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Sires, la colère gronde dans les provinces… et à Paris

Le jour d’après le jour d’après… Certains de nos confrères, ceux des chaines d’info en continue notamment, se délectent du spectacle affligeant que nous offre, dans son ensemble, la classe politique française. Un spectacle « affligeant », le terme paraît désormais impropre tant il est galvaudé… C’est bien dans un scénario mortifère que semble être engagé notre pays – ou, en tout cas, notre Vème République.

De lundi soir à mardi matin, deux plats de résistance sont venus s’ajouter à la copieuse entrée, de celles qui tiennent au corps et au cœur, que constitue la victoire du FN aux élections européennes… Avec ces deux « casseroles » de plus, la France risque l’indigestion puis, pire, la crise de foi.  

A contre-temps, à contre-ton…

L’intervention de François Hollande a surpassé, de loin, les plus médiocres de ses prestations. Tout sonnait faux et que ne lui a-t-il été conseillé – allô, Gaspard… – de se taire et d’attendre ?  

Sur le fond que pouvait donc nous dire le président de la République, ce président de la République, en réaction à la percée sans précédent du Front National ?

Depuis qu’il est sorti de la posture taiseux et ne cesse de s’adresser à nous, tout ce qu’il a à nous dire, il a dû nous le dire… Il prétend avoir un cap et s’y tenir, on le sait. Il reste convaincu que la croissance et la réduction du chômage sont au coin de la rue, on le sait. il a changé de Premier ministre et patientera donc qu’il soit bien « grillé » avant de le congédier, on le sait…

Et il ne lui restait donc qu’à nous le répéter – au cas où, bien sûr, nous n’aurions pas tout saisi… – et à enfiler les formules convenues – et tristement usées – en réponse à la menace extrémiste, populiste, fasciste. C’est ce qu’il a fait avec, en prime, un cadrage médiocre et un fond « bibliothèque » très mitterrandien…

Puisqu’il était attendu à Bruxelles par ses collègues du Conseil européen le lendemain – ce mardi 27 mai – François Hollande n’aurait-il pas mieux fait de garder le silence ? Il lui aurait suffi d’expliquer qu’il parlerait plus tard, une fois passé le plus fort de l’émotion post-électorale et – surtout – une fois obtenu de Bruxelles (ou plus Berlin) quelques signes de la possibilité d’une « autre politique » à l’échelle de l’Union.

Avec une intervention de 5 minutes, enregistrée en début de soirée, une accumulation de platitude – ou plutôt de répétitions -, François Hollande a sans doute imaginé tenir son rôle de président de la République, s’en sortir par la hauteur… Lui et ses conseillers se sont trompés de présidence et se sont trompés de République. Dans la Vème République bis, celle du quinquennat, c’est bien l’Élysée qui pilote et l’Élysée qui est sanctionné à chaque scrutin, fût-il intermédiaire et européen.

François Hollande et ses conseillers se sont, sans doute aussi, trompés de peuple. Ils auraient tort de sous-estimer, avec mépris, le message adressé par ces plus de 4 millions d’électeurs qui, par adhésion ou par dépit, viennent de voter pour le FN.

De l’aveuglement au sentiment d’impunité…

De même, les responsables de l’UMP auraient-ils tort de sous-estimer l’impact du scandale Bygmalion – et, déjà, d’imaginer qu’il suffit d’avoir acté le départ de Jean-François Copé pour que le soufflet ne retombe et que l’honneur et l’espoir soient saufs.

S’il est trop tôt pour détailler les tenants et les aboutissants du système mis en place, s’il est trop tôt pour pointer du doigt l’ensemble des instigateurs et compter tous ceux qui, ici et là, en auront profité, il est déjà certain que le « Bygmalion-gate » est un scandale de haute volée, fût-il d’État ou non. Et quant à son impact sur les rapports des Français avec leurs politiques et tous ceux qui les dirigent, il est déjà certain qu’il sera sans doute sans précédent.

Il n’y a sans doute de pire sentiment que celui de l’impunité, cette impunité que peut ressentir le souverain en son palais, comme l’ambitieux tout à sa course vers les sommets. Ces derniers épisodes, fussent-ils sans commune mesure, illustrent le décalage, semble-t-il sans limite, de certains de nos responsables politiques, et au-delà l’essoufflement de notre République monarchique, aristocratique.  

Paris a des airs de Versailles… Sires, la colère gronde dans les provinces !

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