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Roumanie: les politiques jouent la carte de la fierté nationale

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Crédités de 35 à 42% des voix, les sociaux-démocrates devraient rafler environ la moitié des sièges attribués à la Roumanie (Photo: Shutterstock.com)
 

JOL Press : Les Roumains s’intéressent-ils à ces élections européennes ? Quels sont les thèmes qui occupent les débats ?
 
Cristina Stanculescu : A 10 jours de l’échéance électorale, l’attention des médias et des électeurs pour ce scrutin est plutôt faible. Ces élections semblent acquises pour le gouvernement social-démocrate, ce qui n’encourage évidemment pas le débat.  Certaines thématiques mobilisent plus que d’autres, mais elles ne font que rarement la une des journaux. C’est le cas par exemple de l’adhésion de la Roumanie à l’espace Schengen, ou de la perspective d’une future entrée dans la zone euro. Il s’agit d’une préoccupation commune des différents partis politiques.

La droite et la gauche font aussi campagne autour du sentiment de fierté d’être Roumain – fierté qui est mise à mal depuis l’adhésion du pays à l’UE en 2007. En effet, la Roumanie est régulièrement l’objet d’attaques dans la presse occidentale, que ce soit sur la question des Roms ou de la liberté de circuler et de travailler des citoyens roumains. Les candidats promettent de redorer l’image du pays et jouent sur le sentiment de fierté nationale. Mais cela ne se traduit pas par un discours eurosceptique. L’idée est plus de dire : «Nous devons trouver notre place au sein de l’Union européenne».

JOL Press : Vous parliez de la question des Roms. S’agit-il d’un enjeu crucial pour ces élections ?
 
Cristina Stanculescu : Non. Je crois que cette question a surtout été présente dans les débats en France, pour s’étendre ensuite à l’échelle européenne. Les Roumains ont d’ailleurs été très affectés par ce débat qui a écorné leur image. La question des Roms sert plus de catalyseur pour évoquer le sentiment de fierté nationale dont je parlais plus tôt. De plus, cette question n’est absolument pas neuve. Il y a eu une prise de conscience des Européens sur ce thème dans le contexte d’adhésion de la Roumanie à l’UE, mais des politiques sont mises en oeuvre depuis longtemps pour favoriser l’insertion des Roms dans le pays. Même lors d’élections nationales, ce thème n’est pas un enjeu crucial.
JOL Press : A quel niveau de mobilisation s’attend-on ?
 
Cristina Stanculescu : En 2007, lors des premières élections européennes auxquelles les Roumains ont participé, le taux de participation était inférieur à 30%. Un chiffre confirmé en 2009. Ce niveau de mobilisation devrait grosso modo être le même cette année, même si, selon un récent sondage, 40% des personnes interrogées déclarent avoir l’intention d’aller voter le 25 mai. A côté de ça, une autre enquête d’opinion, réalisée il y a quatre mois, indiquait que 90% des sondés ignoraient que les élections européennes se tenaient cette année…
JOL Press : Quelles sont les forces en présence ? A quels résultats doit-on s’attendre ?
 
Cristina Stanculescu : Les sociaux-démocrates devraient remporter ces élections haut la main. Crédités de 35 à 42% des intentions de vote, ils devraient rafler environ la moitié des sièges attribués à la Roumanie. Ce scrutin sera surtout un enjeu de taille pour la droite, actuellement très morcellée. Le Parti démocrate-libéral est considérablement affaibli par son passage au gouvernement (jusqu’en 2012). Ces élections constituent aussi un test pour le Parti national libéral qui a quitté le gouvernement d’alliance avec les sociaux-démocrates au début de l’année. Enfin, des partis relativement neufs devraient se partager le reste des voix.
JOL Press : Comment les Roumains perçoivent-ils l’Union européenne ?
 
Cristina Stanculescu : L’image de l’Europe auprès des Roumains était très positive avant l’adhésion du pays à l’UE. A tel point qu’il était impossible qu’elle ne se détériore pas. La Roumanie a été durement touchée par la crise de 2009. En outre, comme je l’ai déjà souligné, le pays a essuyé de vives critiques de la part des autres Etats membres. Tout cela a contribué à normaliser l’image d’une Union européenne jusque-là idéalisée. Du reste, les Roumains font partie des citoyens européens qui font le plus confiance à l’Union européenne (selon les données de l’eurobaromètre).
 
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