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La vision d’une touriste allemande sur la crise en Grèce

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« Cette place est occupée ? » me lance une grande blonde à lunettes, qui glisse sa tête dans le compartiment 35 du train faisant la liaison Thessalonique-Sofia. Avec force et rapidité, elle hisse son imposant sac-à-dos sur le porte-bagage : « Je commence à avoir l’habitude, après tous les voyages en train que j’ai faits ces dernières semaines » plaisante la jeune fille en voyant mon air étonné.

L’Europe en train

Sophie  est violoniste. Agée de 23 ans, elle sillonne l’Europe pendant un mois avec un Pass Interrail : « Je veux faire une coupure avec ma vie en Allemagne. J’étais sous pression : les études, les concerts… Ce périple européen doit me prouver que la vie peut continuer sans moi », confie-t-elle. C’est son premier voyage en solitaire. Après avoir traversé la Belgique, l’Italie, puis Athènes, la musicienne, originaire de Hanovre, se rend à Sofia, avant de reprendre la route pour Zagreb. Sacré programme…

A Athènes, la jeune Allemande a fait du coach surfing chez des Grecs, non loin de la gare routière « Lafissa Station », et raconte avoir été accueillie les bras ouverts : « Ils m’ont emmenée partout » se réjouit-elle.

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Solidarité: effet collatéral de la crise en Grèce

Pendant ces quelques jours passés dans la cité de Périclès, elle a également été époustouflée par la solidarité citoyenne qui a émergé pendant la crise. Un endroit en particulier a retenu son attention : le parc Navarinou situé à Exarchia, le quartier anarchiste d’Athènes. Avant d’être un jardin, le terrain était un parking pour lequel le propriétaire a demandé un permis de construire en 2009 pour bâtir… des bureaux.

Les habitants se sont mobilisés en occupant le parking pendant plusieurs semaines avant de le transformer en jardin : « Aujourd’hui, c’est un espace que le voisinage autogère, c’est un formidable projet » m’explique Sophie. Les exemples d’initiatives citoyennes abondent aujourd’hui à Athènes: comme le théâtre Embros dans le quartier de Psirri, autogéré par des artistes.

Vidéo du parc de la rue Navarinou, à Athènes:

Une Allemande en Grèce

Alors que certains Grecs rencontrés pendant mon étape à Athènes ont exprimé un sentiment de méfiance vis-à-vis de l’Allemagne, considérée comme responsable des réformes imposées au pays dans le cadre du mémorandum, Sophie explique avoir essuyé quelques réflexions telles que : « Ah, tu es allemande ? »: « Pas d’agressivité, mais plutôt une réaction curieuse comme  : ‘voilà  donc à quoi ces Allemands ressemblent’… » précise-t-elle.

« Mais je ne veux pas être l’ambassadrice de mon pays et représenter la politique allemande, alors que je n’ai même pas voté pour ceux qui sont actuellement au pouvoir », poursuit-elle. La jeune femme souhaitait rentrer à temps de son périple pour aller voter à Hanovre pour les élections européennes : « Je reste persuadée que voter est un geste citoyen, un devoir fondamental que nous devrions tous respecter » explique la musicienne, tout en faisant preuve d’un certain scepticisme quant à l’issue du scrutin : « Mais pour être honnête, je doute que les choses changent vraiment ».

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