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Somaliland: un État non reconnu dans l’État le plus instable

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Somaliland, Puntland… Autant de provinces qui composent le territoire somalien. Un pays en totale déliquescence depuis des décennies, et spécialement depuis la fin du régime de Siyad Barre en 1991. Un pays morcelé, déchiré par le terrorisme, divisé, profondément insécurisé. Un pays dans lequel le Somaliland fait presque figure d’ « État dans l’État ».

En 1991, le régime du général Mohammed Siyad Barre prend fin, après 22 ans des plus mouvementés, marqués par de nombreux changements d’alliances durant la Guerre froide, et une succession de crises politiques, financières et militaires. La province du Nord, appelée le Somaliland, se détache et claironne haut et fort son indépendance vis-à-vis d’un pays qui ne cesse de s’enfoncer.

Il prend pour capitale la ville d’Hargeisa, une ville située à une cinquantaine de kilomètres de la côte, et autant de la frontière avec Djibouti. Rasée à 90 % durant les combats opposant, en 1988, l’armée somalienne et les miliciens soutenus par l’Éthiopie, elle devient le symbole d’un Somaliland qui cherche à s’extirper du bourbier politique et diplomatique de l’État somalien.

Un État de non-droit

Après l’échec de la mission ONUSOM et des Américains, les dernières forces étrangères quittent le territoire somalien en 1995. S’ensuivent des années de misère, de violences, durant lesquelles la Somalie est livrée à elle-même, et se morcelle un peu plus : la province voisine du Puntland proclame elle aussi son autonomie en 1998.

Depuis maintenant une décennie, les gouvernements transitoires se succèdent, à grand renfort de promesses jamais tenues. La radicalisation islamiste du pays, l’ascension des miliciens du Shebaab, l’absence totale d’autorité décisionnelle, minent les tentatives de (re)construction sur les lambeaux d’un pays, qui n’en est pas un.

Philippe Hugon, directeur de recherche à l’Iris, nous expliquait en avril dernier que la situation n’avait « aucune raison de s’améliorer » et regrettait l’occasion manquée de 2006. Les Tribunaux islamiques tendaient à pacifier le pays. Mais le gouvernement transitoire de l’époque s’y était opposé, redoutant les islamistes et ne s’appuyant pas sur les modérés à l’ouvrage.

Qui du Somaliland ? Adossé à un territoire qui est à la fois son membre cancéreux et son géniteur, offrirait-il tout de même des garanties de sécurité et d’avenir ? D’après Marc Lavergne, directeur de recherche au CNRS, « la situation n’est pas inéluctable : bien que non reconnu, le Somaliland est assez stable ».

 

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