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Brésil: Kaka, footballeur inspiré et «Athlète du Christ»

A l’occasion de la Coupe du monde 2014 au Brésil, JOL Press vous propose une série « Histoires de football », un tour du monde en portraits et récits courts mettant en exergue le rôle social et sociétale du sport le plus populaire au monde… Dans le cadre d’un partenariat avec Metronews, vous pouvez retrouver ces  Histoires de football » dans la version papier du quotidien gratuit Métro.

[image:1,l] Kaka lors du match d’ouverture de la Coupe du monde – Brésil-Croatie, à la Corinthians Arena de Sao Paulo le 12 juin 2014 (crédit: AGIF / Shutterstock )

30 juin 2002 à Yokohama au Japon. En finale de la 17ème Coupe du monde de football, le Brésil remporte son cinquième titre de l’histoire, 2 buts à 0 face à l’Allemagne. Sous son maillot, le joueur brésilien Kaká arbore un tee-shirt sur lequel est inscrit « I belong to Jesus » (« J’appartiens à Jésus »). À la fin du match, il s’agenouille et prie devant des millions de téléspectateurs, avec deux de ses coéquipiers, Edmilson et Lucio.

Dieu m’a aidé à guérir

Cette foi, cette grande foi, Kaká – de son vrai nom Ricardo Izecson dos Santos Leite – la tire d’un épisode dramatique qui aurait pu compromettre tous les espoirs placés en lui. Il a 18 ans et est sur le point de signer son premier contrat professionnel avec son club formateur, le Sao Paulo FC. En vacances chez ses parents, il est victime d’un accident stupide, glisse sur un toboggan et se brise la sixième vertèbre au fond de la piscine. Les médecins parlent de miracle… et nait chez lui une foi extraordinaire en Dieu : « Cet épisode m’a certainement renforcé sur le plan spirituel, Dieu m’a aidé à guérir alors que je risquais d’être paralysé pour toujours sur une chaise roulante, mais ma foi remonte à mon enfance, j’ai grandi dans une famille évangélique et je me suis fait baptiser à l’âge de 12 ans ».

Le doigt vers le ciel

Depuis, s’il n’arbore pas toujours un maillot au slogan prosélyte, le milieu offensif célèbre souvent ses buts en levant le doigt vers le ciel et en priant. Le « ciel » lui a bien rendu… Kaká, ce sont désormais 87 sélections avec le Brésil, plus de dix années au plus haut niveau, un aller-retour entre le Milan AC et le Réal Madrid, et même un ballon d’or en 2007. Un prestigieux palmarès.

La foi de Kaká  est une histoire de famille. Sa femme, Caroline, est une très pieuse ancienne top model. Fidèle pratiquante, elle chante le gospel. C’est aussi une histoire d’amitié. Avec Edmilson, Lucio et des dizaines de stars du ballon rond, il fait partie de l’association évangélique brésilienne, « Atletos de Cristo ».

Un puissant lobby

Créée en 1984, les « Athlètes du Christ » est une véritable institution, un puissant lobby au Brésil alors que le plus grand pays catholique connaît depuis quelques années une multiplication des mouvements évangéliques. Sa mission est de « promouvoir par tous les moyens la proclamation de l’Évangile à travers le sport et les athlètes ». L’association vit uniquement des dons des joueurs – dont certains reversent jusqu’à 10% de leurs salaires – et se donne pour mission de « porter l’Évangile au monde à travers les athlètes ». Selon elle « tout le monde peut être atteint par le Christ à travers le langage universel du sport ».

Le football est un sport où le collectif mène les hommes à une forme de communion et de partage qui peuvent soulever les passions et susciter l’adhésion et l’identification des supporteurs. Ultra-médiatisé, le match de football est ainsi l’occasion, pour les joueurs, d’exprimer leur foi au grand public. Et, en la matière, les chrétiens ne jouissent d’aucun monopole… Ainsi, Franck Ribéry ou Sami Nasri, musulmans pratiquants, ont fait savoir qu’ils priaient dans les vestiaires avant chaque rencontre.

La FIFA et les fois

Avec la mondialisation, désormais presque aboutie du football, la FIFA a fini par être saisie de la question. Si elle autorise désormais les joueuses musulmanes à jouer en hijab, la fédération internationale a interdit, dès 2009, les manifestations de foi individuelles. Alors que cette décision visait sans doute, en premier lieu, les Brésiliens coutumiers du fait, c’est un musulman, le Ghanéen Wasako Mubarak qui, lors d’un match contre le Mali en janvier 2013, s’est fait sanctionner pour avoir arboré un tee-shirt avec inscrit dessus en anglais « Dieu est grand ! ».

Côté brésilien. Si Mario Menezes, devenu sélectionneur en juillet 2010, après le mondial sud-africain et la défaite en quart-de-finale des « Auriverde » en Afrique du sud, avait entrepris de « faire le ménage », ses successeurs Luiz Felipe Scolari et Carlos Alberto Parreira, à l’origine des deux derniers sacres et qui ont pris le relais fin 2012, sont plus ouverts sur le sujet… Si quatre « Athlètes du Christ » figurent sur leur liste des 23 – le milieu Hernanes, le gardien remplaçant Jefferson, l’ancien attaquant de l’OL Fred et le nouveau défenseur parisien David Luiz -, ils ne sont pas les seuls à avoir la foi. La star de la Seleção, Neymar, fidèle d’une église pentecôtiste, est resté marqué par les mots d’un pasteur qui, à l’âge de 14 ans, lui avait prédit qu’il deviendrait l’un des plus grands joueurs du monde. Et le second Parisien, Thiago Silva, pointe rituellement ses index vers le ciel en entrant sur les terrains, façon Kaká.

A 32 ans, Kaká ne défendra pas les couleurs du Brésil lors du Mondial brésilien. Pour autant, il n’a pas perdu la foi… et envisagerait toujours, après sa carrière, de devenir pasteur.

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