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Affaire Snowden: un an après les révélations sur la NSA, rien n’a changé

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Des manifestants remercient Edward Snowden à Washington en octobre 2013. Crédit : Shutterstock

JOL Press : Qu’est-ce qui a changé en un an ? 
 

Antoine Lefébure : Ce qui a changé c’est que les opinions publiques se sont rendues compte que les Etats, et plus particulièrement les Etats-Unis, faisaient une surveillance généralisée de tous les moyens de communication. Les ingénieurs se sont indignés mais au niveau de la politique il n’y a pas eu de changements et encore moins du côté de la NSA. Les mesures qui peuvent être prises contre cette agence sont assez limitées.

Ce n’est pas le genre de sujet pour lequel les gens descendent dans la rue. D’abord c’est une question assez technique et difficile à comprendre, ensuite les médias n’ont pas fait grand-chose à part diffuser les révélations. Ils sont restés assez prudents en général. A part Glenn Greenwald, mais c’est le seul.

Les gens n’ont pas compris la gravité que ça avait pour eux, leur vie, la liberté, la démocratie. Parce que ça ne leur a pas été expliqué et on ne peut pas comprendre ce genre de choses spontanément.

JOL Press : Quel est l’avenir pour Edward Snowden ? La pétition pour lui offrir l’asile politique en France a-t-elle une chance d’aboutir ?

Antoine Lefébure : Son avenir est très sombre parce que les Américains veulent en faire un exemple. S’il arrivait à mener sa vie tranquillement dans un pays étranger ce serait un grave échec pour les Etats-Unis et la NSA. Leur but est de l’assassiner ou de ruiner sa vie en le bloquant en Russie par exemple. Il n’y a aucune chance que la France l’accueille, elle est trop liée à la NSA et le gouvernement a déjà quelques différends avec les Américains, donc il n’est pas en position de faire ce genre de choses. Le Brésil non plus parce qu’il est très dépendant des Etats-Unis économiquement.

Je pense qu’il va rester coincé en Russie, pour eux c’est une carte à jouer contre les Américains.

JOL Press : Se dirige-t-on vers un monde scindé en deux, entre les pros et les antis NSA ?

Antoine Lefébure : Le problème c’est que tout le monde travaille avec la NSA, à part la Chine et la Russie. Même l’Inde qui est un pays assez indépendant, qui achète des avions russes, travaille avec la NSA. Les Américains partagent des secrets et des technologies avec d’autres pays qui en bénéficient. C’est d’ailleurs ce qui explique que rien ne change. Si les Etats-Unis étaient contre le monde entier tout les pays se seraient révoltés et auraient pris des mesures terribles. On n’a rien vu de tout ça, juste quelques rouspétances.
 

Propos recueillis par Benjamin Morette.

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