Entretien avec Samuel Carcanague, chercheur à l’Institut de Relations Internationales et Stratégiques (IRIS), spécialiste de l’Europe centrale et orientale.
Si les élections européennes sont loin de passionner les Tchèques – le taux de participation devrait être inférieur à 30% -, l’adoption de la monnaie unique reste un enjeu hautement symbolique pour le pays.
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José Manuel Barroso, le président de la Commission européenne, avec le président tchèque Milos Zeman (Photo: Shutterstock.com)
JOL Press : Les Tchèques s’intéressent-ils à ce scrutin ?
La campagne est peu visible et assez plate, ce qui n’encourage évidemment pas le débat. De plus, l’UE reste une notion assez vague pour de nombreux Tchèques. Il y a une vraie ignorance sur ce sujet : à peine 50% d’entre eux connaissent l’existence du Parlement européen.
Surtout, il ne faut pas oublier que de 2003 à 2013, le pays a été dirigé par Václav Klaus, un eurosceptique convaincu. Pendant 10 ans, le président n’a eu de cesse de critiquer l’Union européenne. Sa vision des choses a fini par se répandre à travers la population tchèque.
JOL Press : Quels sont les thèmes qui occupent les débats ?
La vie politique tchèque a été chamboulée par un scandale politico-conjugal qui a conduit la coalition au pouvoir à démissionner en juin dernier. Les élections législatives anticipées ont entraîné une évolution de la position tchèque vis-à-vis de l’UE : le nouveau président Milos Zeman souhaite que son pays s’implique davantage dans l’intégration européenne. C’est dans ce contexte qu’il faut resituer ses déclarations en faveur de l’adoption de la monnaie unique.
L’autre thème important est celui de l’immigration, ainsi que la question de l’insertion des Roms. Ce sont essentiellement les partis de droite qui jouent sur cette peur et ces préoccupations. Je citerais un troisième thème, porté par la droite et la gauche : la mise en place de politiques familiales pour encourager la natalité dans le contexte d’une Europe vieillissante.
JOL Press : Quelles sont les forces en présence ? A quels résultats doit-on s’attendre ?
Pour l’heure, la parti donné favori est L’Action des citoyens mécontents (ANO), fondé en 2011 par le milliardaire Andrej Babiš. L’ANO a obtenu 18,7% des voix lors des élections anticipées, devenant du même coup le deuxième parti du pays. L’ANO, qui suit une ligne politique libérale et de centre-droit, est crédité d’un peu plus de 20% des intentions de vote.
La Parti social-démocrate tchèque (ČSSD), arrivé en tête du scrutin en octobre, obtiendrait 14% des voix. Le Parti communiste de Bohême et de Moravie (KSČM) occuperait la troisième place. Généralement, le KSČM remporte entre 10% et 18% des voix lors des élections législatives.
JOL Press : Plusieurs pays européens voient l’extrême droite progresser fortement dans les sondages. Est-ce la cas en République tchèque ?
JOL Press : Comment les Tchèques perçoivent-ils l’Union européenne ?
Globalement, l’UE bénéficie d’une image plutôt positive en République tchèque. L’espace Schengen est notamment perçu comme une bonne chose. Malgré tout, comme c’est le cas un peu partout, il y a un désenchantement par rapport aux espoirs placés dans l’Europe – même s’il ne faut pas surestimer non plus l’enthousiasme des Tchèques avant d’entrer dans l’UE.