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Mort aux «ponts»…

Surtout, ne voyez pas dans ce billet d’humour, l’humeur chagrine de celui qui écrit ces lignes depuis son bureau un vendredi de mai, lendemain de ce jeudi férié pour cause d’Ascension. Non, surtout pas, n’y voyez pas tout cela…

Bienheureux, ceux qui ont choisi de « prendre » – et donc de déduire de leurs jours de congé annuels, de leurs « Reu-teu-teu » ou de leur paie – ce vendredi, avouons-le, bien mal placé entre deux jours de repos. Et tant pis – ou tant mieux – pour ceux qui ont préféré y renoncer. Ce n’est pas l’objet.

Sus à une idée reçue…

Fortement ancré dans un certain imaginaire, un certain imaginaire dépassant largement les frontières hexagonales, l’idée selon laquelle les Français travailleraient moins, beaucoup moins que leurs partenaires et concurrents étrangers… C’est faux !

La France n’est pas le pays le plus généreux, si l’on se réfère au nombre de jours fériés et de congés payés. Avec cinq semaines de congés payés et 11 jours fériés, la France se situe derrière l’Autriche ou Malte – en tête avec 38 jours de congés payés et de jours fériés – la Pologne – 37. Avec 36 jours  cumulés, la France fait « jeu égal » avec le Royaume-Uni, l’Espagne et la Suède…

Les « ponts », cœur du problème…

En revanche, s’il est une spécialité bien française aux coûts considérables, d’un point de vue financier et organisationnel, ce sont les « ponts », produits du hasard du calendrier..

Chaque année n’a pas le même potentiel « ponts ». En 2014, de Pâques à la Pentecôte, sur 7 semaines, ce ne sont pas moins de 5 semaines qui ont offert l’opportunité de « ponts ». Ainsi, en mai, en posant trois vendredis, un salarié a pu bénéficier de 12 jours de congés.  Et si, d’ici à la fin de l’année, le mardi 11 novembre et le jeudi 25 décembre offriront de nouveaux week-ends à rallonge, au moins éviterons-nous – façon de parler – les « viaducs » d’un mercredi férié…

A titre individuel, chacun peut se réjouir – et se réjouit, ne nous méprenons pas… Le véritable souci est que ces « ponts » ont tendance à concentrer la prise de congés légaux d’employés de secteur entier sur quelques jours de l’année et ralentissent, voire stoppent, l’activité de professions entières.

Essayez de trouver un interlocuteur, ce vendredi 30 mai, pour une interview sur la présidentielle en Syrie de mardi prochain ou encore le projet de loi anti-tabac que devrait présenter sous peu Marisol Touraine. Difficile… et donc, ceux-là même qui travaillent voient leur journée affectée.

Un facteur d’inégalité…

D’après l’Office français de la conjoncture économique (OFCE), le coup du millésime mai 2014 des « ponts » serait de l’ordre de 0,19 point de PIB, soit – cela fait plus d’effet – 4 milliards d’euros. Dans la conjoncture actuelle…

Le calcul dans son détail met en évidence un jeu de gains et de pertes. Si les professions du tourisme et, de plus en plus, le commerce profitent de ces journées chômés pour réaliser de belles affaires – il suffisait de voir le monde dans certains grands magasins parisiens hier ou encore la fréquentation des gares et aéroports… -, les activités de bureaux marchent au ralenti et les entreprises en pâtissent.

Sans même rentrer dans le débat sur la dimension chrétienne de six des onze jours fériés de l’année et  la question d’un traitement équitable des autres religions, il serait sans doute nécessaire de revoir notre système de jours fériés – et leur positionnement, si ce n’est leur nombre. Sans aller regarder trop loin, le système british pourrait nous inspirer, leurs bank holidays – trois jours fériés non religieux sur un total de huit – sont systématiquement fixés un lundi – le premier de mai, le dernier de mai ou le premier de juin, le dernier d’août… Des jours de congés mais pas de ponts.

Et puis, sans doute faudrait-il aussi, à l’inverse, revoir le code du travail qui ne prévoit pas explicitement, en dehors du 1er mai, de droit au repos pendant les jours fériés – sauf pour les mineurs et en Alsace-Moselle…

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