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Plan Très Haut Débit: un pour tous, tous contre un

Numericable a racheté il y a plusieurs semaines l’opérateur français SFR. Si des attaques de Bouygues, également candidat à ce rachat, étaient à prévoir, le câblo-opérateur se retrouve aujourd’hui sous les critiques de l’ensemble de ses concurrents. Orange et Free se sont ralliés à Bouygues et ciblent le réseau de fibre coaxiale de Numericable, « vide » selon l’opérateur historique. Des attaques non sans rappeler celles qu’a dû essuyer Free à son arrivée dans le secteur il y a quelques années.

Numericable rachète SFR et s’attire les foudres de ses concurrents

En mars dernier, Numericable et Bouygues Telecom étaient en concurrence pour le rachat de SFR. Après plusieurs semaines de débats, le groupe Vivendi a finalement opté pour le câblo-opérateur. Dans le milieu des affaires, rien n’est malheureusement si simple et il faudra apparemment attendre encore plusieurs semaines, voire mois, pour que ce rachat soit effectif. L’Autorité de la concurrence ayant toutes les clés en main pour statuer sur le dossier, mais préférant apparemment faire languir les opérateurs, et leurs clients par la même occasion.

La concurrence, elle, ne compte apparemment pas attendre si longtemps pour répliquer. La fusion de Numericable et de SFR fera de l’entité créée un véritable empire des télécoms avec entre autres pas moins de 20 % du marché des entreprises. Une croissance que les autres opérateurs ne regardent pas vraiment d’un bon œil. Si on s’attendait à ce que Bouygues soit amer après être resté sur le carreau en mars dernier, les deux autres opérateurs concurrents semblent également avoir choisi leur camp et critiquent vivement le nouveau venu du secteur. Leur cible : le réseau de fibre coaxiale de Numericable qui mettrait en danger le plan Très Haut Débit du gouvernement.

Depuis son rachat de SFR, Numericable et sa technologie sont en effet au centre des débats. Le câble ne va-t-il pas ralentir le plan Très Haut Débit du gouvernement ? Alors que Jérôme Yomtov, directeur général délégué du câblo-opérateur, précise que l’entreprise souhaite accélérer le déploiement de la fibre optique, la concurrence s’insurge, Bouygues Telecom en tête. Pour Didier Casas, secrétaire général de Bouygues Telecom, « il y a très haut débit et très haut débit, une technologie est symétrique, l’autre pas.

Le FTTLA (fibre jusqu’au dernier amplificateur puis du câble coaxial dans l’immeuble) n’est pas le FTTH ». Une critique surprenante de la part de l’opérateur, qui rappelons-le loue le réseau de Numericable pour 20 % de ses abonnés haut débit, que Free et Orange n’ont pas tardé à reprendre à l’unisson.

Comme une impression de déjà vu : Free a la mémoire courte

L’ensemble des opérateurs qui critiquent d’une même voix le nouveau venu du secteur pour la qualité de son réseau, il y a comme un air de déjà vu que Free n’a étonnamment pas relevé. Début 2012, l’opérateur de Xavier Niel bouleversait le marché des télécoms en cassant les prix. Une arrivée fracassante dans le secteur qu’Orange, Bouygues et SFR ont accueillie par une pluie de critiques ciblant principalement la qualité du débit de Free. Fin janvier 2012, Bouygues Telecom, très vite rejoint par SFR, procède à une enquête avec huissiers afin de prouver que le taux de couverture de Free Mobile n’est pas à la hauteur des attentes des consommateurs.

Plus récemment, fin 2013, alors que Free annonce le lancement de sa 4G à prix cassés, les trois opérateurs concurrents ne tardent pas à réagir et critiquent le nombre d’antennes 4G de l’opérateur, apparemment insuffisant. Ancien trublion du secteur des télécoms, si Free Mobile a essuyé autant de critiques de la part des trois autres opérateurs, c’est sans nul doute parce que son arrivée a introduit une véritable concurrence entre les acteurs du secteur. De cette concurrence ont découlé nombre d’effets positifs pour les consommateurs. Selon l’UFC-Que Choisir, l’arrivée de Free a été synonyme d’une baisse de la facture mobile de 30 %, mais aussi de l’émergence des forfaits sans engagement dont le nombre d’abonnés a doublé en deux ans.

Critiques et polémiques : les preuves d’une recrudescence de concurrence ?

Stéphane Richard comparait le réseau de Free à du « vent » en décembre dernier. Aujourd’hui, Orange évoque « le réseau vide » de Numericable. Les opérateurs seraient-ils si critiques par simple peur de la concurrence ? La question est d’autant plus légitime que les arguments avancés par ces derniers sur la fibre coaxiale de Numericable ne tiennent pas vraiment la route. Les différents tests de débits effectués jusqu’ici présentent en effet Numericable parmi les bons élèves du secteur, voire comme le meilleur pour l’Arcep.

Selon le baromètre des débits DegroupTest du premier semestre 2013, la moyenne des débits descendants de la fibre de Numericable atteint les 66 123 kb/s. Une performance qui n’a rien à envier aux concurrents. De plus, 5,4 millions de foyers sont éligibles au très haut débit du câblo-opérateur qui compte raccorder 8,5 millions de foyers d’ici à 2016. Rien ne semble pouvoir arrêter le câblo-opérateur, qui, après SFR, devrait également bientôt racheter le premier opérateur mobile virtuel français, Virgin Mobile.

Les premiers effets de ce rachat semblent déjà pointer le bout de leur nez. Les concurrents sentent que le vent pourrait bien se mettre à tourner en leur défaveur et seront prêts à tout pour l’en empêcher. Un climat glacial, loin d’être inhabituel dans le secteur, qui a souvent comme premier effet baisses de prix et améliorations des services. Comme quoi certaines guerres ont finalement du bon.

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