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Angela Merkel, leader incontestée de l’UE, à la tête de la Commission?

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JOL Press: Dans une longue interview accordée au journal « Le Point », l’ancien président Valéry Giscard d’Estaing confie qu’il verrait bien Angela Merkel à la présidence de la Commission européenne d’ici 2017 : un scenario crédible selon vous ?  
 

Gilbert Casasus : Angela Merkel a été élue chancelière jusqu’en septembre 2017: il reste donc encore trois ans. Elle pourrait très bien endosser le rôle de présidente de la Commission européenne après son mandat, mais le ou la future présidente élue sera en poste jusqu’en 2019, il faut attendre cinq ans pour changer : des questions techniques liées aux dates de mandat perdurent. Angela Merkel est une personne réputée, qui exerce un poids considérable: c’est l’argument qui plaide pour la position de Valéry Giscard d’Estaing. Elle est aujourd’hui la leader incontestée en Europe parmi les dirigeants des 28 pays membres.

JOL Press : Comment serait perçue l’éventuelle présidence d’Angela Merkel à la commission européenne par les pays touchés de plein fouet par la crise ?
 

Gilbert Casasus : Angela Merkel a beaucoup d’atouts pour endosser le rôle de présidente de la commission européenne. Néanmoins, il y a un bémol important : placer Angela Merkel à la tête de la Commission européenne revient à adresser un signe qui n’est pas partagé par un certain nombre de pays. On ne peut pas dire que les Allemands jouissent d’une réputation très positive par les pays durement touchés par la crise de l’euro. Sa nomination pourrait être interprétée comme une petite provocation. Il y a un risque de désenchantement et d’opposition contre la présidence d’Angela Merkel qu’il faut prendre en compte : c’est pour cela que je reste relativement réticent vis-à-vis de cette idée.  

JOL Press: Selon le dernier classement du magazine Forbes, Angela Merkel reste la femme la plus puissante du monde. Quel est son avenir en Allemagne ?
 

Gilbert Casasus : En Allemagne, Angela Merkel ne peut pas monter plus haut…ou devenir présidente de la république, un acte à double tranchant car il s’agirait d’un mandat symbolique mais où elle aurait moins de pouvoir qu’aujourd’hui.

JOL Press: En attendant Angela Merkel à la tête de la Commission européenne, Valéry Giscard d’Estaing estime qu’il faut nommer « une personne de compromis » : comment décodez-vous cette formule ?
 

Gilbert Casasus : Quelqu’un qui soit à la droite de la sociale-démocratie, à la gauche de la démocratie chrétienne, au centre des chrétiens sociaux : une sorte de point névralgique entre le centre, la gauche et la droite et qui représente une politique consensuelle où l’on peut trouver des compromis entre les deux grandes forces politiques traditionnelles de l’Union européenne.

Mais au-delà d’une personne de compromis, je pense qu’il faut une personne qui incarne les valeurs de l’Europe : nous avons largement plus besoin aujourd’hui d’un Jacques Delors, que d’autres présidents de la Commission qui ont été des « personnes de compromis » et dont le bilan est beaucoup moins positif.

JOL Press: Quel bilan tirez-vous des dix années de José Manuel Durao Barroso à la tête de la Commission européenne ?
 

Gilbert Casasus : L’histoire retiendra peu de choses de la présidence de José Manuel Durao Barroso, si ce n’est son incapacité à pouvoir diriger l’Union européenne. C’est un bilan assez médiocre, et encore, je le dis de manière assez diplomatique… On oublie que José Manuel Barroso – alors qu’il était à l’époque Premier ministre du Portugal – a été sorti du chapeau par la présidente de l’Union chrétienne-démocrate d’Allemagne (CDU) en 2004, qui n’était autre qu’Angela Merkel.

La chancelière allemande a fait beaucoup de choses positives pour l’Europe mais le choix de José Manuel Durao Barroso n’a pas été une bonne solution. Dans toutes les grandes décisions européennes, il n’a pas été le président de la Commission. Ce n’est pas faire du « cocorico français » que de dire que l’Europe a besoin d’un nouveau Jacques Delors, quelqu’un qui a une vision de l’Europe. En ce sens, la déclaration de Valéry Giscard d’Estaing manque un peu de panache.

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