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Quand les partis recyclent les candidats en recherche de mandats

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Parlement européen, retraite dorée des politiques ? (shutterstock.com)

« Je ne peux pas croire que la récompense prime sur la compétence dans la désignation de nos candidats », dénonçait en janvier dernier l’ancien président UMP de l’Assemblée nationale, Bernard Accoyer. Et force est de constater que les partis politiques ont bien souvent donné l’impression d’offrir des retraites dorées à des hommes ou des femmes politiques « sur la touche ». Cela participe-t-il de la défiance des Français à l’égard de ces élections européennes ?

Au PS : la prime à l’échec ?

Vincent Peillon – Il était ministre de l’Education nationale, il est candidat dans la circonscription du Sud-Est pour les élections européennes, face à Jean-Marie Le Pen. On ne peut pas dire que sa réforme des rythmes scolaires ait été un grand succès et pourtant le voilà prêt à relever un nouveau défi au Parlement européen. Opportunisme ?

Pierre Moscovici – L’ancien ministre de l’Économie vise un poste à la Commission : « Tu ne seras plus ministre, tu seras commissaire européen », lui aurait confié François Hollande. En novembre prochain, chacun des 28 Etats membres enverra, en effet, un commissaire à Bruxelles. D’ici là, Pierre Moscovici a été chargé d’une mission parlementaire de six mois pour étudier comment la politique européenne pourrait mieux contribuer à la croissance et à l’emploi. Après les deux premières années d’exercice du pouvoir de François Hollande, il est difficile de croire à une prime au mérite.

Harlem Désir – Il était numéro 1 du Parti socialiste mais son bilan jugé désastreux l’a poussé vers la sortie. Là encore, il semblerait que le manque de résultat soit récompensé chez les socialistes. Harlem Désir a été nommé secrétaire d’État chargé des Affaires européennes. Pourquoi un mauvais Premier secrétaire ferait-il automatiquement un mauvais secrétaire d’État ? On se le demande…

A l’UMP, on présente ceux qui ont échoué aux législatives

Nadine Morano – En juin dernier, l’ancienne ministre était la candidate de l’UMP dans la 5e circonscription de Meurthe-et-Moselle. Battue par son adversaire, le socialiste Dominique Potier, elle a demandé à son mentor, Nicolas Sarkozy, de faire en sorte qu’elle puisse obtenir un autre mandat. Ce sera donc les européennes. Nadine Morano a donc été désignée tête de liste de l’UMP dans le Grand Est, ravie de retrouver les podiums politiques et les caméras des journalistes avides de ses sorties souvent savoureuses.

Michèle Alliot-Marie – Depuis 2011, la carrière politique de MAM était à l’arrêt : après avoir perdu sa place au gouvernement début 2011 après dix ans de présence ininterrompue, elle perdait également, en juin 2012, son mandat de député, qu’elle détenait depuis 1986 dans les Pyrénées-Atlantiques. Les Français ne veulent plus d’elle à l’Assemblée nationale, qu’à cela ne tienne elle ira au Parlement européen. Tête de liste UMP aux élections européennes dans le Sud-Ouest, Michèle Alliot-Marie espère ainsi donner un nouveau départ à sa vie politique.

Renaud Muselier – Il était battu dans la 5e circonscription des Bouches-du-Rhône en juin 2012, par la ministre déléguée en charge des personnes handicapées, Marie-Arlette Carlotti, il sera lui aussi candidat pour le Parlement européen. Tête de liste pour l’UMP dans le Sud-est, le Marseillais Renaud Muselier espère réparer cet affront et assure que le PS sera « sanctionné une deuxième fois » après les municipales. A chacun son tour, comme dirait l’autre…

Au FN, toujours les mêmes têtes

Marine Le Pen – Elle est présidente du Front national, conseillère régionale du Nord-Pas-de-Calais, conseillère régionale d’Île-de-France, conseillère municipale d’Hénin-Beaumont mais aussi députée européenne depuis juillet 2004. Et cette année, elle se présente une nouvelle fois. On pourrait lui demander de laisser son siège à quelqu’un de son parti mais il semblerait qu’au Front national, le pouvoir soit détenu par un petit cercle d’hommes de confiance. Trop de candidats, trop de risque de dérapages ?

Louis Aliot – Compagnon de la présidente du parti, il fait partie de ce petit cercle de personnes admises à aller sur les plateaux télé et à se présenter aux élections. Il a été battu aux législatives dans les Pyrénées-Orientales et aux municipales à Perpignan, mais cela ne l’empêche pas de se présenter une nouvelle fois face aux Français à l’occasion de ces européennes. Il aurait tort de s’en priver, l’obstination peut payer.

Florian Philippot – Parachuté en 2012 dans la sixième circonscription de la Moselle, il est battu mais est une nouvelle fois missionné dans l’est à l’occasion des municipales dans la ville de Forbach. Après un second échec, il n’hésitera pas, à l’instar de Louis Alliot, à se présenter aux élections européennes. Vous souhaitez « redonnez la parole aux Français », c’est bien cela ?

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