l’entrejeu, et la suspension de l’autre métronome Xabi Alonso jouera en sa défaveur.

Le pronostic JOLPress: Une prolongation. L’écart entre les deux clubs de la capitale espagnole est infime, à tous les étages ( 30 000 supporters de chaque équipe seront présents à l’Estadio de la Luz) et l’enjeu pourrait crisper les 22 protagonistes. Et à l’issue de la prolongation, avantage Real: les hommes de la Maison Blanche ont baissé le pied depuis plusieurs semaines pendant que les Colchoneros ont du jouer chaque recontre à plein régime pour sécuriser le sacre en championnat. 

 

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