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Yémen: «La révolution a consacré Internet comme outil politique»

26.05.2014 par La Rédaction

Entretien avec Patrice Chevalier, doctorant en sciences politiques et chercheur spécialiste des journalistes au Yémen.

Trois ans après les violents affrontements au Yémen, qui avaient conduit à la chute du président Ali Abdallah Saleh, où en est la liberté de la presse, au cœur des revendications de la révolution de 2011 ?

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« Au Yémen, la révolution a consacré Internet comme un outil politique très utilisé par les jeunes, qui continuent à se mobiliser sur les forums et les réseaux sociaux ». (Crédit photo: Tang Yan Song / Shuterstock.com)

JOL Press : Quel était l’état de la liberté de la presse avant la chute d’Ali Abdallah Saleh en 2012 ?
 

Patrice Chevalier : Avant la chute de l’ancien régime, il y avait une assez large liberté de la presse écrite – les médias audiovisuels étaient par contre dans les mains du régime. Il y avait une certaine liberté d’expression, tous les courants politiques étaient représentés et avaient leur organe de presse quotidien, hebdomadaire ou bimensuel.

La censure existait, mais il s’agissait plus d’autocensure que d’une censure directe venant de l’État. C’est-à-dire que les journalistes connaissaient les lignes rouges à ne pas franchir, sous peine de rencontrer un certain nombre de problèmes (menaces, plaintes contre le journal ou le journaliste, etc.).

Tout ce qui concernait la corruption ou touchait à la famille de l’ancien président étaient les lignes rouges à ne pas franchir. C’est d’ailleurs ce qui a valu à un journaliste assez connu, Abd al-Karim al-Khaiwani, qui avait fait des enquêtes sur la corruption, le népotisme et la famille de l’ancien président, d’être menacé, frappé par des inconnus, amené devant la justice et condamné à plusieurs années de prison en 2008 avant d’être finalement gracié.

JOL Press : Quel usage les Yéménites font-ils d’Internet et des nouveaux médias depuis la révolution ?
 

Patrice Chevalier : Pendant la révolution, les lignes rouges ont sauté, il y a eu une création incroyable de nouveaux journaux en 2011. À Sanaa, la capitale, une trentaine de nouveaux journaux ont vu le jour, liés directement aux jeunes de la révolution. On parlait alors de la corruption, du népotisme, de la famille présidentielle et d’autres affaires qui remontaient aux années 70, quand Ali Abdallah Saleh avait pris le pouvoir.

Concernant Internet, bien avant la révolution, le réseau avait connu un essor assez impressionnant, avec la création de forums de discussion, nationaux, locaux, familiaux ou tribaux, un peu sur le modèle saoudien. Il y avait cependant un certain nombre de sites censurés : tous les sites sudistes qui demandaient la sécession par exemple, ou les sites pornographiques (ou censés être pornographiques).

Avec la révolution, l’usage d’Internet a pris une ampleur bien plus importante, Facebook et Twitter ont beaucoup contribué à la communication entre les révolutionnaires et cela continue aujourd’hui. La révolution a consacré Internet comme un outil politique très utilisé par les jeunes qui continuent à se mobiliser sur les forums et les réseaux sociaux, et à avoir un esprit critique vis-à-vis du nouveau régime. L’esprit critique s’est vraiment développé publiquement à ce moment-là. Les jeunes ont appris, pendant la révolution, ce que voulait dire la « liberté d’expression ».

Depuis la révolution, dire qu’il n’y a plus de censure sur Internet serait néanmoins trop optimiste, même si elle est plus réduite.

JOL Press : Le Yémen se situe très bas dans le classement de Reporters sans frontières pour la liberté de la presse. Plusieurs journalistes ont déjà fait l’objet d’agressions et d’intimidations. Les choses ont-elles changé sur ce point-là ?
 

Patrice Chevalier : Certains journalistes continuent à faire l’objet de menaces, c’est évident. Le problème, c’est d’identifier d’où viennent ces menaces. Je ne suis pas sûr qu’elles viennent du nouveau régime, qui est en quand même très libéral. Il a laissé l’autorisation de parution des journaux qui appartenaient à l’ancien régime et les sites internet pilotés par des supporters de l’ancien régime ne sont pas censurés. Le Yémen a gagné en liberté d’expression.

Quand on regarde l’appartenance politique des journalistes menacés, il semblerait que les menaces viennent plutôt de partisans de l’ancien régime. Mais il est difficile d’avoir des preuves. Par ailleurs, le nouveau régime ne contrôle pas encore tous les appareils militaires – garde républicaine, police politique, sécurité centrale etc. – et parmi ces organisations de sécurité policière et militaire, certains membres ont encore des affinités avec l’ancien régime.

JOL Press : Dans quelle mesure les différents organes de presse yéménites sont-ils contrôlés par des groupes politiques ?
 

Patrice Chevalier : Avant la révolution, tous les journaux étaient en effet tenus par des groupes politiques, mais avec la révolution, de nombreux journaux ont été créés pas des jeunes révolutionnaires sans appartenance politique très claire même si, depuis, ils ont pu se rattacher à tel ou tel parti. Depuis 2011-2012, il y a beaucoup plus de journaux indépendants.

Il y a aussi un cas intéressant : avant la révolution était né un site d’information, Mareb Press, qui était très populaire. C’était un des sites yéménites les plus consultés et qui traitait de l’information nationale et locale. Depuis un an, ce site internet qui existe encore, a sa version papier, et à grand tirage. Il est intéressant de voir que des sites internet se sont matérialisés en journaux papier. L’accès à Internet au Yémen reste difficile, donc il était assez logique de passer à la version papier pour avoir une plus grande répercussion au niveau national.

Propos recueillis par Anaïs Lefébure pour JOL Press

————–

Patrice Chevalier est doctorant en sciences politiques, chercheur au sein du Gremmo (Groupe de recherches et d’études sur la Méditerranée et le Moyen-Orient), auteur d’une thèse intitulée « Une histoire politique des journalistes yéménites de presse écrite. De l’imprimerie à l’internet », sous la direction de Yves Gonzalez-Quijano.

La Rédaction


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