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«Moi, Michel Ferrari, prof de tennis devenu le cerveau du casse d’UBS»

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Ce livre est l’histoire de Michel Ferrari, « petit » prof de tennis français de la région genevoise devenu, par le hasard des rencontres, trafiquant de devises dans les folles années 198, puis autant par défi que par appât du gain, le cerveau du casse de l’UBS…

Extrait de « J’ai réussi le casse du siècle », de Michel Ferrari ( l’Archipel – mai 2014)

Pour ma part, après ma sortie de prison, cela a été très difficile de trouver du travail. Après mes déboires au Power et au RDV, j’ai ouvert des vidéos club avec des amis sur qui je pouvais compter, mais notre business n’a pas résisté au téléchargement sur Internet.

Suite à ces fermetures, on a transformé les vidéos clubs en salons d’esthétique et ongleries qui sont, à ce jour, toujours en fonction. En parallèle, mon fils et moi avons ouvert un bar au centre de Genève, près du jet d’eau, le B-FORT, bar avec DJ. (…)

Et le butin, où est-il ?

J’aimerais bien le savoir ! Peut-être dispersé sur l’île de Beauté.

Le partage entre les Corses a fait du grabuge, et certains en ont perdu la vie.

La totalité des cautionnements versés par les inculpés s’ajoutant à l’infime partie du butin récupéré représente un peu moins de 350 000 euros, moins de 2 % du montant du casse. Les 98 % du butin n’ont jamais été récupérés. Nul ne sait ce qu’ils sont devenus. Les poursuites judiciaires françaises ont été définitivement closes au cours de l’année 2007.

Cette aventure humaine a été riche en rebondissements. En Suisse, comme où que ce soit dans le monde, peu d’entre nous peuvent se vanter d’avoir accompli un exploit aussi retentissant. Je suis fi er d’avoir réalisé le « casse du siècle ». Certes, le résultat final en ce qui me concerne n’est pas glorieux, mais avoir accompli ce que d’autres osent à peine imaginer est une manière de se réaliser soi-même.

Avec le recul, je me dis que, si je n’avais pas organisé ce casse, je l’aurais regretté, et je n’aurais pas connu une vie si intéressante en sortant de prison.

Je déconseille pourtant fortement à quiconque de marcher sur mes traces. La privation totale de liberté durant cinq ans est une plaie qui ne se refermera jamais. J’ai beaucoup appris sur la nature de l’homme durant ce laps de temps, en commençant par moi-même. Ces années gâchées, je ne pourrai jamais les rattraper, mais je n’échangerais néanmoins pas ma place avec la plupart de mes contemporains. Mes richesses, aujourd’hui, sont d’une autre nature que l’argent. Je suis fort d’une expérience hors du commun, nul ne peut me la ravir.

[image:2,s] La contrepartie, c’est l’amertume d’une trahison que je n’aurais jamais soupçonnée. J’ai perdu toute confiance en l’être humain. Pour quelques liasses de billets, l’ami se transforme en délateur implacable. Face à une bande d’individus déloyaux, je n’avais aucune chance. Je suis trop sincère et honnête pour gagner à ces jeux-là, trop naïf sûrement aussi.

Je ne suis pas un voyou. Un voleur certes, je le reconnais volontiers. Mais qui de nous aurait résisté à la tentation, tant la voie semblait aisée ? Tout avait bien commencé, tout s’est mal terminé pour certains d’entre nous.

Je suis toujours en vie, miraculeusement selon certains, c’est déjà beaucoup au regard des événements passés…

Je cours de ce pas, ouvrir un compte à l’UBS au cas où mes anciens associés veuillent me faire un don et m’aider à créer une fondation pour venir en aide aux voleurs volés. Aujourd’hui, je suis un homme heureux et libre de parler.

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