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Le Festival de Cannes vu depuis l’escabeau d’un festivalier

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Sous la pluie torrentielle qui s’abat ce jeudi sur la Croisette, perdu au beau milieu d’une bonne centaine d’escabeaux et de chaises de jardins détrempés, Jean-Marc est « de garde ». Ce jeune sexagénaire, assis sous son gigantesque parapluie, vient pour la 19ème fois au Festival de Cannes. Et pour ce collectionneur d’autographes, c’est le rendez-vous de l’année.
 

Bientôt les noces de porcelaine !

« Il y a 19 ans, je travaillais non loin de là. À la période du Festival de Cannes, on est venu faire un tour par curiosité. À l’époque, il n’y avait pas tout ça », explique-t-il en montrant la multitude d’escabeaux et de chaises solidement cadenassés autour de lui. « On a sympathisé avec des gens et c’est vrai que depuis, on vient tous les ans. Cela nous permet de revoir ceux qui sont devenus, au fil des années, des amis ». Jean-Marc n’a « pas l’accent », comme il précise si bien, mais vient de Marseille.
 
Avec son épouse, ils prennent chaque année 15 jours de vacances et, accompagnés d’une petite dizaine de copains, passent le plus clair de leur temps au pied du tapis rouge le plus médiatisé du monde. « Ici, les gens viennent de toute la France et même de plus loin. Il y a des Cannois, des Bretons, nos voisins viennent de Toulouse, là de Grenoble… Il n’y pas de jeune. La moyenne d’âge est de 40 ans. Après, il y a aussi quelques vieux, comme moi… », plaisante-t-il.
 

Toute une organisation

« Cette année, on est arrivé le samedi qui précédait le début du festival. Ça fait quoi, 3 jours avant… Autrefois, on arrivait la veille mais aujourd’hui, il y a une telle pression, on est obligé de venir avant le début des festivités. Quand on arrive, il y a encore des voitures qui circulent sur la route qui passe devant le Grand Palais. On installe donc nos chaises et nos escabeaux sur le terre-plein qui sépare les deux sens de circulation et on se relaie, jour et nuit, pour garder notre place. Mardi, juste avant que le festival commence, ils ont enfin bloqué la route et ont mis ces barrières blanches, qui délimitent le passage des voitures qui déposent les stars au pied de la montée des marches. On a ainsi pu y accrocher nos chaises et escabeaux. Depuis, tout le monde peut à nouveau dormir au chaud la nuit », s’amuse-t-il.
 
« Toutes les voitures qui déposent les stars passent ici. On est vraiment aux premières loges. », précise-t-il. « Devant il y a les chaises de jardins, que l’on replie le moment venu pour se mettre debout. Juste derrière, il y a les petits escabeaux où les gens se mettent assis ou debout, en fonction des photos qu’ils souhaitent prendre. Et au troisième rang, ce sont les grands escabeaux. Les propriétaires y sont souvent debout pour prendre les stars sur les marches qui sont juste en face. C’est vraiment tout une organisation. Moi ce que j’aime bien c’est le travail d’équipe qu’on fait. Je suis en binôme avec une femme qui prend les stars en photo quand elles sortent de leur voiture, tandis que je me charge d’avoir les autographes. »
 

Le plaisir de l’instant présent

Jean-Marc décrit l’instant clé comme un moment « vraiment intense ». Quand on lui demande s’il ou ses amis tweetent ou mettent des photos sur divers réseaux sociaux, il avoue ne pas le faire. « Quand les acteurs et autres célébrités arrivent, on oublie tout ce qu’il y a autour. ». Pas de tweets donc, ni de photos sur Instagram ou Facebook, ces « amateurs », comme ils se disent, ne sont pas là pour partager leurs petits trésors où commenter les événements. Le tout est d’apprécier et de vivre l’instant présent depuis son petit coin de trottoir.
 
Rares sont ceux qui en font des albums ou les diffusent sur un quelconque blog, et pourtant, il semblerait qu’ils soient « les mieux placés » ou du moins, « les plus proches » pour réaliser de nombreuses photos « inédites »« J’aime beaucoup voir à quoi ressemble ces gens qu’on voit à la télé ou au cinéma constamment », confit Jean-Marc. « Des fois, on est surpris par leur taille. Des gens qu’on croyait très grands sont en fait très petits », dit-il, le sourire aux lèvres.
 
Marianne Fenon est à Cannes avec une vingtaine de camarades étudiants à l’Université Paris VIII à Saint-Denis. Suivez-les sur Clap 8
 
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