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Le muguet, un marché en fleurs

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« Le muguet est le sourire aux dents d’ivoire du jeune printemps », disait le chanoine et botaniste français Paul-Victor Fournier. Cette plante odorante, rafraichissante, a traversé les siècles. Une histoire dans l’Histoire, une anecdote de plus dans le grand livre des petites traditions françaises.

Anecdotes printanières

L’épisode se déroule en pleine Renaissance, en 1560. Charles IX, alors Roi de France, reçoit un chevalier de la Drôme de retour d’une mission secrète auprès des Borghese, en Italie. Ce dernier lui offre, devant sa cour, un brin de muguet symbolisant la réussite de sa visite. Charmé par cette fleur aux petites grappes immaculées, Charles IX lance donc cette coutume de l’offrir, chaque année, à son entourage pour célébrer l’arrivée du printemps.

Par la suite, le 1er mai 1895, le chansonnier Félix Mayol vient à Paris et se produit pour la première fois au Concert parisien. Alors que les hommes arborent, à l’époque, une fleur de camélia au revers de leur redingote, l’artiste porte, à défaut, un brin de muguet. Le succès triomphal de sa première relance quelque peu le succès de la fleur.

Tandis que celle-ci prend racine dans le monde de la couture (Dior en fait son emblème), elle n’est associée au travail que sous Pétain. Le 1er mai devient la fête du Travail et non plus celle des Travailleurs, et le muguet remplace donc l’églantine rouge, apanage des défilés de gauche. Entretemps, l’avènement des congés payés en 1936 avait popularisé cette symbolique.

Un marché lucratif

Au-delà de la tradition, le muguet représente un marché à part entière en France. Au total, en 2013, 31,8 millions d’euros ont été dépensés par des particuliers pour s’en procurer. 23,7 millions d’euros sont à mettre au crédit du seul 1er mai pour la vente de cette fleur.

Dans cette frénésie florale, la région nantaise est celle qui tire le plus son épingle du jeu. Un brin majoritaire, elle enregistre un chiffre d’affaires de l’ordre de 15 millions d’euros pour la vente de muguet. Elle représente d’ailleurs 80 % de la production française en la matière.

Autre spécificité du business du muguet : le 1er mai, la vente n’est pas réservée qu’aux professionnels ! Les amateurs et simples particuliers peuvent en vendre, puisqu’ils sont exemptés de patente à titre exceptionnel ce jour-là. Bien que décriée par certains fleuristes, cette autorisation participe de la popularité du muguet. Georges Brassens écrivait ainsi :

« Le premier Mai c’est pas gai,

Je trime a dit le muguet,

Dix fois plus que d’habitude,

Regrettable servitude.

Muguet, sois pas chicaneur,

Car tu donnes du bonheur,

Pas cher à tout un chacun.

Brin de muguet, tu es quelqu’un ».

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