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Pakistan: la lapidation de trop?

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Farzana Parveen avait 25 ans. Enceinte de trois mois, elle s’est rendue ce mardi 27 mai, accompagnée de son époux, au tribunal dans le centre de Lahore. La jeune mariée comptait y affirmer que son mari ne l’avait pas enlevé, tel que le décrétait sa famille, mais qu’il s’agissait bien là d’un mariage d’amour. Cependant, en arrivant sur le lieu, une trentaine de membres de sa famille l’attendait. La jeune femme a été lapidée à coups de briques sous les yeux de son mari. Personne n’est intervenu en sa faveur et ce, malgré la fréquentation de cette rue en pleine journée, et la présence de policiers.

Une pratique courante au Pakistan

En 2013, près de 900 femmes ont été victimes de crimes dits d’« honneur ». Ce type de crime consiste à tuer une personne pour la punir d’avoir déshonoré la famille. Ce phénomène est très ancré dans la société pakistanaise, particulièrement dans les zones rurales, relevant quasiment de la tradition. Rares sont les criminels poursuivis par la justice. La justification de leur crime est généralement puisée dans une interprétation étriquée de l’Islam qui fait fi de toutes lois étatiques.

Les lois islamiques plus puissantes que les lois pakistanaises ?

Si les militants des droits de l’Homme sont aujourd’hui mobilisés contre ce genre de pratiques, la population locale reste quant à elle beaucoup plus discrète sur le sujet. Les gens ont peur. Personne ne souhaite être mêlé à un tel acte de crainte d’être accusé de propos contraire à l’Islam. De même, malgré la loi qui interdit depuis le début des années 2000 le mariage forcé, le consentement familial continue à être la norme avant toute union. Les crimes d’honneur sont eux aussi reprouver par la loi mais les auteurs de ces crimes disposent néanmoins de la jurisprudence islamique qui semble contredire la loi en leur permettant de se racheter auprès des familles des victimes.

Le changement, pas maintenant !

Nonobstant le fait que le premier ministre pakistanais, Nawaz Sharif, ait ordonné aux autorités de la province du Pendjab de « prendre des mesures immédiates » à propos de ce crime qu’il juge « totalement inacceptable », seul le père de la victime a été arrêté sur la trentaine de ses ravisseurs. Vices de procédure, lacunes des enquêtes, absence de témoignage, nombreuses sont les failles de la justice pakistanaise en ce qui concerne cette catégorie d’homicide. En dépit de l’intervention des militants des droits de l’Homme, la condamnation de ces assassins reste toujours compromise à l’heure actuelle.

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