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#mystealthyfreedom: elles osent se dévoiler dans l’Iran des Mollahs

12.05.2014 par La Rédaction

Entretien avec Azadeh Kian, professeure de sociologie à l’Université Paris 7-Diderot et directrice du Cedref (Centre d’Enseignement, de Documentation et de Recherches pour les Etudes Féministes).

Des dizaines d’Iraniennes ont posté des photos dévêtues du foulard islamique obligatoire sur Facebook. A l’initiative de cette opération : la journaliste iranienne Masih Alinejad, exilée au Royaume-Uni, qui a demandé début mai aux Iraniennes de lui envoyer leurs « moments privés de liberté ». Mais que risquent-elles et pourquoi ont-elles choisi de braver l’interdit ?

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Lancée le 3 mai dernier, la page Facebook Moments furtifs de liberté des femmes iraniennes a recueilli des dizaines de photos et plus de 130 000 « like », et le hashtag #mystealthyfreedom (ma liberté furtive) s’est répandu sur les réseaux sociaux.  Sur cette page, des dizaines de femmes iraniennes revendiquent le droit de pouvoir choisir de porter ou non le voile, en posant sans leur voile sur la plage et dans la rue.

JOL Press : Des dizaines de jeunes femmes ont bravé l’interdit en postant sur Facebook des photos d’elles sans le voile. Quel est leur crime aux yeux de la loi ?

Azadeh Kian : Selon la loi en vigueur, le port du voile est obligatoire. Peu de temps après la victoire de la Révolution en 1979, il est devenu obligatoire tout d’abord pour les femmes qui travaillaient et, par la suite, cette règle a été étendue à l’ensemble de la population féminine âgée de 9 ans et plus. Ce qu’ont fait ces femmes est donc une infraction aux yeux de la loi. Une peine d’emprisonnement est prévue pour le non-respect du port du voile et assez souvent les femmes considérées comme « mal-voilées » doivent payer une amende.

JOL Press : Arrive-t-il souvent que des femmes soient mises en prison pour cette infraction ?
 

Azadeh Kian : Au début de la Révolution, de nombreuses femmes qui refusaient de porter le voile ont été attaquées, quelques fois même à l’acide sur le visage. Aujourd’hui les femmes qui portent mal le voile aux yeux des policiers sont arrêtées. Bien évidemment, il a une caution à payer : si la femme arrêtée est jeune, on appelle ses parents, sinon son époux, et la plupart du temps la famille paye la caution pour qu’elle soit libérée. Mais au bout de trois infractions, la femme qui refuse de mettre son voile sera emprisonnée. 

JOL Press : Cette opération sur Facebook est-elle inédite ?
 

Azadeh Kian : En Iran, de façon récurrente depuis les 30 dernières années, à l’approche de l’été et de la chaleur, les femmes commencent à se dévêtir, à porter des pantacourts, se mettent du vernis à ongles et négligent le port du voile. Pendant l’hiver, le port du voile les protège du froid mais quand le printemps arrive les femmes qui sont opposées au port obligatoire du voile le portent de plus en plus mal et n’hésitent pas à s’habiller avec des vêtements interdits par la loi.

Cependant, à ma connaissance, c’est la première fois qu’une campagne de ce type est menée sur Facebook. La journaliste iranienne Masih Alinejad, exilée au Royaume-Uni depuis 2009, a demandé début mai aux Iraniennes de lui envoyer leurs « moments privés de liberté ». Sa page a, depuis, recueilli des dizaines de photos et plus de 130 000 « likes ».

Il ne faut cependant pas oublier que cette campagne a été dirigée de l’étranger et après l’élection de Hassan Rohani qui pendant sa campagne électorale avait promis d’améliorer le statut et la condition des femmes. Il a pour le moment franchi quelques pas, notamment dans son discours : il a critiqué ceux « qui pensent que la femme représente une menace pour la société » et a affirmé que « les femmes doivent pouvoir profiter des mêmes possibilités, jouissant de la même protection et des mêmes droits civils que les hommes ». Tout cela pour dire que le contexte politique actuel permet à ces femmes d’exprimer leur volonté de changement.

JOL Press : Les femmes savent ce qu’elles risquent en participant à ce genre d’initiative. Qu’est-ce qui les pousse à agir ainsi ?

Azadeh Kian : Il faut déjà comprendre que ces jeunes femmes qui postent des photos sont des personnes qui ont accès à Internet, on parle donc des couches aisées de la population, de jeunes femmes issues de milieux urbains. Elles ne représentent pas l’ensemble des femmes iraniennes : l’Iran compte près de 36 millions de femmes et toutes n’apparaissent pas sur ces photos. Ces femmes expriment leur souhait de ne plus être obligées de porter le voile. Ces photos sont pour elles un moyen d’expression comme un autre.  

JOL Press : Sur la question du voile, la situation peut-elle évoluer en Iran ?
 

Azadeh Kian : Je ne pense pas que si évolution il y a, elle viendrait du gouvernement puisque pour les conservateurs qui détiennent encore l’essentiel du pouvoir en Iran, en commençant par le Guide suprême, Ali Khamenei, l’obligation du port du voile symbolise, outre la pureté de la femme ou le sang des martyrs, la République islamique elle-même. Si on regarde sur le plan économique, on ne voit pas de préceptes islamiques en vigueur. Etant donné l’importance de cette symbolique du voile pour le pouvoir, ce changement ne viendrait pas du haut mais s’il y a une forte pression de la part des femmes elles-mêmes, le pouvoir sera obligé de céder un peu et devra arrêter d’embêter les femmes qui porteraient « mal » le voile.

De là à dire que les voiles vont tomber en Iran, je ne le pense pas. Je crois même que ce sera la dernière chose qui tombera en Iran car la symbolique du voile pour les conservateurs est vraiment très importante.

Propos recueillis par Marine Tertrais pour JOL Press

Professeure de sociologie à l’Université Paris 7-Diderot et directrice du Cedref (Centre d’Enseignement, de Documentation et de Recherches pour les Etudes Féministes), chercheur au CSPRP (Centre de Sociologie des Pratiques et des Représentations politiques) et à l’UMR Mondes iranien et indien, CNRS, Azadeh Kian est l’auteur de La République islamique d’Iran. De la maison du Guide à la raison d’Etat, Michalon, 2005 et de L’Iran, un mouvement sans révolution ? Michalon, 2011.

La Rédaction


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