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Presse, sois libre ou tais-toi

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Selon l’ONG Freedom House, une personne sur sept a accès à une presse libre dans le monde. Crédit photo : Voronin76 / Shutterstock.com

En visite jeudi 1er mai à Addis Abeba, la capitale éthiopienne, le secrétaire d’État américain John Kerry a exhorté l’Éthiopie à donner « plus d’occasions pour que les citoyens puissent s’engager davantage, […] en ouvrant un espace plus large à la société civile » et notamment aux journalistes. « Nous sommes inquiets pour tout journaliste emprisonné ici ou ailleurs » a-t-il ajouté.

Les autorités éthiopiennes sont en effet accusées par le blog Zone9ethio – non accessible en Éthiopie – d’avoir arrêté et inculpé six contributeurs du blog et trois journalistes pour avoir « travaillé avec des militants des droits de l’Homme étrangers […] et avoir incité à la violence via les médias sociaux pour déstabiliser le pays »

Régression

L’appel de John Kerry intervient alors que le monde célèbre ce samedi 3 mai la journée internationale de la liberté de la presse. L’occasion, pour l’ONG américaine Freedom House, de publier un rapport sur l’état de la liberté médiatique dans le monde.

Sur les 197 pays et territoires étudiés par l’ONG au cours de l’année 2013, 63 pays seraient « libres », 68 « partiellement libres », et 66 « non libres » concernant l’état de leurs médias.

« Cet équilibre marque un penchant vers la catégorie « non libre » par rapport à l’édition 2012 » note l’organisation qui observe, de manière générale, « une régression de la liberté de la presse, avec des gouvernements et des acteurs privés qui s’en prennent aux journalistes, soit en leur barrant l’accès à des événements, soit en les censurant, soit en les licenciant pour des motifs politiques ».

Espoirs déçus

Les violentes manifestations survenues en 2013 en Égypte, en Turquie ou en Ukraine contre le pouvoir ont suscité une vague de répression à l’encontre des opposants mais également des médias et des journalistes. « Les espoirs suscités par le printemps arabe ont été déçus par une régression importante en Égypte, en Libye et en Jordanie, et des reculs marqués ont également eu lieu en Turquie, en Ukraine, et dans un certain nombre de pays d’Afrique de l’Est », indique le rapport.

Autre changement important : la liberté de la presse aux États-Unis s’est détériorée cette année, en raison, principalement, « des tentatives du gouvernement d’empêcher les rapports sur les questions de sécurité nationale » suite, notamment, aux révélations d’espionnage de la NSA.

La part de la population mondiale bénéficiant d’une presse libre stagne ainsi à 14%, selon l’ONG, ce qui signifie qu’une personne sur sept seulement vit dans un pays « où la couverture d’informations politiques est forte, la sécurité des journalistes est garantie, l’intrusion de l’État dans les affaires médiatiques est minime, et la presse n’est pas soumise à des pressions juridiques ou économiques ».

Les pays les plus fermés

Contrôle de l’information, harcèlement physique ou moral des journalistes couvrant des mouvements de protestation ou d’autres sujets sensibles, restriction d’accès pour les journalistes étrangers, contraintes économiques et juridiques sur les points de vente de presse, sur les médias en ligne et sur les médias sociaux, pression politique sur la ligne éditoriale des médias… Le rapport de Freedom House a étudié un certain nombre de cas où la liberté de la presse est bafouée.

Parmi les pays où la presse est la plus muselée, la Corée du Nord fait figure de grande gagnante, classée dernière dans la liste. La Biélorussie, Cuba, la Guinée équatoriale, l’Érythrée, l’Iran, le Turkménistan et l’Ouzbékistan sont également à la traîne.

« Dans ces États, les médias indépendants sont inexistants ou à peine capables de fonctionner, la presse agit comme porte-parole du régime, l’accès des citoyens à une information impartiale est sévèrement limitée, et la dissidence est écrasée par l’emprisonnement, la torture et d’autres formes de répression », note le rapport, qui signale cependant des changement positifs et une certaine ouverture à Cuba. Les pays nordiques (Pays-Bas, Norvège et Suède) sont au contraire les pays où la presse est la plus libre.

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