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Afghanistan: élection présidentielle dans un contexte d’insécurité

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L’Afghanistan doit se trouver un nouveau président. Deux mois après le premier tour de l’élection présidentielle, les Afghans sont appelés aux urnes samedi 14 juin pour élire le successeur du président Hamid Karzaï. 

Celui-ci avait été placé à la tête de l’État afghan par les États-Unis après le renversement de Saddam Hussein en 2001, puis réélu deux fois de suite, en 2004 et 2009, à l’issue de scrutins entachés de fraudes. La Constitution lui interdisant de briguer trois mandats successifs, le président doit laisser son siège.

Deux candidats

En lice, deux candidats : Abdullah Abdullah, favori du scrutin, arrivé en tête du premier tour avec 45% des voix, qui a obtenu le soutien du « troisième homme » Zalmaï Rassoul. Ancien médecin et bras droit du commandant Massoud, l’ex-ministre des Affaires étrangères du gouvernement Karzaï s’était déjà présenté contre le président sortant en 2009. Abdullah Abdullah avait renoncé au duel après avoir constaté l’importance des fraudes électorales. À 53 ans, il tente à nouveau sa chance, et pourrait cette fois-ci l’emporter.

Face à lui, Ashraf Ghani, économiste de 65 ans, ancien ministre des Finances du gouvernement Karzaï entre 2002 et 2004, et déjà candidat à la présidentielle en 2009. Intellectuel formé à l’université américaine de Beyrouth puis à l’université de Colombia aux Etats-Unis, il a fait sa carrière à la Banque mondiale sur la question du développement de l’Asie du Sud et de l’Asie orientale. Il s’est également occupé de superviser la transition des missions des troupes de l’OTAN vers l’armée et la police afghanes.

De nombreux défis

L’élection, qui marquera la première passation de pouvoir d’un président élu à un autre, propulsera le successeur de Karzaï à la tête d’un pays gangrené par la corruption et le chômage, et toujours marqué par l’insécurité.

L’année 2014 signera également le retrait des forces de l’OTAN du pays. Les deux candidats se sont cependant dits prêts à signer l’accord bilatéral de sécurité (BSA) avec les États-Unis, qui permettrait à un contingent américain de rester en Afghanistan après le retrait des troupes de l’OTAN en décembre. « Washington sait pertinemment qu’il ne peut quitter l’Afghanistan, car cela équivaudrait au retour des talibans et d’Al-Qaïda », explique à JOL Press Karim Pakzad, chercheur spécialiste de l’Afghanistan à l’Institut de Relations Internationales et Stratégiques (Iris).

Treize ans après la tentative des Américains de chasser les talibans du pays, ceux-ci sont toujours présents et le successeur de Karzaï devra sans doute composer avec eux. « Dans sa lutte contre les talibans, le président afghan a changé de stratégie il y a deux ans », explique M. Pakzad. « Il essaie désormais de négocier avec eux. Il leur donne des gages – en restreignant certains droits acquis par la population, en s’entourant de proches de talibans ».

Le prochain président afghan devra également revoir son jeu avec le Pakistan voisin, base arrière des talibans. Si Ashraf Ghani entretient des relations plutôt bonnes avec Islamabad, Abdullah Abdullah devra faire bouger les lignes de sa politique étrangère et convaincre le Pakistan qu’il n’est pas le seul allié de l’Iran et de l’Inde.

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