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Qui sont les séparatistes musulmans du Sud de la Thaïlande?

18.05.2014 par La Rédaction

Entretien avec David Camroux, spécialiste de l’Asie du Sud-Est et maître de conférences à Sciences Po Paris.

Plusieurs attentats ont eu lieu cette semaine dans le Sud de la Thaïlande, région qui fait régulièrement l’objet d’attaques menées par des séparatistes musulmans. Alors que la population thaïlandaise est composée à 5% de musulmans, qui sont ces insurgés qui ont fait, depuis dix ans, plus de 5 000 morts dans la région ?

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Des Thaïlandais musulmans prient à Yala, province située dans le sud du pays. (Crédit photo: kunanon / Shutterstock.com)

JOL Press : Plusieurs attaques menées par des séparatistes musulmans ont eu lieu ces derniers jours dans le sud de la Thaïlande. Qui sont ces groupes rebelles musulmans dont on parle peu ?
 

David Camroux : On parle peu de ces rebelles parce qu’on les connaît assez mal. Dans les années 90, période relativement calme en Thaïlande, le gouvernement n’a pas vraiment pris la mesure de l’ampleur de cette nouvelle génération de séparatistes musulmans, formée dans les écoles coraniques du Sud de la Thaïlande, région voisine de la Malaisie.

C’est surtout à partir de 2004 que le Premier ministre thaïlandais Thaksin Shinawatra a commencé à parler de mouvements séparatistes dans le Sud, et a voulu combattre le terrorisme dans cette région. Mais il a davantage enflammé la situation qu’autre chose.

JOL Press : Quel genre d’opérations terroristes mènent-ils ?
 

David Camroux : La jeune génération de séparatistes musulmans ne fait pas partie d’un mouvement jihadiste international, c’est une insurrection vraiment très localisée. Les insurgés ne reçoivent pas vraiment d’aide extérieure : c’est une petite guérilla artisanale qui fabrique ses bombes en achetant des armes aux militaires, par exemple.

Les groupes d’insurgés se regroupent au sein de cellules assez autonomes, et il est donc difficile de connaître exactement la hiérarchie de ces groupes. Souvent, ils sont deux sur une moto lorsqu’ils mènent leurs assassinats. Je me souviens d’un de ces attentats dans le Sud de la Thaïlande où les deux rebelles ne se connaissaient même pas lorsqu’ils sont montés sur la moto pour mener l’attaque, ce qui montre encore une fois l’absence de véritable organisation hiérarchique.

JOL Press : Que revendiquent-ils et qui visent-ils ?
 

David Camroux : Leurs revendications sont assez floues. Les séparatistes musulmans de l’ancienne génération, qui était plus politisée, souhaitait l’autonomie de cette région, le malais comme langue d’enseignement, et une reconnaissance de leur identité. Pour la nouvelle génération, le désordre est en soi est un objectif, ils ne mènent donc pas vraiment des attentats pour arriver à des fins politiques, mais plutôt pour rendre le Sud ingouvernable, et cela se voit par le choix des cibles.

L’ancienne génération attaquait surtout des policiers et des militaires. La nouvelle génération attaque ceux qu’elle considère comme les représentants de l’État, les élus des villages, les instituteurs et institutrices – plusieurs centaines d’entre eux ont déjà été tués dans le Sud de la Thaïlande – et ceux qui sont considérés comme les collaborateurs de « l’occupant » thaïlandais. Il y a donc beaucoup plus de musulmans tués par d’autres musulmans que de forces militaires thaïlandaises.

JOL Press : Quelle est la position de la Malaisie sur cette question ? Coopère-t-elle avec la Thaïlande pour lutter contre ces actes terroristes ?
 

David Camroux : La Malaisie est très gênée par cette affaire-là parce qu’historiquement, il existait au XVIIème-XVIIIème siècle le sultanat de Patani, haut lieu de l’islam en Asie du Sud-Est. En 1906, un traité a été signé entre les Britanniques et les Thaïlandais et le sultanat a été divisé en deux : une partie est devenue la Malaisie, et l’autre partie est restée dans le royaume thaïlandais. Cela a eu des conséquences : dans le Nord de la Malaisie et dans le Sud de la Thaïlande, certaines familles se sont trouvées séparées des deux côtés de la frontière. Mais ils parlent le même dialecte, et reçoivent un soutien moral dans le Nord de la Malaisie.

Les Malaisiens essaient de jouer le consensus. L’ancien Premier ministre malaisien a notamment organisé quelques réunions entre les représentants séparatistes et le gouvernement thaïlandais. La Malaisie coopère donc avec le gouvernement thaïlandais mais dans les limites du principe de non-ingérence dans les affaires étrangères. En même temps, ils doivent respecter la solidarité musulmane entre les Malaisiens et les Thaïlandais du Sud. Le problème, c’est qu’on ne sait pas qui contrôle quoi : la Malaisie souhaite jouer un rôle d’intermédiaire mais elle n’a pas d’interlocuteurs crédibles, il n’y a pas de représentants légitimes.

JOL Press : Quelle est la situation générale de la minorité musulmane en Thaïlande ? Subit-elle des discriminations dans la société thaïlandaise ?
 

David Camroux : Il y a deux populations musulmanes en Thaïlande. Les musulmans malais dans le Sud de la Thaïlande (aspect religieux, ethnique et revendication d’un territoire) : ils sont pauvres et n’arrivent souvent pas à bénéficier de la croissance que connaît la Thaïlande depuis ces dernières décennies.

Une autre partie de la population musulmane, qui n’est pas malaisienne, est par exemple d’origine indienne ou pakistanaise. Ils sont très intégrés, parlent le thaïlandais, restent loyaux envers le roi, vivent surtout à Bangkok mais aussi dans d’autres villes de la Thaïlande, et ne subissent pas de discriminations.

Le mouvement des insurgés se trouve vraiment cantonné dans le sud, car les rebelles musulmans se considèrent comme un peuple occupé par les Thaïlandais. Il y a en plus eu des migrations internes : des paysans pauvres du Nord et du Nord-Est sont arrivés dans le Sud de la Thaïlande et ont donné aux musulmans du Sud originaires de Malaisie le sentiment d’être minoritaires chez eux.

Propos recueillis par Anaïs Lefébure pour JOL Press

———–

David Camroux est maître de conférences à Sciences Po, spécialiste de l’Asie du Sud-Est et de l’Australie. Conseiller scientifique et évaluateur de programmes soutenus par la Commission européenne, au Vietnam (2001-2004), en Chine (2004-2008), il est maintenant au conseil scientifique du réseau EsiA (European studies in Asia) de la Fondation Asie-Europe de Singapour. Il a également été correspondant européen et fondateur de la Pacific Review de 1994 à 2008, et rédacteur en chef adjoint du Journal of Current Southeast Asian Affairs depuis 2009.

La Rédaction


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